La Libye face à une Europe à deux vitesses !

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Comme Donald Trump qui a joué sur la peur des migrants pour réaliser sa fulgurante ascension au bureau ovale, les officiels européens tablent, eux aussi, ces derniers temps, paraît-il, sur le même procédé pour faire monter leur cote de popularité auprès des masses populaires éreintées par les politiques d'austérité, engagées jusque-là, un peu partout dans le Vieux continent.

Ainsi le gouvernement italien a-t-il signé, par exemple, dans une réunion informelle, en début de février dernier, un accord à Malte, avec les autorités libyennes en vertu duquel l'Union européenne s'engage à entraîner et à financer les garde-côtes ainsi que les garde-frontières libyens pour soutenir les camps où les migrants seront retenus jusqu'à leur expulsion ou leur retour volontaire, dans leurs pays d'origine. Cela dit, les responsables libyens sont appelés à sécuriser leurs frontières désertiques du sud et à empêcher désormais, les départs vers l'Europe, pour la modeste somme de 400 millions d'euros.

Mais comment est-ce possible d'entériner un tel accord, alors que la Libye ne dispose pas, comme tout le monde le sait d'ailleurs, ni d'un gouvernement consensuel et légitime ni de moyens ou d'infrastructures viables, à même de satisfaire les exigences occidentales ? Et puis la priorité n'est-elle pas de ramener d'abord la paix et la stabilité dans la région ? Ou le bourbier libyen n'est que la cinquième roue de la charrette, pour cette Europe-citadelle qui tourne, de surcroît, le dos à une crise migratoire des plus dures à ses portes ?

En effet, en proie aux troubles et au chaos, le territoire libyen est, pour rappel, disputé entre des centaines de milices et de bandes criminelles d'origines diverses. Chose qui complique davantage la mise en application, dans des bonnes conditions, de toute politique migratoire et mène à l'immixtion de parties extérieures, dans le conflit. Ajoutons à cela ces divergences, sur fond de luttes fratricides, qui persistent encore entre, d'un côté, le gouvernement de Fayez Al-Sarraj, le signataire dudit accord qui, même s'il est reconnu par la Communauté internationale, en tant que représentant officiel de la Libye, ne contrôle que la base de Tripoli, avec un fort soutien extérieur, et d'un autre, un cabinet politique rival installé dans un hôtel à Tripoli, dirigé par le non moins troublant Khalifa Al-Ghowel et, enfin, l'entité de Cyrénaïque dont le siège est fixé à Tobrouk, commandée par le général Khalifa Haftar, laquelle s'avère être dans l'incapacité de faire régner, actuellement, l'ordre dans le fief de Benghazi. 

Bref, toutes ces considérations sont loin de dissoudre cette peur du migrant de la part des Occidentaux. Preuve en est que ces derniers s'entêtent même à tourner autour du pot, en revenant dans certaines clauses de cet accord-là, sur la notion des "migrants économiques" ! Et quels migrants économiques pardi ? Le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) s'en indigne et dénonce une injustice capitale. 

D'autant que, d'après lui, 45% des migrants, ayant débarqué en Italie, durant les 3 premiers trimestres de 2016, ouvrent droit à une protection internationale. Autant dire, ils ont fui la Libye par peur et non pour des raisons économiques. Et après tout, où sont les droits de l'Homme dont on parle en Europe ? Le devoir de solidarité internationale ? Les valeurs occidentales ? Encore des foutaises, sans doute, quand on lit cette clause qui force «un Etat en ruines» à installer les migrants clandestins dans ses centres d'accueil!

Par Kamal Guerroua - Source de l'article Matindz

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