Tunisie : après avoir écrit l'Histoire, ce pays doit construire son avenir

La Tunisie a écrit l'Histoire avec un grand H. Sans faire l'économie d'une approche rétrospective pour apprendre de son passé, ce pays doit construire son futur. Son principal atout est son peuple doté d'une capacité d'adaptation impressionnante. Encore faut-il que les Tunisiens travaillent tous dans la même direction.

Incontestablement, en cette année 2011, la Tunisie a écrit l'Histoire.

Mais en se libérant, le courageux peuple tunisien n'imaginait sans doute pas les difficultés qui l'attendaient.

Certes, on est loin des lourds bilans qu'ont connus des pays ayant traversé des événements similaires. Comme la France dont la révolution s'est soldée par 100 000 morts (dont 10 000 guillotinés) et qui a mis plus de 100 ans pour retrouver une stabilité sociale, politique et économique. Ou comme des pays tels la Libye, l'Égypte ou la Syrie qui témoignent de la difficulté à retrouver une situation normale après avoir remis en cause un ordre établi. 

Mais à vrai dire, la confiance doit l'emporter pour la Tunisie. Car ce pays, pour ceux qui le connaissent, est doté d'atouts extraordinaires.

Il faut passer ici rapidement sur sa riche histoire dont de magnifiques vestiges, pas toujours valorisés, témoignent encore aujourd'hui.

On ne peut aussi s'attarder trop longtemps sur la beauté des paysages et leur diversité. Et il ne s'agit pas seulement de ses magnifiques plages qui sont parfois trop exposées par rapport une Tunisie de l'intérieur ou du sud tout aussi accueillante et riche de trésors à découvrir.

Car le principal atout de la Tunisie est son peuple. Tout son peuple quels que soient son genre, sa religion ou sa couleur.

Et parce qu'il ne possède pas de ressources naturelles fortes comme le pétrole, le peuple tunisien a très tôt misé sur son intelligence, son instruction et sa capacité d'adaptation. Ainsi, même s'il y a des choses à revoir sur son système éducatif par exemple, la Tunisie possède l'un des taux de scolarisation les plus élevés d'Afrique ou celui de la plus forte connectivité en termes d'outils numériques.

Cette absence de richesse naturelle a aussi toujours obligé le Tunisien à s'ouvrir sur l'autre, à apprendre des langues étrangères, à s'adapter et à réussir ailleurs. Il y a des success-stories tunisiennes un peu partout dans le monde. Que ce soit à la NASA ou dans de grandes banques ou universités européennes, des Tunisiens réussissent partout.

Oui, l'atout majeur de la Tunisie est intrinsèque. Elle est dans son peuple.

Mais pour que cet atout soit efficient, il est temps que les Tunisiens avancent ensemble et dans la même direction. Et ici, il ne s'agit pas de déclamer une naïve pensée idéaliste.

Non, bien au contraire, car ce qui bloque actuellement l'avancée de la Tunisie malgré le foisonnement de compétences individuelles tunisiennes (en Tunisie et de par le monde) que nous avons soulignées, c'est le fait que les Tunisiens ne forment pas un cercle. Les Tunisiens aujourd'hui regardent leurs différences au lieu de regarder leurs ressemblances.

Quels que soient leur religion, croyances, genre, les Tunisiens doivent viser dorénavant la même cible. Le développement de la Tunisie. Il faut sortir des débats stériles à l'issue desquels quand on tire le trait de l'addition ne subsistent que rancœur contre l'autre et manque d'espoir dans l'avenir.

Et pour cela, les Tunisiens et Tunisiennes doivent arrêter de "jouer les uns contre les autres" dans de petites querelles tuniso-tunisiennes qui fragilisent au final toute la Tunisie. À une époque où la force se construit sur le réseau, il est dommage que les Tunisiens soient des énergies isolés. Imaginez l'association de toutes ces compétences pour atteindre un même but ?

Au moment où ces lignes sont écrites, un nouveau premier ministre tunisien va prendre place. Beaucoup lui demandent énormément comme si c'était l'homme providentiel. Lui même, dans une démarche raisonnable, répond en affirmant qu'il ne fera pas de miracles. Vu la tâche, c'est une sage posture.

Mais ce qu'il pourrait faire en revanche pour aider la Tunisie, c'est tout mettre en oeuvre pour réconcilier les Tunisiens avec eux-mêmes et tel un capitaine d'équipe les faire travailler ensemble en harmonie. De faire en sorte que le climat s'apaise et que les énergies de tous les Tunisiens et les Tunisiennes soient mobilisées contre les vraies batailles que sont la santé, la pauvreté, l'éducation, le dynamisme économique de la Tunisie.

Oui, il faut avoir confiance en la Tunisie. Surtout si les Tunisiens travaillent dans le même but.

Source de l'article les Echos

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