Maroc : un récent rapport jette un nouvel éclairage sur le lien entre compétences et migration


Quarante-deux pour cent des Marocains aimeraient émigrer mais 9% seulement disposent des informations, des papiers et de l’argent nécessaires pour mener à bien ce projet. Tels sont les résultats de la plus importante étude menée à ce jour au Maroc sur la migration et publiée aujourd’hui par la Fondation européenne pour la formation (ETF). 
L’étude révèle également que 62 % des Marocains ayant émigré indiquent avoir appris une langue étrangère ou acquis de nouvelles compétences techniques ou professionnelles à l’étranger.
 

L’étude « Migration et compétences » a mené une recherche documentaire ainsi qu’une enquête auprès de 2 600 émigrés potentiels et 1 400 travailleurs migrants rentrés au Maroc. 
 
Elle se propose de contribuer à l’amélioration des politiques migratoires, dans l’UE et au Maroc, en diffusant des données et des analyses de qualité. L’ETF a déjà réalisé des études similaires en Albanie, en Égypte, en Tunisie, en Ukraine et au Tadjikistan (2006-08) ainsi qu’en Arménie et en Géorgie (2011-12).
 
Le rapport d’étude a été publié lors d’un séminaire qui a réuni, à Rabat, des institutions marocaines clés – ministère de l’emploi et de la formation professionnelle, ministère en charge des Marocains vivant à l’étranger – ainsi que des représentants de l’UE et des chercheurs.   
 
Le processus de migration de la main-d’œuvre marocaine vers l’Europe a commencé il y a plusieurs dizaines d’années déjà. Environ 3 millions de Marocains ont quitté leur pays et vivent aujourd’hui à l’étranger et quatre travailleurs migrants marocains sur dix sont des femmes. 
    
Principaux faits et chiffres de l’étude :
  • 42 % des Marocains disent envisager d’émigrer. C’est à Agadir (52 %) et à Marrakech (49 %) que ce désir d’émigration est le plus marqué.
  • 9 % seulement des Marocains souhaitant émigrer disposent des informations, des papiers et de l’argent nécessaires pour mener à bien ce projet.
  • Les premiers pays d’immigration sont la France (32  % des travailleurs rentrants), l’Espagne (21 %) et l’Italie (15 %). 
  • Les Marocains privilégient l’émigration de longue durée : 53 % des travailleurs rentrés au pays ont vécu plus de 7 ans à l’étranger.
  • La situation économique est la principale raison invoquée, mais le niveau de bien-être économique n’influence pas le désir d’émigration. 
  • La plupart des migrants travaillent dans des hôtels et des restaurants ainsi que dans les secteurs du bâtiment et de l’agriculture.  
  • 60 % des Marocains de retour au pays travaillaient au moment de l’étude, alors que seulement 46 % des migrants potentiels ont un emploi, ce qui tend à indiquer que la migration a un impact positif sur l’employabilité.   
  • 31 % des émigrés, surtout les diplômés de l’enseignement supérieur, ont bénéficié d’une formation à l’étranger.  
  • 62 % des migrants disent avoir appris une langue ou avoir acquis de nouvelles compétences techniques ou professionnelles mais un tiers seulement ont pu faire reconnaître leurs qualifications marocaines. 
  • Environ 45 % des travailleurs migrants marocains ont travaillé à l’étranger en dehors de tout contrat de travail, ce qui a limité leurs droits aux allocations sociales ou à la pension. 
  • La migration n’améliore pas le niveau de vie des Marocains : 74% ont vécu dans la pauvreté. 
  • Rentrés au Maroc, les travailleurs migrants font davantage preuve d’esprit d’entreprise : 26 % ont leur propre entreprise (contre 20 % dans le reste de la population) et 20 % emploient eux-mêmes des travailleurs (contre 7 % dans le reste de la population).
  • Les programmes gouvernementaux en faveur des migrants sont peu connus. 
  • Les Marocains rentrent dans leur pays d’origine essentiellement pour des raisons familiales (26%) ; 5% seulement reviennent pour investir.  
 
Le rapport de l’ETF préconise plusieurs mesures pour que toutes les parties impliquées retirent davantage de bénéfices de la migration : le pays d’origine, le pays d’accueil et les migrants eux-mêmes. Il s’agit notamment des mesures suivantes : 
  • accès aux informations sur les besoins du marché du travail dans l’UE,  
  • reconnaissance des qualifications marocaines dans l’UE,
  • reconnaissance au Maroc des compétences acquises de manière informelle à l’étranger,  
  • soutien aux personnes rentrant au Maroc, y compris formation à l’entrepreneuriat,
  • meilleure utilisation des envois de fonds des migrants, et  
  • accès à l’information sur les programmes gouvernementaux en faveur des migrants.  
 
La Fondation européenne pour la formation est une agence créée par l'Union européenne qui vise à contribuer au développement des systèmes d'éducation et de formation de ses pays partenaires européens. Dotée d'un budget annuel de 18 millions d'euros, elle a pour mission d’aider les pays en développement et en phase de transition à exploiter le potentiel de leurs ressources humaines par le biais de réformes dans les secteurs de l’éducation, de la formation et de l’emploi, dans le cadre de la politique de relations extérieures de l’UE.  
 
Pour en savoir plus
EU Neighbourhood Policy Info Centre – Page web sur les migrations
Euromed Migration III – Fiche et actualités
 

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