Aux lumières de la Méditerranée

Depuis L’Iliade, les poètes et écrivains chantent la Méditerranée dans toutes ses langues. On a besoin de ces voix plurielles, de leur écume, tant on ne saurait réduire ce bassin mythique à une seule définition, à un bloc culturel homogène. Avec des textes de Dominique Fernandez, Serge Joncour, Gilles Lapouge, Jean-Baptiste Del Amo...

Mû par un ancien réflexe éprouvé par la référence prudente aux classiques, à la question « Et pour la Méditerranée ? » on serait tenté de répondre : voyez Ibn Khaldoun, Fernand Braudel et quelques autres. S'ils demeurent indispensables à notre intelligence de ce monde-là, ils ne sont pas exclusifs, car nul mieux que des poètes et des écrivains ne saurait rendre compte de la sensibilité de ceux qui vivent, aiment et meurent autour de cette mer au milieu des terres (mare medi terra) parfois emportés par elle. Qu'ils l'aient appelé la Grande Verte, mer de l'Ouest, mer des Philistins, Mer suprême, Mare nostrum ou Mare internum, ou encore Mer blanche médiane, qu'importe au fond puisque chacun a eu le génie de lui donner par son propre imaginaire, ses couleurs, ses odeurs et ses bruits. Toutes choses qui en font tout sauf un bloc homogène, et l'on serait bien en peine de définir une identité méditerranéenne, sauf à la réduire à la civilisation de l'huile d'olive, son ferment symbolique, et à ne l'appréhender que par les pérégrinations de sa cuisine.

Depuis L'Iliade, ils ont chanté dans toutes ses langues ses villes et ses ports, ses îles et ses villages, renforçant l'idée que la Méditerranée demeurait au coeur mythique de l'Occident. Des contributions que Le Magazine littéraire a sollicitées auprès d'une quinzaine d'écrivains et de celles retrouvées dans une manière de « Bibliothèque idéale méditerranéenne », il émane quelque chose comme une passion amoureuse faite de récits de vie très personnels, de parfums d'enfance, de souvenirs de vacances, de réminiscences de lectures. Un élément les domine tous : la lumière. Une certaine qualité de lumière. Les écrivains et les poètes seront toujours à la peine pour l'évoquer face à un Matisse, à un Marquet, ou à un Nicolas de Staël. C'est pourtant bien elle qui fait le lien, non parce qu'elle est unique et monochrome, mais justement parce qu'elle demeure identifiable entre toutes à travers ses nuances, d'Halicarnasse à Tanger.

Dossier coordonné par Pierre Assouline dans mensuel 580 - Daté juin 2017 
Source de l'article Magazine Littéraire

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