Le Maroc, poubelle de l'Europe ?

A quatre mois de la tenue de la COP 22 à Marrakech, l'importation de 2500 tonnes de déchets en provenance d'Italie destinés à être incinérés sur le sol chérifien a suscité la colère de la société civile marocaine.

Le Maroc est-t-il devenu la poubelle de l'Europe ?

Malgré les explications de la ministre de l'Environnement, Hakima Al-Haite, précisant que ces déchets ne sont pas dangereux pour la santé et qu'ils sont conformes à la loi sur la gestion des déchets et leur élimination, les critiques ne cessent de se multiplier. Ce qui crée une polémique au Maroc, notamment sur les réseaux sociaux.

Fin juin, le journal arabophone, Hespress.com annonçait l'arrivée de 2500 tonnes de déchets en provenance d'Italie vers le port d'El Jadida, au sud de Casablanca, reprenant des informations de la presse italienne. Cette dernière indiquait également que ces déchets pourraient être toxiques.

La société civile marocaine en colère, pense que ce projet en provenant d'un pays qui a été déjà condamné par l'Union Européenne pour la gestion défaillante de ses déchets, soit en effet nocif pour la santé des Marocains. Les déchets viennent de la Campanie, une région connue pour ses montagnes d'ordures ménagères non-traitées. A la suite de la mauvaise gestion ces ordures depuis des années, cette dernière avait même dû verser en 2015 plus de 20 millions d'euros à la Cour de justice de l'Union Européenne, assorties de 120 000 d'astreinte journalières.

La ministre se justifie

Maroc : polémique autour de l'importation de déchets italiens destinés à être brûlés en cimenteriePointé du doigt, le ministère de l'Environnement a diffusé, le 30 juin, un communiqué pour éteindre la polémique. "L'opération d'importation et la valorisation de ce type de déchets non dangereux est réalisée dans le cadre de la convention de partenariat établie entre (le) ministère et l'association professionnelle des cimentiers", explique le département de Hakima El Haite, qui précise : "le ministère délégué chargé de l'Environnement n'a autorisé l'importation que des déchets type "RDF" qui sont des déchets non dangereux utilisés en tant que combustible de substitution à l'énergie fossile classique".

Ces déclarations n'ont pas su convaincre les opposants du projet. Une pétition lancée quelques jours après l'annonce de l'importation de ces ordures a déjà réuni plus de 20 000 signatures en moins d'une semaine. Et un sit-in est prévu le 17 juillet près du Parlement marocain. Les coups de gueule se multiplient aussi sur la toile.

La colère des réseaux sociaux

Sur les réseaux sociaux, l'affaire n'a pas manqué de faire réagir les internautes qui s'offusquent à coup de tweets et de commentaires de cette importation massive de déchets étrangers, alors même que le Maroc vient d'interdire les sacs en plastique et que le gouvernement a lancé une vaste campagne #ZéroMika pour empêcher leur utilisation.

Si la provenance des déchets italiens n'a pas été officiellement confirmée, il pourrait s'agir de ceux accumulés dans la décharge de la Taverna del Re, dans la province de Naples au sud de l'Italie, qui a récemment commencé l'évacuation de son site de stockage, et dont une partie des déchets et pneus ont été envoyés vers Casablanca et Settat pour être brûlés dans une usine de ciment, indique l'agence de presse italienne Agenzia Nova.

Selon Hespress, qui avait signalé la semaine dernière la présence, dans le port d'El Jadida, d'un navire italien contenant 2.500 tonnes de déchets emballés dans des sacs blancs, ces derniers seraient les mêmes que ceux stockés dans la Taverna del Re.

Le 11 juin, le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, s'était rendu dans cette décharge napolitaine "Adieu les déchets de la terre des feux, Adieux la mafia de la gestion des déchets. On s'y attelle enfin sérieusement, cette fois-ci c'est la bonne" avait-il tweeté.
Par : Johanna Bukasa-Mfuni - Source de l'article Le Vif

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