Exportations textile : Guerre des chiffres


Les dirigeants de l’Amith sont catégoriques. Malgré la chute de la demande en Europe (5,7% de moins par rapport à 2011, d’après Eurostat), au Maroc, les exportations textile sont restées quasi stables, enregistrant même un léger mieux estimé à 0,2% à fin 2012, selon les dernières statistiques de l’Association marocaine des industries du textile et de l’Habillement.

 «En 2012, et selon les remontées régionales, les professionnels assurent que 2012 est une année stable, sans grand changement avec l’année précédente, ce qui est en soi une prouesse au regard de la crise en Europe», explique Mohamed Tazi, DG de l’Amith. Une affirmation qui dément les chiffres de 2012 d’Eurostat, cités par Cedith (Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement), dans une note du mois de mars, qui eux continuent d’annoncer une baisse des exportations marocaines vers l’UE. Celles-ci auraient chuté de 8,4% durant les 12 mois de l’année dernière. «Il est très risqué d’annoncer une telle chute, sachant que les calculs sont effectués sur la base d’indices annuels, et que celui de 2012 est globalement positif», rappelle Tazi. Ce n’est pas la première fois, en effet, qu’une telle divergence de chiffres revient dans des rapports internationaux. En effet, l’Amith avait déjà invoqué auparavant «une différence des modes de calculs et même un manque de convergence entre les différents organes de l’Etat» (cf. notre édition N°3965 du 11/02/2013, Textile: Couacs autour des chiffres).
D’après les statistiques de l’Office des changes sur l’export (2011-2012), c’est le marché portugais qui cartonne sur trois segments: le textile habillement (TH) (26%), le marché de la maille (69,1%) ou encore le chaîne et trame (C&T) (3,8%). Bonne nouvelle également du côté du marché américain, qui a un excellent comportement avec des chiffres qui talonnent ceux de la demande portugaise (voir tableau).
Exportations textile: Guerre des chiffresPour le Cedith, les fournisseurs ont bien profité de ce marché. Alors que les importations textile-habillement américaines, toutes origines confondues, ont stagné en 2012, celles en provenance des fournisseurs méditerranéens se sont distinguées avec une augmentation de 5,7%, atteignant une valeur de 3,5 milliards de dollars. 
Cedith précise toutefois que les exportations du Maroc sont très en deçà de ce que son accord préférentiel avec les Etats-Unis lui permettrait d’espérer.
En termes de coûts salariaux, le Maroc et la Tunisie restent attractifs dans un marché concurrencé par de grandes puissances, à savoir la Chine ou encore la Turquie. «Alors que le commerce mondial d’habillement a reculé en 2012, le secteur turc a enregistré une légère progression de ses ventes sur les marchés internationaux. 
Ceci en dépit de coûts salariaux relativement élevés, comparativement à ceux de nombreux pays concurrents d’Asie, de Méditerranée et même d’Europe: 2,11 euros/heure de salaire brut minimum en Turquie contre 1,02 euro au Maroc, 0,77 euro en Tunisie, 0,80 en Bulgarie, 0,94 en Roumanie, 0,25 euro au Bangladesh,…», selon les experts. Ces derniers précisent que sur le marché français, les fournisseurs méditerranéens ont moins résisté en 2012.
Le recul des importations françaises d’habillement a été limité à 3%, pour atteindre une valeur de 11,97 milliards d’euros. A l’exception de la Turquie qui a réussi à stabiliser ses ventes à leur niveau de 2011, tous les grands fournisseurs ont enregistré une chute de leurs exportations vers la France. Les fournisseurs méditerranéens (Turquie, Maroc, Tunisie, Egypte, Syrie, Israël, Liban, Algérie) de la France ont moins bien résisté en 2012 (-4 %) que les fournisseurs asiatiques (-3%) et ont ainsi vu leur part de marché dans les importations françaises extra-européennes tomber à 22,4%. La Chine demeure de très loin le premier fournisseur de la France en habillement.
Source de l’article l’Economiste

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