Maryline Bellieud-Vigouroux : « Je pense que la création en Tunisie est en marche »

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Maryline Bellieud-Vigouroux, grande dame de la mode avec une carrière de plus de 30 ans, était présente lors du festival des jeunes créateurs de mode, où elle officiait en tant que présidente de jury. 

Pour ceux qui ne la connaissent pas, elle se bat depuis des années pour valoriser la création marseillaise et méditerranéenne. 

Elle est également conseillère du président de la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode, plus connu comme MMMM, premier espace de formation de mode à Marseille depuis 2010. Maryline Bellieud-Vigouroux regorge d’idées. Interview: 

- Comment voyez-vous le secteur de la mode en Tunisie?

Je considère que la Tunisie sur le plan de la technologie forme très bien ses étudiants.Il suffit d’être attentif à la créativité. Créer une mode tunisienne ou une mode marocaine pour revendiquer ses racines méditerranéennes ne suffit pas, il faut une touche occidentale pour que les vêtements puissent se vendre à l’international.

La Tunisie est en marche. On voit vraiment beaucoup d’acteurs qui sont en train d’assurer une vitrine créative pour la Tunisie, comme Fashion week, le concours des jeunes créateurs. D’ailleurs, j’ai participé il y a deux ans de cela au Fashion week de Tunis et une des lauréates qui a émergé et aujourd’hui reconnue. Fashion week se contente de montrer des talents qui sont déjà confirmés. Je trouve qu’ il y a tout un intérêt de travailler ensemble.

- Vous vous placez en véritable chasseur de talents, qu’est-ce qui vous a interpellé en rencontrant les candidats?

Ce qui m’a impressionné, ce sont les jeunes filles qui sont les plus audacieuses malgré leur timidité. Elles portent le foulard mais on sent que cette génération, qui vit connectée, est très moderne quant à la vision de la femme. Rappelons également que la Tunisie est un pays plus ouvert, plus libéral, où tout le monde s’exprime et où tout le monde est respecté. Il est très intéressant de voir cela.

– La mode à Marseille, comment la situez- vous ?

Cela fait 30 ans que je m’implique dans la culture à Marseille et plus particulièrement dans la mode, car je crois fortement que la culture de la mode est le meilleur booster de l’économie. J’ai créé un musée de la mode contemporain et puis après l’ Institut des métiers de la Mode en Méditerranée pour aider les jeunes talents à percer. L’objectif est de valoriser la création locale et donner plus de visibilité à la mode marseillaise, produire et diffuser leur collection sur le plan international. Je pense qu’ on est en train de créer une école stylistique méditerranéenne. Dans l’histoire de la mode, il y a eu des courants reconnus sur le plan international comme l’Ecole française de la haute couture, puis l’Ecole d’Anvers de Belgique, l’école japonaise comme Issey-Miake, je pense que depuis quelques années il y a une émergence méditerranéenne qu’on va retrouver en Tunisie, ou au Maroc, au sud de la France Je pense que la nouvelle génération, avec l’accompagnement des réseaux sociaux, va transposer la haute technologie pour faire des vêtements contemporains.

- Quel message voudriez-vous transmettre ?

Laisser plus de place dans les entreprises aux jeunes talents. Tout comme il faut leur donner plus de visibilité, plus de responsabilité, plus de reconnaissance. On sent qu’il y a aujourd’hui un bouillonnement créatif en Tunisie qu’ il y a une jeunesse créative, ambitieuse, connectée. Je pense que la création est en marche.

Source de l'article l’Économiste maghrébin

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