Appel à projet - La Méditerranée des médias

Cet appel à projets ambitionne d’encourager le journalisme citoyen en Méditerranée, en tant que miroir de la société et vecteur d’une expression démocratique libre et solidaire. 
L’appel à projets « La Méditerranée des Médias » soutiendra des projets qui offrent des clés de compréhension sur l’état des sociétés méditerranéennes afin que les changements de la région méditerranéenne soient lus, compris et débattus par les habitants de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. 
Les projets éligibles devront s’attacher à impliquer les médias internationaux, nationaux, régionaux et locaux spécialisés sur la Méditerranée, la société civile du pourtour méditerranéen et à encourager la participation et la sensibilisation de tous les citoyens et tout particulièrement les jeunes et les femmes.
Cet appel à projets s’adresse à tous les acteurs de la société civile ayant leur siège dans la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (ou mettant en œuvre des projets d’intérêt général sur le territoire régional), en lien avec leurs partenaires au Sud,  qui contribuent à construire un espace méditerranéen de dialogue permanent entre les peuples au travers des médias.
Le règlement de l’appel à projets et le dossier de demande de subvention sont téléchargeables ci-dessous.
Le formulaire de demande de subvention devra être complété et envoyé par voie postale, avec l’ensemble des documents obligatoires, avant le 8 septembre 2014 (minuit) à l’adresse suivante :  
Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur
Direction des Affaires Juridiques et des Assemblées/ Service Subventions et Partenariats
Appel à projets "La Méditerranée des Médias"
27 Place Jules Guesde - 13841 MARSEILLE Cedex 20

  
Pour toutes informations complémentaires, vous pouvez contacter :  
Marianne Roux - Chargée de mission – coopérations euroméditerranéennes
maroux@regionpaca.fr
+33 4 88 73 64 20

Règlement - La Méditerranée des médias
Publié le mardi 15 juillet 2014
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AAP - La Méditerranée des médias - 1ère partie
Publié le mardi 15 juillet 2014
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AAP - La Méditerranée des médias - 2ème partie
Publié le mardi 15 juillet 2014
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Source de l'article Region PACA

L’Assemblée finale du projet USUDS conduit par MedCités

L’Assemblée finale du projet USUDS conduit par MedCités dans le cadre du programme IEVP-CTMed de l’Union Européenne s’est tenue à Sfax les 16 et 17 juin 2014.

USUDS Final AssemblyEn savoir plus sur l’événement et sur les réalisations du projet sur le site d‘USUDS.

Par ailleurs, MedCités continue son processus de transformation en association et tiendra sa prochaine assemblée générale à Izmir, les 20 et 21 novembre 2014.

Plus d'information :
USUDS est une initiative de MedCities, un réseau de villes méditerranéennes créé en 1991. USUDS rassemble les villes méditerranéennes intéressées par l'élaboration et le développement de stratégies pour le développement urbain durable.

L'initiative a été lancée en octobre 2011 et créée à l'occasion du 1er appel à projets standards du programme ENPI-CBC-MED par l'Agence espagnole pour la Coopération internationale et le Développement (AECID), la Députation de Barcelone, la Municipalité de Barcelone et la Fondation Hariri et ses membres, entre lesquels l'Àrea Metropolitana de Barcelona, qui agisse comment le Sécretariat Géneral de MedCités, est le leader du projet.

L'élaboration de stratégies de développement urbain durable (SDU, également appelées stratégies de développement des villes - SDV) dans la Région méditerranéenne a pris de la vitesse ces dernières années en tant qu'instrument puissant visant à promouvoir la croissance, la stabilité et le développement. En valorisant les autorités locales et en encourageant la participation, les stratégies de développement des villes contribuent à la consolidation des processus de transition démocratique en équilibrant le développement territorial et en responsabilisant les citoyens.

La Région méditerranéenne est devenue une région essentiellement urbanisée. La majeure partie de la population vit dans des villes et cette tendance va se poursuivre, voire s'intensifier, dans les années à venir. Cette croissance urbaine rapide a entraîné des déséquilibres considérables et des dysfonctionnements à plusieurs niveaux : territorial, économique, social et environnemental. Dans ce contexte, la préparation de plans stratégiques pour un développement urbain durable des villes et leur région métropolitaine, à moyen ou long terme, est une nécessité croissante si l'on veut répondre de manière efficace aux défis lancés par les changements dans le système de production et de consommation et l'extension spatiale de l'aire quasi urbaine.

Ces dernières années, plusieurs villes méditerranéennes ont uni leurs efforts afin de partager leurs connaissances et leur maîtrise en la matière et garantir la promotion de nouvelles stratégies de développement des villes et leur mise en place. Grâce à la coopération horizontale et à son réseau social, USUDS encourage l'échange de bonnes pratiques et la collaboration afin de promouvoir la capacité des villes à concevoir et réaliser leurs plans pour le futur.

La Conférence sur les Stratégies de Développement Urbain en Méditerranée qui s'est tenue à Barcelone les 14 et 15 mars 2011, organisé par MedCities avec la collaboration d'importantes institutions nationales et internationales, a constitué un évènement majeur à ce propos. L'approche coopérative de ce réseau et sa volonté explicite de générer des synergies positives avec d'autres intervenants travaillant dans la région visent à garantir une distribution efficace de tous les efforts pour atteindre l'objectif commun : responsabiliser et promouvoir les villes méditerranéennes dans cette nouvelle ère qui s'annonce dans la région.

Source de l'article Usuds

Niveau d'instruction : un nouvel exemple de réussite au Moyen-Orient et en Afrique du Nord


Comme le montre le graphique ci-dessous, le « stock d'éducation », c’est-à-dire le nombre moyen d'années d'études accomplies par les plus de 15 ans tel qu'il est compilé par Barro et Lee (2013), a augmenté à un rythme régulier au cours des quarante dernières années, et ce dans toutes les régions du monde.

A classroom in Yemen
Une salle de classe au Yémen
Il est cependant une région qui se distingue plus particulièrement, c’est celle du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) : située dans le bas du graphique et proche de l'Asie du Sud et de l'Afrique subsaharienne dans les années 1970, la performance de la région MENA connaît une accélération qui la propulse jusqu’au niveau de l'Asie de l'Est autour de 2010. 
On constate dans le même temps une réduction rapide de l'écart avec l'Amérique latine. La région MENA est la seule à enregistrer une dynamique aussi importante et remarquable.

Dans la région MENA, le niveau d'instruction est passé en moyenne de 2,3 années d’études en 1970 à 7,5 en 2010. Il s'agit de loin de la plus forte hausse en pourcentage (215 %) parmi l'ensemble des régions en développement, l'Afrique subsaharienne venant en seconde position (180 %).



La performance de la région repose sur les avancées remarquables accomplies par les pays qui la composent. Le Yémen, par exemple, a connu la hausse mondiale la plus élevée en termes de pourcentage, avec un niveau d'instruction qui est passé de 0,06 à 3,7 années d'études entre 1970 et 2010. Le classement du Yémen reste affecté par son niveau initial extrêmement bas, mais d'autres pays qui partaient de niveaux bien plus élevés ont continuellement accru leur stock à un rythme impressionnant. Des pays comme l'Égypte, l'Algérie et l'Iran, qui se classent respectivement aux 8e, 11e et 19erangs (sur 145 pays), contribuent ainsi majoritairement à la première place décrochée par la région MENA.

Le profil de cette évolution donne à penser qu’elle n’a pas été entraînée par la croissance du revenu. La région MENA a en effet connu des périodes de croissance élevée et de croissance faible au cours des quarante dernières années, au gré des fluctuations du prix du pétrole, qui représente sa ressource la plus importante. La croissance du stock d'éducation est au contraire restée stable d'année en année, révélant un fort engagement régional en faveur de l'éducation comme une fin en soi.

Cet engagement régional s'est en partie manifesté par la priorité budgétaire donnée à l'éducation. Sur les quatre dernières décennies, la région MENA a consacré autour de 16,5 % de son budget en moyenne à l'éducation. Ce pourcentage est nettement supérieur à celui observé dans d’autres régions du monde, et notamment en Asie de l'Est (14,7 %) et en Amérique latine (13,6 %). L’accent mis sur l'éducation par les États de la région MENA constitue sans nul doute l'une des principales raisons expliquant sa supériorité sur le plan du niveau d'instruction.

Un autre facteur pourrait résider dans le subventionnement généralisé des produits alimentaires de base, qui constitue une pratique largement répandue dans la région. Bien que coûteuse et peu performante, cette pratique garantit la satisfaction des besoins alimentaires et nutritionnels essentiels, en particulier chez les ménages les plus modestes. Des enfants mieux nourris sont moins susceptibles d'abandonner l'école à un âge précoce à cause de problèmes de santé, ce qui contribue à améliorer le niveau d'instruction. Comment la région MENA se situe-t-elle par rapport aux autres en matière de nutrition ? La base de données des Indicateurs sur le développement dans le monde comporte une mesure de la prévalence de la malnutrition. Il se trouve que la région MENA enregistre le plus faible taux de malnutrition parmi les régions en développement (8 % en moyenne depuis 1992, date la plus ancienne pour laquelle des données internationales comparables sont disponibles pour cet indicateur). Ce facteur a certainement constitué un avantage décisif qui a aidé la région à accroître son niveau d'instruction au fil du temps. Néanmoins, une tendance inquiétante est également à l'œuvre. Si elle continue de faire mieux que les autres régions en développement, la région MENA a connu au cours des deux dernières décennies une détérioration en valeur absolue de l'état nutritionnel de sa population. Cette dégradation risque-t-elle de ralentir voire de saper la croissance constante de son stock d'éducation ? Des recherches futures devront le déterminer.
Par Farrukh Iqbal -Source de l'article Blog Banque Mondiale

Maroc - Espagne : Un nouveau pas vers la mise en œuvre du projet Averroes

L’objectif est le renforcement de soins de santé primaires et la mise en place de la formation «Santé de la Famille et Communautaire».

medecin.jpgLe protocole administratif du projet «Averroes : Renforcement de la performance des soins de santé primaires», sera signé ce vendredi, 25 juillet, par le ministère de la Santé, le ministère de l’Économie et des Finances et l’Agence Espagnole de Coopération Internationale au Développement (AECID).

Doté de 700.000 € pour la période 2014-2016, ce projet contribuera à la mise en œuvre de la stratégie 2012-2016 du ministère de la Santé, à travers le renforcement de soins de santé primaires et la mise en place de la formation «Santé de la Famille et Communautaire» pour les médecins généralistes.

«En fait, le projet est né suite à l’intérêt du ministère de Santé marocain pour profiter de l’expérience espagnole dans le domaine de soins de santé primaires et plus précisément celle relative à la formation des généralistes en médicine familiale et communautaire», explique-t-on auprès de l’AECID. 

Le projet «Averroes» constitue l’une des composantes de la coopération Maroco-espagnole dans le secteur de la santé parmi les trois autres grandes composantes existantes, à savoir : les projets visant les déterminants sociaux de la santé et problèmes de santé prioritaires comme la santé maternelle, santé néonatale, épidémiologie… ; la formation des professionnels de santé ; en plus du programme d’appui sectoriel au système de santé.

Source de l'article Le Matin

Enseignement, formation et carrières : la jeunesse libanaise débat des priorités lors d'une réunion ETF



Orientation professionnelle, incitants pour jeunes start-ups, formation professionnelle davantage axée sur la pratique... Voilà quelques-unes des priorités principales pour l'employabilité des jeunes, selon les jeunes libanais qui ont participé à deux groupes de discussion organisés par la Fondation européenne pour la formation (ETF) et ses partenaires à Beyrouth, au Liban, les 19 et 20 juin.
 
Les groupes de discussion ont été organisés avec le soutien de la Fondation Anna Lindh, la délégation de l'Union européenne au Liban, l'Institut Européen de Coopération et de Développement (IECD) et les jeunes leaders méditerranéens de l'ETF. Les groupes se composaient de récents diplômés en enseignement et formation professionnelle (EFP), de jeunes issus d'associations de jeunesse et d'ONG travaillant dans le domaine de l'emploi des jeunes et de l'éducation.
 
Le passage de l'école à la vie active était au cœur des discussions. Les participants ont en effet débattu des obstacles auxquels ils font face en entrant sur le marché de l'emploi, du soutien qu'ils reçoivent et de la mesure dans laquelle leur formation les a préparés au travail.
 
Les participants ont mis l'accent sur quatre domaines qu'ils désireraient améliorer : l'orientation professionnelle ; les possibilités de formation pratique ; l'encouragement à suivre une formation professionnelle et théorique et les opportunités en la matière ; ainsi que l'augmentation des mesures incitatives pour les jeunes start-ups. Les jeunes préfèreraient travailler dans le secteur privé, qu'ils estiment plus flexible que le secteur public. Les participants ont également noté que les emplois dans le secteur public avaient tendance à être fortement influencés par la famille et les affiliations religieuses ou politiques, et que les contacts personnels étaient importants pour trouver un emploi.
 
La jeunesse libanaise est très attirée par l'idée de travailler à l'étranger, motivée par la perspective de salaires plus élevés, de meilleures conditions de travail et d’une plus grande stabilité socio-politique. L'émigration est en effet une caractéristique du contexte socio-économique libanais, avec un taux net de migration estimé par la Banque mondiale à 25-30 % de la population totale en 2012.
 
D'une manière plus générale, les associations de jeunesse et les ONG ont insisté sur la nécessité d'adopter une approche nationale sur l'employabilité des jeunes au Liban, soulignant l'absence de mécanisme national pour adapter les compétences aux besoins du marché du travail et appelant à l'entrée en vigueur de la politique de la jeunesse, qui a été approuvée en mars 2012 et n'est pourtant pas encore mise en œuvre.
 
Les discussions se sont tenues dans le cadre de l'évaluation du processus de Turin de l'ETF sur l'avancement des réformes en matière d'éducation et de formation technique et professionnelle (EFTP). Jusqu'à présent, des groupes de discussion ont été organisés avec des jeunes de Jordanie et du Liban. Des groupes similaires dans d'autres pays doivent se tenir plus tard dans l'année.
 
La Fondation européenne pour la formation est une agence créée par l'Union européenne qui vise à contribuer au développement des systèmes d'éducation et de formation de ses pays partenaires. Dotée d'un budget annuel de 18 millions d'euros, sa mission consiste à aider les pays en développement et en phase de transition à exploiter le potentiel de leurs ressources humaines par le biais de réformes dans les secteurs de l’éducation, de la formation et de l’emploi, dans le cadre de la politique de relations extérieures de l’UE.
 
La Fondation Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures promeut la connaissance, le respect mutuel et le dialogue interculturel entre les populations de la région euro-méditerranéenne, grâce à un réseau de plus de 3 000 organisations de la société civile réparties dans 43 pays. Son budget est co-financé par l'Union européenne (7 millions d’euros) et les États membres de l'UE (6 millions d’euros). 
 
Pour en savoir plus
Fondation Anna Lindh – Fiche et actualités
Fondation Anna Lindh – Éducation
Fondation Anna Lindh – Site internet
La Fondation Anna Lindh sur TwitterFacebookYouTubeFlickr 
EU Neighbourhood Policy Info Centre – Page web sur l'éducation et la formation

Une coopération culturelle tchéco-tunisienne lancée au festival du théâtre européen

Evénement phare dans le monde du théâtre tchèque, la vingtième édition du Festival des théâtres des régions d’Europe s’est achevée, lundi dernier, dans la ville de Hradec Králové (Bohême de l’Est). Accompagné d’un riche programme en plein air, le festival a proposé quelque 300 spectacles, conférences et débats. 

La présentation de la culture tunisienne, photo: Facebook du théâtre KlicperaParmi les conférenciers ayant participé à cette édition 2014 du festival figuraient les époux Mouna et Lassaad Jamoussi, respectivement metteuse en scène et professeur à la faculté des lettres de Sfax en Tunisie. 
Au micro de Radio Prague, tous deux ont évoqué non seulement les contours de la coopération tchéco-tunisienne dans les domaines culturel et dramatique, mais aussi proposé des réflexions sur le lien entre la culture et les libertés humaines en Tunisie.

Depuis vingt-cinq ans, Mouna Jamoussi est metteuse en scène et enseigne l’art dramatique au collège pilote à Sfax, qui est la deuxième plus grande ville en Tunisie.
« Je suis professeur de théâtre parce que chez nous, en Tunisie, nous avons une session théâtre, c’est-à-dire que tous les élèves ont un cours et des ateliers de théâtre. Dans mon cas, il s’agit des élèves du collège pilote. Je suis donc spécialiste de l’enseignement du théâtre à l’école. C’est à partir des jeux dramatiques et des improvisations que l’on pousse l’élève à connaître son corps et ses capacités. C’est en jouant que l’on apprend aussi les langues, comme le français et l’anglais. Et puisque le théâtre est un langage universel, on pousse l’élève aussi à connaître et à respecter l’autre. Dans ce cadre, nous organisons chaque année le Festival international lycéen des arts scéniques et des droits de l’homme à Sfax qui vise à rassembler le maximum d’élèves chez nous pour vivre ensemble une semaine de partage et de respect mutuel. »
En 1969, Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante, a fait de son pays le premier à rendre obligatoire l’enseignement de l’art dramatique à l’école. Il a aussi créé l’ISAD, l’Institut supérieur d’arts dramatiques, qui forme des professeurs de collège et lycée.
« Le problème est qu’il n’y a pas assez de professeurs de théâtre pour enseigner, car la plupart des professeurs préfèrent la mise en scène ou veulent devenir acteurs ou comédiens. Certains évitent aussi l’enseignement parce qu’il faut être bien cadré et respecter des horaires précis. Il y a aussi un côté pédagogique à respecter. »
A la différence de son mari, Mouna Jamoussi ne découvrait pas la République tchèque et plus particulièrement Hradec Králové au Festival du théâtre des régions d’Europe. Elle était déjà venue en mars dernier pour des journées consacrées à la Tunisie pendant la semaine de la francophonie. Mouna Jamoussi précise de quoi il s’agissait :

« Dans le cadre d’un échange avec le festival international de Sfax, nous avons reçu des élèves de Hradec, puis des Tunisiens sont venus pour la semaine de la francophonie. Nous avons présenté toute une semaine tunisienne : il y a eu des pièces de théâtre, un grand défilé de costumes traditionnels, un grand buffet tunisien et sfaxien et de la musique. Nous avons aussi invité un artiste pour présenter les poupées de Tunisie. »
En Tunisie, les élèves commencent à apprendre le français à l’âge de neuf ans. Même si la majorité des pièces que dirige Mouna Jamoussi sont en arabe, d’autres permettent d’apprendre mieux la langue française. Les thématiques abordées varient sensiblement :
« ‘Le Rêve de Médina’ est une pièce qui concerne l’environnement et la propreté. En effet, on rêve d’un nouveau Médina. Chaque année, nous avons un thème différent, mais c’est toujours du théâtre en relation avec des valeurs universelles, que celles-ci touchent à la nature, à la protection de l’environnement ou bien à l’Homme en tant qu’être humain. C’est en jouant que l’on donne à l’élève des informations sur tout ce monde qui l’entoure. »
Pour autant, Mouna Jamoussi n’évite pas les sujets politiques, souvent abordés indirectement à travers les valeurs. Les lycéens tchèques de Hradec Králové découvriront sans doute la variété de la production théâtrale de leurs jeunes collègues tunisiens quand ils se rendront à la troisième édition du festival international lycéen des arts scéniques et des droits de l’homme à Sfax. Puis, en mars 2015, les élèves tunisiens rendront visite à leur tour à ceux qui entretemps seront probablement devenus leurs amis tchèques. Un exemple de coopération internationale qui fonctionne bien.

Mais Hradec Králové, et plus particulièrement ses théâtres Klicpera et de marionnettes Drak, participeront à une nouvelle série d’échanges, comme le précise Lassaad Jamoussi. Professeur à la faculté des lettres de Sfax et ancien président de la section sfaxienne de la LTDH (Ligue tunisienne pour les droits de l'Homme), Lassaad Jamoussi a parlé de la Tunisie culturelle lors d’une conférence à Hradec Králové. Mais c’est tout d’abord le plus grand festival international de théâtre en Tunisie et la vocation de celui-ci qu’il a évoqué :
« Le festival s’appelle ‘Les Journées théâtrales de Carthage’ pour alterner avec ‘Les Journées cinématographiques de Carthage’. Il est ainsi intitulé non pas parce qu’il se déroule dans la cité de Carthage, mais parce qu’il s’inspire de tout cet esprit de Carthage, qui est celui de la mosaïque, des rapports entre les Amazighs, les Berbères, les autochtones, qui ont été les premiers habitants issus de la première civilisation nord-africaine, et puis de l’arrivée d’Élissa en 814 avant J.-C.. Et comme cette civilisation entretient des liens très importants avec la Grèce, on a également ce lien avec la civilisation grecque. Donc, l’appellation du festival est une grande métaphore. L’esprit de Carthage est un esprit de partage, d’ouverture et de tolérance, qui ne veut pas cultiver le chauvinisme culturel. »
La nouvelle coopération entre ce festival et celui de Hradec Králové prendra alors plusieurs formes :
« D’abord, les Journées théâtrales de Carthage, qui sont le plus important festival international de théâtre en Tunisie et l’un des plus importants en Afrique et dans le monde arabe, seront tout à fait disposées et heureuses de tisser des relations de jumelage avec le Festival des régions d’Europe. Ensuite, nous avons convenu avec les organisateurs de Hradec de nous conseiller. A chaque fois que je verrai quelque chose d’intéressant qui peut l’être aussi pour la Tchéquie, je le mentionnerai, et inversement, à chaque fois que Jana Slouková (dramaturge du festival de Hradec Králové) découvrira quelque chose d’original dans d’autres plateformes, elle me le fera savoir. C’est un protocole intéressant. »

Cela ne fait que quelques mois que Lassaad Jamoussi préside les Journées théâtrales de Carthage. En raison des retards accumulés dans la nomination des directeurs des grands festivals, le festival du théâtre de Carthage ne se tiendra qu’en 2015 et non pas dès cette année comme initialement envisagé. Suite à son passage à Hradec Králové, Lassaad Jamoussi envisage sérieusement une participation tchèque à son festival :
« Quelle forme prendra cette participation, je ne peux pas encore vous le dire avec certitude, car les formes de participation sont généralement protégées par des accords culturels entre les deux pays. Si cet accord n’existe pas, l’ambassadeur de Tunisie, avec qui j’ai discuté, m’a promis d’intervenir pour faire en sorte qu’un protocole d’accord culturel voit le jour. S’il existe déjà, cela nous facilitera bien entendu la tâche. Mon choix est pratiquement arrêté pour deux pièces tchèques. »
Parmi ces deux spectacles figure notamment « Le Dernier truc de Georges Méliès » du théâtre Drak. Lassaad Jamoussi explique pourquoi cette pièce a retenu son attention :
« ‘Le Dernier truc de Méliès’ est une pièce véritablement magnifique, fabuleuse, extraordinaire, faite avec des techniques mixtes qui rappellent l’atmosphère de Georges Méliès, l’inventeur des trucs. C’est un bel hommage que le théâtre Drak théâtre rend à cet inventeur qui était aussi un magicien, un prestidigitateur, qui avait son propre théâtre. C’est vraiment un grand hommage qu’on lui fait en 2014-2015, année du centenaire de la disparition de l’œuvre de Méliès, quand celui-ci a abandonné son métier à cause de la Première Guerre mondiale. Il était abandonné, ruiné et a brûlé une partie de ses films. Georges Méliès a fini sa vie comme vendeur de marionnettes, d’objets et de poupées à la gare Saint-Lazare, je crois. »

Autre forme de coopération également envisagée, celle de séjours d’étudiants tunisiens de deux à quatre mois au théâtre Drak pour suivre l’ensemble du processus de création et les premières semaines d’exploitation d’un projet théâtral, l’idée finale étant de mettre en valeur un art moins apprécié en Tunisie, l’art des marionnettes.
Pour Lassaad Jamoussi, ce premier voyage en République tchèque a été l’occasion de découvrir à la fois le pays et la programmation du festival de théâtre de Hradec :
« J’ai trouvé que la programmation et la sélection du festival étaient vraiment excellentes. Je suis enchanté par ce bain de théâtre avec des tonalités que je ne connaissais pas bien, celles de la langue tchèque, d’une certaine esthétique, notamment du théâtre Drak, et de ce qu’ils ont créé, cette esthétique de la marionnette, de la marotte et du théâtre d’objet. C’est vraiment une tradition très ancienne en Tchéquie et en Europe centrale plus généralement. Et puis, je le mentionne plus que les autres parce que Drak est également un théâtre très réputé dont on a toujours entendu parler. Cela a été un bonheur pour moi de le découvrir en grandeur nature. »
La découverte par Lassaad Jamoussi du festival de Hradec Králové pourrait donc bien avoir une certaine influence sur la programmation des prochaines éditions des Journées théâtrales de Carthage, avec une plus grande attention portée sur toute la région de l’Europe centrale :

« C’est une nouvelle région, une nouvelle contrée qui nous ressemble et avec laquelle nous pouvons avoir de très belles relations. Elle nous ressemble au niveau du nombre d’habitants, au niveau aussi du Printemps. Vous avez cultivé le Printemps de Prague en 1968. Moi, j’étais étudiant, et pour nous, c’était quelque chose d’extrêmement émouvant. En Tunisie, nous avons initié le Printemps arabe. Et l’année dernière, au Festival international lycéen des arts scéniques et des droits de l’homme, il y a eu un hommage spécial à la République tchèque et à la transition démocratique que vous avez expérimentée depuis une bonne vingtaine d’années. »
S’interrogeant sur les facteurs en action lors d’une transition démocratique, Lassaad Jamoussi souligne l’importance de la culture :
« Contrairement à la plupart des politiciens qui pensent que la culture est quelque chose qui vient avec, la cinquième roue du carrosse, je suis de ceux qui pensent que la culture est fondatrice du changement. Parce que sans atteindre les mentalités, on ne peut pas faire évoluer les comportements. Ce n’est pas en promulguant des lois que l’on va changer la société. »
Outre sa carrière de professeur dans une université où il a longtemps été le chef des syndicats, Lassaad Jamoussi est aussi l’auteur de nombreuses publications, notamment « Les chemins croisés de l'art abstrait, Orient-Occident ». Frappé par une interdiction de travailler dans le domaine du théâtre sous le régime de Ben Ali, Lassaad Jamoussi a été pendant dix ans le président de la LTDH. Toujours engagé et militant, il appelle aujourd’hui à la réintégration des artistes compromis par la collaboration avec l’ancien régime si ceux-ci demandent pardon :
« Je crois que c’est là le rôle de l’agitateur culturel. Je pense que notre plaisir de vivre est de lire, d’écrire, de proposer, de nouer des contacts, d’organiser et de faire en sorte à ce que notre environnement, du plus local au plus général, s’améliore. »
Source de l'article Radio Prague