Investissement en Afrique du Nord - Les institutions plus frileuses que les investisseurs



  • La Banque Mondiale et Moody’s se montrent réticentes
  • Ne pas faire d’amalgame entre prudence et frilosité, indiquent les investisseurs
  • Le Maroc s’en sort mieux que les autres pays de la région
Investissement en Afrique du Nord Les institutions plus frileuses que les investisseursDeux sons de cloche sur l’attractivité de la région de l’Afrique du Nord. D’un côté, des institutions comme la Banque mondiale et Moody’s Investor très prudentes.

Elles estiment, en effet, que le chemin est encore long et que le printemps arabe a justement créé un grand remous dans la région avec des investisseurs qui ne se sentent plus en sécurité. Et de l’autre, les investisseurs qui estiment qu’il faut y aller et rapidement pour saisir les opportunités. 
Un avis partagé par Jean Bernard Guerrée, président de la WIC (World investment conference) qui organise, depuis le 20 mars à Marrakech, sa première conférence internationale dédiée à l’Afrique.
Pour ces institutions, les investisseurs ne doivent plus regarder uniquement les facilités, mais l’efficience du pays. Allusion est principalement faite à la stabilité politique dans les pays d’Afrique du Nord, mais aussi les aspects liés à l’économie, à l’innovation, l’éducation et surtout la formation professionnelle. «Il existe encore de grands déficits au niveau des ressources humaines médianes même dans un pays comme le Maroc, qui reste, toutefois, le plus stable dans la région», analyse Jean Pierre Chauffour, économiste en chef de la Banque mondiale, lors de la première conférence internationale de l’investissement dédiée à l’Afrique. L’Agence marocaine pour le développement des investissements (AMDI) en est bien consciente. «Au Maroc, nous travaillons sur la création de toute une chaîne de valeur et former les ingénieurs, les ouvriers, les agents de terrain.

Et c’est à ce moment que le pays devient compétitif», souligne Ahmed Fassi Fihri, directeur des investissements à l’Amdi.
L’autre son de cloche vient des investisseurs qui ont cru en l’Afrique du Nord. Pour Maurice Benassayag, vice-président senior chargé des affaires publiques à Alstom, «il faut faire la différence entre prudence et frilosité. 
On comprend que les investisseurs mesurent les risques, mais il faut savoir parfois saisir les opportunités». Alstom qui est présente dans les marchés de transport de la plupart des pays de la région compte se positionner également sur le secteur des énergies renouvelables, notamment au Maroc. Pour Mohamed El Mandjra, directeur général de Méditel, il est difficile de parler de la région comme un bloc car le Maroc s’en sort visiblement mieux que les autres.
L’opérateur qu’il dirige est justement le fruit d’un investissement étranger et qui a démarré en start-up pour devenir une entreprise des plus performantes au Maroc. El Mandjra recommande, surtout aux futurs investisseurs intéressés par le Maroc, le bon choix du partenaire local. Omar Chaâbi, vice-président exécutif d’Ynna Holding et vice-président du conseil de surveillance PNB Napeo, ne va pas lui non plus par quatre chemins: «Les défis à relever existent, mais ne sont pas si redoutables ni insurmontables. Et c’est le moment d’investir en Afrique du Nord».
Si le continent est encore perçu peu attractif comparé au reste du monde, c’est par des entreprises qui ne sont pas encore implantées sur le continent, analyse de son côté Abdelkader Amara, ministre de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies. Et un des objectifs de la conférence d’investissement dédiée à l’Afrique du Nord est justement la sensibilisation des grands groupes, mais aussi des entreprises à taille intermédiaire pour les rassurer d’abord et leur présenter les plateformes existantes dans les pays de la région. Le rendez-vous d’affaires de haut niveau réunit une centaine d’investisseurs étrangers d’Europe et du Moyen-Orient désireux de s’engager dans des relations d’affaires mutuellement profitables.
Par Badra BERRISSOULE – Source de l’article L’Economiste

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