Liban- L’Institut des finances planche sur son offre de formation des agents publics

Une délégation d'experts européens s'est rendue à Beyrouth pour débuter l'évaluation du Plan de développement institutionnel de 2015 de l'Institut Basil Fuleihan, qui doit lui permettre de mieux accompagner la réforme administrative au Liban.

Après une semaine de « brainstorming », les experts de Sigma – une initiative conjointe de l'Union européenne et de l'OCDE pour renforcer les capacités du secteur public – ont conclu hier leur évaluation du Plan de développement institutionnel (PDI) de l'Institut des finances Basil Fuleihan. 
« Ce PDI, mis en place en partenariat avec Sigma en 2011, cherche à mieux définir la mission de l'Institut des finances et ses domaines d'action, et renforcer ses capacités et ses relations avec d'autres institutions publiques », explique Xavier Sisternas, l'un des experts de Sigma. Après la poursuite de l'audit des résultats de l'Institut des finances pendant encore 2 à 6 mois, un nouveau PDI comprenant de nouvelles orientations pour l'horizon 2020 sera publié au printemps 2016.

Réforme administrative

« La situation libanaise rend difficile le vote de nouvelles lois pour engranger une réforme administrative. Les formations peuvent donc jouer un rôle-clé, car l'administration publique dépend surtout de la qualité de ses ressources humaines », souligne l'expert. C'est donc pour accompagner la réforme de l'État que l'institut cherche à affiner ses missions, tout en restant axé sur sa fonction première, la formation des fonctionnaires à la gestion des finances publiques.
Entre 2 500 et 2 800 agents publics bénéficient de ces formations chaque année. Parmi eux, les fonctionnaires du ministère des Finances et des autres ministères, de la présidence du Conseil des ministres, du Conseil supérieur de la fonction publique, de la commission des Finances au Parlement, de la Cour des comptes, du cadastre, de la régie ou des douanes. Et, pourtant, la demande ne tarit pas : « Le besoin de formation dans l'administration publique est très important. Pour plusieurs raisons : le fait que seuls 30 % des postes de travail dans l'administration sont normalement pourvus, la nécessité d'assurer la relève d'un effectif à l'âge moyen avancé (52-54 ans), un système même de recrutement qui ne privilégie pas les sélections au mérite... » détaille le PDI de 2015 de l'Institut des finances.
« L'État compte environ 200 000 agents publics dont il faut maximiser les compétences. C'est pourquoi nous devons travailler avec les autres centres de formation car nous ne pouvons pas répondre seuls à cette demande », souligne Lamia Moubayed Bissat, directrice de l'Institut Basil Fuleihan.
La mise en réseau est d'ailleurs l'un des points centraux développés dans le PDI de 2015 : « Nous avons renforcé nos partenariats avec les autres écoles de formation au Liban – l'Omsar, l'École militaire, l'École de police, l'Ena ou l'École nationale de la magistrature entre autres. La création de ce réseau national d'écoles de formation des fonctionnaires a été l'un des grands succès soulevés lors de notre évaluation, car il permet d'homogénéiser les formations de la fonction publique sur le marché et nous a également aidés à faire valoir nos compétences par rapport aux autres institutions », continue-t-elle. « Il faut éviter de répéter les mêmes activités sur le marché, et il est nécessaire de se concentrer sur les domaines les plus demandés pour qu'il n'y ait pas de doublons et donc de perte d'argent public », confirme l'expert Xavier Sisternas.

Évaluation des compétences

Une stratégie quelque peu entravée par l'environnement dans lequel elle est menée. « Il n'y a pas, au niveau de l'État, une politique publique pour la formation des fonctionnaires, il existe bien une loi de fonctionnaires mais elle est très vétuste. Il n'existe pas non plus de référentiel de compétences au niveau de la fonction publique qui nous permette de mesurer l'impact des formations dispensées. Nous travaillons avec ce réseau de formation pour que les métiers essentiels de la fonction publique aient ce référentiel, afin de pouvoir décider des besoins et ensuite évaluer les performances de l'agent public par rapport à ce pourquoi il a été recruté », conclut Lamia Moubayed Bissat.
En outre, aussi nécessaire soit-il, le succès de cette politique de formation dépendra aussi de la mise en œuvre d'autres axes complémentaires de la réforme administrative. À commencer par la numérisation des services publics. « Le Liban est classé 130e sur 143 pays en termes d'utilisation des nouvelles technologies par l'État, selon les indicateurs de la dernière édition du Global Information Technology Report du World Economic Forum. Il faut que l'État investisse dans ces technologies », explique Lamia Moubayed Bissat. « La réforme administrative comporte plusieurs exigences, doter les administrations d'outils informatiques en est une composante, mais elle englobe également des valeurs, des comportements, un réaménagement de la structure de l'État, pour la rendre plus efficiente, parfois plus compacte », ajoute Adérito Alain Sanches, un autre expert international présent pour l'évaluation du PDI.

Par Céline HADDAD - source de l'article l'Orient le Jour

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