Interview - Serge Moati présente "Méditerranéennes: 1001 combats"



Serge Moati ©Sipa
TéléObs. - Comment l'idée de ce documentaire est-elle née ?
Serge Moati. - Je suis de nationalité méditerranéenne. Je connais, j'aime ces pays. Je suis né en Tunisie et j'y retourne tout le temps. C'est d'ailleurs à l'occasion d'un séjour là-bas que j'ai été touché par ces femmes remarquables qui se battent pour leur dignité. Un message qui, en 2011, a fait le tour du bassin méditerranéen. D'où le titre : « 1001 Combats ». Je me suis aussi beaucoup indigné, à ma façon, face à ceux qui disaient que les pays arabes n'étaient pas faits pour la démocratie. Quand les islamistes sont arrivés au pouvoir en Tunisie et en Egypte, ces mêmes personnes ont répété : « Vous voyez, ça ne pourra jamais marcher. » Je ne veux pas croire qu'il y ait une fatalité. J'ai donc décidé de faire ce voyage autour de la Méditerranée à la rencontre de ces femmes qui, après des printemps magiques, vivent des hivers rigoureux, sans jamais perdre espoir.

Pas évident pourtant de comparer le combat d'une Tunisienne à celui d'une Italienne ou celui d'une Egyptienne à celui d'une Espagnole...
C'est la Méditerranée qui unit ces femmes. La Mare nostrum n'est pas qu'une formule. Tous ces soulèvements ont eu lieu de façon concomitante un peu partout. Et puis, dans tous ces pays, il y a un même rapport à la société, aux hommes, à leur côté macho. Même si, évidemment, les niveaux de vie diffèrent. La femme voilée et la femme bimbo - celle mise en avant à la télé italienne ou dans les clips libanais qui circulent - sont presque les deux faces d'une même médaille. L'une est cachée, l'autre est exhibée mais, derrière, il y a toujours l'idée d'une femme qui fait peur aux hommes. Et l'enfermement est le même car la bimbo doit correspondre à tous les fantasmes, obéissant ainsi à un genre très codifié. Qu'elle soit voilée ou non, la femme doit être soumise. Aussi, la révolution dans la révolution, c'est le corps nu de la femme. Car l'objet du délit, c'est ce corps. Il représente le tabou des tabous.

Avez-vous rencontré des difficultés lors du tournage ?
C'est toujours compliqué de tourner. Il y a d'abord eu un repérage puis plusieurs allers et retours rapides dans des situations très tendues. Même si ces femmes sont incroyablement courageuses, on ne voulait pas qu'elles aient des ennuis après. Car certaines sont sous surveillance et l'une d'elles fait même l'objet d'une fatwa. Après, le projet a beaucoup évolué en un an et demi de temps. Au départ, ce devait être quelque chose de plus personnel, une sorte de voyage à la façon d'Ulysse qui chercherait sa Pénélope à lui version 2012. Mais, finalement, on a opté pour un documentaire plus concret.

Avec quel message ?
Un message d'amour et de respect pour ces femmes qui se battent. Je voulais les montrer, j'avais envie de les donner à aimer. J'espère que le film pourra les aider dans leur combat.




Par Flore de Bodman - Source de l'article TéléObs

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