UMT-CFDT: Même combat pour l’avenir social en Méditerranée

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Le tandem El Mokharek-Berger, qui se réclame du syndicalisme indépendant,
veut faire évoluer les relations sociales en zone méditerranéenne (Ph. Khalifa)
Comment construire des relations sociales équilibrées dans la zone méditerranéenne ? 

C’est la grande question à laquelle s’est attelé le colloque co-organisé à Casablanca par l’Union marocaine du travail et son partenaire, la Confédération française démocratique du travail. Deux centrales unies par des liens historiques car, partageant les mêmes principes du syndicalisme indépendant.

Aujourd’hui, elles affichent l’ambition de faire émerger un modèle de partenariat entre les deux rives de la Méditerranée. «Avec, comme approche, la concertation et l’échange des expériences», souligne le secrétaire général de l’UMT, El Miloudi El Mokharek. Surtout «qu’au Maroc comme en France, la réglementation sociale est d’une actualité particulière», réplique son homologue Laurent Berger. Malgré son agenda, fort fourni, le secrétaire général de la CFDT n’a pas voulu rater le rendez-vous.

Il devait rentrer à Paris juste après la séance d’ouverture. Le colloque a été marqué par la présence de représentants d’organismes d’intérêt commun: CGEM, Conseil économique, social et environnemental, parlementaires de l’UMT et un invité de marque, l’ancien ministre du Travail, Jamal Aghmani, reconverti en consultant international du droit social.

Le dialogue social a été, bien évidemment, au centre des débats. «Car il est plus que jamais un enjeu fondamental dans un marché du travail de plus en plus précarisé et éclaté», souligne El Mokharek. Dans la région méditerranéenne, alors que les espoirs du printemps 2011 se trouvent contrariés dans un grand nombre de pays, les aspirations des pays du sud de la Méditerranée et plus largement du monde arabe à disposer de relations sociales équilibrées se frayent néanmoins un chemin. Toutefois, les acteurs concernés, et plus particulièrement les syndicats, se battent pour que les rapports sociaux deviennent conformes aux standards internationaux.

En Europe, dans des contextes de développement et avec des histoires sociales différentes, les rapports sociaux sont eux aussi bousculés. L’exercice de faire le parallèle entre les projets de dérèglementation du droit social en Europe et ceux en projet ou conduits au Maroc est ressorti dans diverses interventions.

Au-delà, la question du dialogue social a été approfondie à travers les exemples français et allemand. Deux modèles européens différents. Ces deux pays, membres de l’Union européenne, sont aussi liés par une législation communautaire qui impose des règles de dialogue social à une échelle supranationale.

Dans la région arabe, le dialogue social est souvent soumis à un fort régime de contraintes. «A tel point qu’il ne fait pas consensus même parmi les syndicats», relève le secrétaire général de l’UMT.
Rapproché aussi à la responsabilité des multinationales, les participants ont tenté de définir les pistes de régulation. Un accord-cadre international est en phase d’être adopté. Le devoir de vigilance des multinationales est également consacré par une nouvelle loi française.
Celle-ci donne pour la première fois un cadre législatif au devoir de vigilance des multinationales. Au Maroc, la responsabilité sociale des multinationales tient à la mise en place de synergies entre les acteurs du siège et les filiales et sous-traitants.
La refonte du droit social a fait l’objet d’une table ronde dédiée. Au Maroc, plusieurs projets de loi répondent à des politiques économiques et sociales qui pour le moins ne sont pas partagées par les acteurs sociaux.

Selon El Mokharek, certains textes sont mis dans les circuits d’adoption sans avoir été soumis à la consultation des syndicats. En France, une révision du code du travail par ordonnances modifie les relations sociales et ces changements ne sont pas partagés non plus.
Dans d’autres pays européens, les lois sociales sont aussi bousculées. Un aperçu de ces transformations dans plusieurs pays sera aussi significatif. Harmoniser des modèles en Europe est-il possible aujourd’hui?

Droit de grève, une jurisprudence fragile

Le recours à la grève est souvent une décision très difficile, reconnaît le secrétaire général de l’UMT. Environ, 67% des débrayages s’expliquent par des violations de la réglementation selon le bilan que dresse annuellement le ministère du Travail. Ce droit qui est en quelque sorte l’arme lourde des syndicats est brandi quand le dialogue est rompu ou ne fonctionne plus.
Pour les syndicalistes, la grève est un droit acquis par les travailleurs depuis plus d’un siècle. Il est inscrit en France comme en Tunisie dans la Constitution de la République ainsi que dans la Constitution du Royaume du Maroc depuis 1962. Mais ce n’est pas le cas dans beaucoup d’autres pays. Et il est remis en question régulièrement. C’est d’ailleurs l’objet d’un projet de loi au Maroc. Régi au plan international par la convention n°87 de l’Organisation internationale du travail, il ne fait pas consensus. Cela reste encore une jurisprudence fragile.

Par Abdelaziz GHOUIBI - Source de l'article l’Économiste

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