Euromed/Coopération industrielle - Une déclaration finale pleine de bonnes intentions

  • Objectif: créer un grand marché régional de produits industriels
  • Après la crise, le Sud offre plusieurs alternatives au Nord
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La 9e réunion ministérielle sur la coopération industrielle Euromed s’est achevée le 19 février à Bruxelles. Co-présidée par Antonio Tajani, commissaire européen à l’Industrie et à l’Entreprise, et Hatem El Halawani, ministre jordanien de l’Industrie et du Commerce, la réunion ministérielle a été marquée par une déclaration conjointe qui appelle à renforcer le soutien aux PME et à progresser encore dans la réalisation de la dernière ambition de ce partenariat, à savoir la création d’un grand marché Euromed des produits industriels.

«Après les multiples crises qui les ont frappées ces dernières années, les entreprises européennes cherchent un nouveau souffle. Dans ce contexte, nos voisins du Sud présentent des atouts indéniables: marchés de proximité en croissance, main-d’oeuvre abondante, dont de nombreux jeunes qualifiés, sources d’énergie variées, position de tremplin vers d’autres marchés du monde, besoins énormes en infrastructures et en transfert de technologies, pratiques administratives et langues proches, liens historiques…». 
C’est en ces termes qu’Antonio Tajani, a introduit les débats de la 9e réunion ministérielles Euromed sur la coopération industrielle. Selon lui, les deux rives de la Méditerranée doivent conjuguer leurs efforts et créer un environnement où les entrepreneurs peuvent prendre leurs initiatives et collaborer dans les meilleures conditions. L’enjeu est de contribuer au bien-être des citoyens au sud comme au nord de la Méditerranée, notamment en créant des emplois de qualité. «Nos chantiers sont les mêmes: simplifier les procédures administratives, améliorer l’accès au financement, stimuler l’innovation, faciliter l’internationalisation des entreprises, développer les compétences et soutenir l’entrepreneuriat avec une attention particulière pour les jeunes générations», a souligné le commissaire italien. 
Rappelant que l’UE a développé une panoplie d’outils performants en faveur des entreprises comme par exemple les «tests PME» ou des outils de gouvernance comme les «ambassadeurs des PME». Aujourd’hui, l’UE se dit «prête à partager ces outils avec les partenaires du Sud». Pareil pour les services de soutien aux entreprises qui travaillent en réseaux et qui se disent ouverts à la coopération avec les voisins du Sud, que ce soit «Enterprise Europe Network», les réseaux de clusters, le programme COSME pour la compétitivité des entreprises et des PME ou encore les «Missions pour la croissance». «Les pays de l’Afrique du Nord sont pour nous une passerelle essentielle vers l’ensemble du continent africain», a précisé le commissaire. Dans cette optique, il a invité les participants à se retrouver au prochain «Sommet UE/Afrique sur les affaires» qui doit se tenir les 31 mars et 1er avril prochains à Bruxelles. 
En vue de construire un grand marché Euromed de produits industriels, Antonio Tajani a invité les partenaires du Sud à poursuivre leurs efforts de mise en conformité de leurs produits industriels et à notifier leurs réglementations techniques à l’OMC «afin d’éviter les barrières techniques au commerce entre l’UE et les pays du Sud». Le commissaire a par ailleurs appelé à multiplier les dialogues Nord-Sud tels que celui sur l’avenir du secteur du textile/habillement qui marquera son 10e anniversaire par une conférence sur le design, la créativité et l’innovation, les 24 et 25 mars prochains à Florence ainsi que les échanges de bonnes pratiques dans les secteurs d’intérêt commun (par exemple la formation de groupements dans les secteurs de l’industrie de la création).

Catalogue

La Déclaration conjointe, qui a été adoptée par les ministres, vise essentiellement à intensifier la mise en réseau des entreprises et des services de soutien aux entreprises dans les pays méditerranéens, à poursuivre la création d’un grand marché industriel euro-méditerranéen, ce qui comprend la préparation et la négociation des accords sur l’évaluation de la conformité et l’acceptation des produits industriels, à instaurer des dialogues dans les domaines d’intérêt commun, tels que le dialogue sur l’avenir du secteur du textile-habillement et échanger les meilleures pratiques. Les ministres ont également adopté le programme de travail à mettre en œuvre en 2014 2015 et ont examiné les méthodes destinées à poursuivre l’amélioration du climat des affaires et à promouvoir l’entrepreneuriat, l’innovation et les PME en se fondant sur le «Small Business Act» pour l’Europe(2). L’objectif est d’encourager les PME à innover, à exporter, à travailler en réseau et à s’internationaliser. L’intérêt étant de créer un grand marché pan-euro-méditerranéen pour les produits industriels.

Climat des affaires

Les conclusions de l’évaluation de la mise en œuvre par les partenaires du Sud de la «Charte Euromed pour l’entreprise»(3) ont été entérinées par les ministres et devraient orienter les réformes futures. Cette évaluation, réalisée par l’OCDE et la FEF (Fondation européenne pour la formation) a montré que les progrès accomplis dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique en faveur des PME n’ont été que «modestes, graduels et disparates dans tous les pays et tous les secteurs». Toutefois, à la suite du processus de transition dans certains pays, des organisations du secteur privé sont devenues plus actives et de nouvelles associations, dont certaines sont porte-parole de nouveaux entrepreneurs, ont vu le jour. Dans l’ensemble de la région, le dialogue entre les secteurs public et privé est plus ouvert et plus constructif. Il a contribué à améliorer la qualité de la politique des pouvoirs publics en faveur des petites entreprises. Présent à la réunion ministérielle, Fathallah Sijilmassi, secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (Up 
M), a indiqué que l’évaluation de la mise en œuvre de la charte euro-méditerranéenne «nous met tous dans une grande responsabilité, celle de poursuivre les efforts en cours pour renforcer et soutenir efficacement la croissance du secteur privé et de l’innovation». 

Processus régional

La coopération industrielle euro-méditerranéenne est un processus régional coordonné par la Commission européenne. Elle devra permettre le partage d’informations sur les PME et les politiques et programmes en matière d’industrie, ainsi que de faciliter le transfert de savoir-faire et de bonnes pratiques à l’échelle euro-méditerranéenne. L’idée sous-jacente est d’évoluer vers une région euro-méditerranéenne dans laquelle les PME européennes et méditerranéennes peuvent être constituées, se développer, créer des emplois, exporter, importer, investir et établir des partenariats commerciaux. Les ministres de l’industrie des pays euro-méditerranéens se réunissent en principe tous les deux ans pour dresser le bilan des progrès accomplis et définir les priorités pour les années à venir. Ces priorités sont traduites en des programmes de travail pluriannuels. 

(1) Une cinquantaine de personnalités ont participé à la réunion dont une douzaine de ministres des deux bords, des représentants d’institutions Euromed ainsi que des associations d’entreprises nationales et des organisations internationales. Le Maroc était représenté par Latifa Echihabi, secrétaire générale du ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’investissement et de l’économie numérique.
(2) Adopté en juin 2008, le «Small Business Act» pour l’Europe a pour objectif d’améliorer l’approche générale en matière d’entrepreneuriat, d’ancrer de façon irréversible le principe «Penser aux PME d’abord » tant dans le processus législatif que dans le comportement des administrations, et de promouvoir la croissance des PME en les aidant à surmonter les problèmes qui continuent à entraver leur développement.
(3) Adoptée en 2004, la Charte formule des lignes directrices dans onze domaines en vue d’améliorer le climat des affaires dans l’ensemble de la zone Euromed.

Source de l'article l'Economiste

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