Les institutions politiques au cœur de la relance économique des pays méditerranéens

Ces trente dernières années, les populations les plus pauvres ont tiré parti de la croissance économique dans les pays méditerranéens. Si le niveau d’inégalités s’est considérablement réduit, les femmes et les jeunes diplômés restent encore trop nombreux sur le bord de la route

Jean-Louis Reiffers est président du Conseil Scientifique du Femise et de l’Institut de la Méditerranée en France.  (Photo N.B.C)
Jean-Louis Reiffers est président du Conseil
Scientifique du Femise et de l’Institut
de la Méditerranée en France. (Photo N.B.C)
D’après le Femise, le retour à la stabilité politique dans les pays méditerranéens serait le gage d’une relance de l’économie, en perte de vitesse depuis les événements du Printemps arabe.

Douze ans de gagnés en trente ans ! L’espérance de vie est passée de 62,6 ans en 1980 à 74,4 ans en 2011. Le taux de mortalité infantile a considérablement baissé, de 65,6 à 15,7 sur la même période. Le taux de scolarisation et d’alphabétisation a lui aussi fortement progressé depuis les années 80. 
Certes, les méditerranéens vivent plus longtemps mais pas forcément mieux. La croissance n’a pas su insérer les femmes et les jeunes dans la vie économique ni créer de véritables opportunités d’emplois. « Le seuil de pauvreté se situe à 1,25 USD par jour mais, à 2 USD par jour, la proportion de personnes pauvres passe de 1,8 % à 10,3% », écrit le Femise dans son rapport annuel 2013 présenté le 20 mai 2014 à Marseille. 
Intitulé, « Vers une nouvelle dynamique pour les maintien des équilibres économiques et sociaux », ce 13eme rapport annuel, coordonné par Jean-Louis Reiffers (*) et Ahmed Galal (**), met en lumière deux thèses. 

La première repose sur l’existence d’une « trappe à pays de moyens revenus » dans laquelle sont enferrés les pays méditerranéens. « Elle correspond à un stade de développement où les pays ont réussi à augmenter leur revenu grâce au développement d’une industrie basée sur les bas salaires et à accroître leur productivité (…). Il s’en est suivi un accroissement des salaires qui a alors érodé leur compétitivité. D’un côté, ces pays ne peuvent plus concurrencer les pays à plus bas salaires, lesquels, entretemps sont entrés sur les marchés internationaux, et de l’autre ils n’ont pas la possibilité de concurrencer les pays les plus riches dans la production de produits à forte valeur ajoutée », détaille le Femise. 


Définir une politique économique stable sur le long terme

Ahmed Galal, président du Femise et directeur de l’Economic Research Forum en Egypte. (Photo F. Dubessy)
Ahmed Galal, président du Femise et directeur
de l’Economic Research Forum
en Egypte. (Photo F. Dubessy)
La deuxième thèse des économistes repose sur le rôle des institutions politiques. Les stratégies mises en place pour accélérer le processus de croissance économique ont montré leurs lacunes avant et après les printemps arabes. 

Les soubresauts liés aux transitions politiques ont détourné les touristes de la Tunisie et de l'Egypte, faisant chuter les PIB de 4%, les investissements publics et privés de 20% provoquant une augmentation des taux de chômage de 1 à 1,5 point par an. C’est également dans cette région du monde que les investissements directs étrangers ont le moins augmenté. 

Selon le rapport annuel, les autorités doivent définir une politique économique claire allant au delà des urgences du court terme et mettre un terme à l’économie informelle. Pour relancer la dynamique de croissance, le Femise suggère de miser davantage sur « l’innovation et le progrès technologique que sur l’accumulation de capital ». 

(*) Jean-Louis Reiffers est président du Conseil Scientifique du Femise et de l’Institut de la Méditerranée en France. 

(**) Ahmed Galal, président du Femise et directeur de l’Economic Research Forum en Égypte 

photo C. Garcia
Article réalisé en partenariat avec le Femise

Par Nathalie Bureau du Colombier - Source de l'article Econostruminfo

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