Energie : quels partenariats possibles entre la France et le Sud de la Méditerranée ?

Dans un rapport, le CGEIET souligne des coproductions "prometteuses" en matière d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique entre les deux rives. L'expertise et l'industrie françaises ayant de "réels atouts" dans ces technologies.

Saisi en octobre 2012 par les ministres du Commerce extérieur et du Redressement productif, le Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGEIET) a publié le 4 avril sonrapport visant à étudier les possibilités de partenariats industriels à long terme entre la France et cinq pays de l'arc sud méditerranéen, à savoir le Maroc, l'Algérie mais aussi la Tunisie, la Libye et l'Egypte frappées par les "printemps arabes" de décembre 2010.

Ce rapport vise à "promouvoir le co-développement productif durable" entre la France et ces pays de l'Afrique du Nord, face à une situation "sociopolitique instable" dans la région. En novembre 2012, l'ex-ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq avait présenté son plan d'actions pour développer l'export des filières "compétitives" en couplant l'offre commerciale française avec les demandes des pays à l'horizon 2022. Parmi ces filières figurent l'efficacité énergétique et les écotechnologies (eau, air, déchets…).

EnR : un marché local "insatisfait"

La filière" énergie" dont les énergies renouvelables (EnR)"paraissent prometteuses", conclut le CGEIET. Le secteur de l'énergie "repose sur des ressources naturelles, hydrocarbures pétrole ou soleil, dont sont largement pourvus les pays du sud-méditerranéen. Néanmoins, ces pays ne maîtrisent pas les technologies requises : extraction, électronique,...", relève-t-il. Des coproductions pourraient s'avérer possibles "car la ressource est disponible et le marché local insatisfait. La France peut apporter des technologies, les améliorer localement au sein de filières technologiques à créer en partenariat", explique le Conseil.

"L'environnement des affaires et les normes deresponsabilité sociétale et environnementale d'une part, l'accès à une énergie sobre en carbone et correctement distribuée d'autre part" sont des domaines pour lesquels"l'expertise et l'industrie françaises ont de réels atouts",affirme le CGEIET.

Reste à "influencer" les bâilleurs de fonds. CDC-Climat Asset Management, filiale de la Caisse des Dépôts, et Proparco, filiale de l'AFD (Agence française de développement) spécialisée dans le financement du secteur privé, sont labellisés par l'UNFCCC (Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) pour la méthodologie de financement des énergies renouvelables au Maroc, en Tunisie, en Egypte et au Liban.

"Les projets qui seront financés sur cette méthodologie obtiendront automatiquement la certification des Nations Unies pour la réduction de carbone qu'ils pourront générer", indique le rapport. En mai 2011, les deux organismes de financement avaient conclu un partenariat afin d'investir en commun 30 millions d'euros dans des projets de réduction d'émission de carbone en Afrique subsaharienne et Méditerranée.

Quid du Plan Solaire Méditerranéen ?

En octobre 2013, le Président François Hollande a fait part de son souhait de "construire" avec ses partenaires une "Méditerranée des projets, utile aux populations des deux rives". Ce qui pourrait relancer l'Union pour la Méditerranée (UPM), lancée en 2008 par son prédécesseur Nicolas Sarkozy et son Plan Solaire Méditerranéen (PSM) au point mort, fragilisés par les "révolutions arabes" et la crise économique. Le PSM a pour objectif de développer une capacité de production d'énergies renouvelables supplémentaire de 20 GW (gigawatts) dans la région d'ici 2020 (dont 5 GW exportés vers l'Europe) et de renforcer l'efficacité énergétique.

En décembre 2013, les ministres de l'Energie de la Méditerranée, réunis à Bruxelles, n'ont pas adopté le plan directeur du PSM qui doit servir de "document stratégique officiel" pour promouvoir les EnR, renforcer les interconnexions électriques entre les deux rives de la Méditerranée et développer des marchés régionaux intégrés. L'Espagne a fait valoir son droit de veto, craignant une pression sur son propre marché de l'énergie, avait déploré l'eurodéputé Gaston Franco (Groupe du Parti populaire européen).

Par Rachida Boughriet - Source de l'article Actu Environnement

Aucun commentaire: