Les femmes font avancer le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en créant des entreprises innovantes



Les espoirs que nous plaçons depuis longtemps dans les immenses ressources dont font preuve les jeunes femmes du monde arabe en termes de volonté, d’ingéniosité et de résilience ont une nouvelle fois été justifiés. 

Au Caire, Yara Yassin et Rania Rafie sont de véritables actrices du changement. Ces deux jeunes femmes travaillent avec des artisans locaux pour transformer les sacs plastiques en articles de mode d’excellente qualité qui se vendent dans le monde entier. À Beyrouth, Angela Solomon dirige un service de garderie qui emploie des personnes issues de milieux défavorisés et accueille gratuitement les enfants réfugiés. Originaire de Tanger, Selma Ben’akcha a fondé à Casablanca une entreprise qui lutte contre la déforestation en recyclant les résidus de la production d’huile de palme. Aline Sara, quant à elle, offre une opportunité d’emploi enrichissante aux Syriens déplacés en les mettant en contact via Skype avec des personnes qui apprennent l’arabe et souhaitent pratiquer la langue. Voici quelques exemples des 35 innovations mises à l’honneur lors de la finale du concours régional WeMENA (Women Entrepreneurs for a Resilient Future), qui promeut l’entrepreneuriat des femmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

À l’issue d’une compétition acharnée qui a opposé près de 2 000 candidates, la grande finale du concours WeMENA s’est tenue à Casablanca, au Maroc, les 29 et 30 avril derniers. L’événement a réuni quelque 200 personnes (entrepreneuses, experts, partenaires de développement et investisseurs) provenant de toute la région, avec une focalisation sur huit villes : Beyrouth, Byblos, Amman, Ramallah, le Caire, Alexandrie, Tunis et Casablanca (vidéo de l’événement en anglais).
 
Appuyé par la Banque mondiale, avec un financement de la Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophes et le relèvement (a) (GFDRR), le concours WeMENA offre des possibilités de réseautage, de formation, de mentorat et de financement aux jeunes entreprises fondées par des femmes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Il cible les modèles commerciaux innovants qui renforcent la capacité des communautés locales à résister, s’adapter et se développer dans un contexte de tensions et de chocs, en investissant dans des domaines tels que la sécurité alimentaire, la santé et l’engagement civique.

Quelles sont les principales caractéristiques de cette initiative et quels en sont les objectifs ?

Renforcer la résilience. Cisjordanie, Liban, Jordanie, Égypte, Tunisie, Maroc : quelle que soit l’origine des participantes au concours WeMENA, toutes viennent de pays confrontés à des interactions complexes entre risques naturels et anthropiques, parmi lesquels figure notamment le plus grand afflux de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette situation affecte les femmes de manière disproportionnée (parce qu’elles ont un accès moindre aux ressources et moins de contrôle sur celles-ci) et exerce des tensions majeures sur le tissu socioéconomique, particulièrement dans les zones urbaines.

Autonomiser les femmes. Les jeunes femmes comme Yara, Rania, Angela, Aline et Selma ont dû surmonter des obstacles considérables pour créer leur entreprise : accès limité au crédit, entraves à la mobilité, problèmes de sécurité... Les femmes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont moins d’activités entrepreneuriales de démarrage que celles des autres pays, et, avec une moyenne de 23 %, le taux de participation des femmes à la population active dans la région est l’un des plus faibles au monde.

Promouvoir l’entrepreneuriat. Dans la plupart des économies, 70 à 85 % des investissements visant à réduire les risques de catastrophe sont réalisés par le secteur privé (a). La participation des PME est donc cruciale pour réduire les risques et investir dans la résilience. C’est d’autant plus vrai au Moyen-Orient, où les jeunes considèrent le chômage et l’extrémisme comme les deux problèmes les plus importants auxquels la région est confrontée (a).

Comme l’a rappelé vigoureusement Jim Yong Kim à l’occasion des dernières Réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale, « nous sommes tous d’accord pour dire que l’une des manières les plus efficaces de faire prospérer l’économie mondiale consiste à renforcer le rôle des femmes dans le monde des affaires »Investir dans les entrepreneuses a un immense impact et offre de nombreux avantages, avec des retombées positives pour les familles, les communautés locales et nationales, et les économies et sociétés dans leur ensemble. Dans l’une des régions les plus vulnérables au monde, le concours WeMENA cherche à répondre à cette nécessité et à contribuer à créer des sociétés plus résilientes, dans lesquelles croissance et prospérité sont partagées par tous.

Avec les récompenses en espèces sonnantes et trébuchantes qui sont décernées aux gagnantes, Yara, Rania, Angela, Aline et Selma pourront investir dans le développement et la pérennisation de leurs entreprises innovantes, et renforcer ainsi leurs communautés locales en créant des emplois, en apportant de nouveaux services et en suscitant de nombreux espoirs au sein de la population. Par ailleurs, en s’appuyant sur le réseau d’entrepreneuses qui a été mis en place dans toute la région, les 200 finalistes du concours WeMENA pourront établir des liens avec les investisseurs et continuer à promouvoir l’entrepreneuriat des femmes dans le domaine de la résilience urbaine. Sur le long terme, le concours WeMENA a pour ambition de réunir de nombreuses autres femmes et de les aider à bâtir un avenir durable, un avenir dans lequel les opportunités l’emporteront sur les risques.
 

Par Ayet Soliman - Source de l'article Blog Banque Mondiale

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