Europe - Maroc : un nouveau plan d'action 2013 - 2017 avec des centaines de millions d'euros d'aides européennes en vue

Lundi 16 décembre se tenait à Bruxelles le Conseil d'association Union européenne - Maroc dans le cadre du "statut avancé" du royaume. Sans surprise, le "Plan d'action commun"  couvrant de très nombreux domaines économiques, politiques  et sociaux a été validé. Dans ce cadre, l'Europe a déjà donné plus de 700 millions d'euros au Maroc depuis 2009. Et cela doit continuer.
Conseil d'association Europe Maroc le 16 décembre à Bruxelles
Conseil d'association Europe Maroc le 16 décembre à Bruxelles
Un véritable "road map". Tel est le sens du "Plan d'action commun" adopté à Bruxelles par la 11ème session du Conseil d'association Union européenne Maroc qui s'est tenu le 16 décembre à Bruxelles. 
Celui-ci, qui succédait à la session d'avril 2012, réunissait (notamment), Salaheddine Mezouar, ministre des affaires étrangères du Maroc (photo ci dessous), Stefan Füle, Commissaire européen en charge de l'élargissement et de la politique de voisinage et Linas Linkevicius, ministre des Affaires étrangères de Lituanie (pays président l'Europe ce semestre) représentant Catherine Ashton, la Haute Représentante à l'action extérieure.
"Cette réunion ministérielle confirme la dynamique positive des relations bilatérales et marque une nouvelle étape dans le développement des relations entre le Maroc et l'Union européenne par l'adoption du nouveau Plan d'Action commun 2013-2017 dans le cadre du statut avancé", indique un communiqué du Conseil de l'Union européenne.
Le "Plan d'action commun" extrêmement détaillé, et publié en avril dans une version provisoire qui n'a pratiquement pas varié depuis, couvre un grand nombre de sujets économiques, sociaux et politiques. Pour l'essentiel, il s'agit de rapprocher l'ensemble des structures du Maroc des standards européens aussi bien sur les droits humains, que la politique commerciale, le soutien à l'innovation, la structuration des filières industrielles, la gouvernance des collectivités locales ou la justice. Un énorme effort donc.
Tout cela s'inscrit dans le "Statut avancé" obtenu auprès de l'Union européenne le 13 octobre 2008 lors d'un sommet à Luxembourg, une première pour un pays du sud de la Mediterranée et qui faisait suite au précédent accord d'association datant lui de 2000.
Le Maroc est un "partenaire clé" et l'Europe "l'encourage a poursuivre ses réformes" a indiqué Linas Linkevicius en fin de journée à Bruxelles lors d'une conférence de presse (voir vidéo à la fin de cet article).

Engagements financiers 

Cela passe, selon lui, par ce Plan d'action mais aussi par l'Accord de libre échange complet et approfondi (ALECA ou DCFTA en anglais) en négociation depuis le 1er mars ou encore le "partenariat pour la mobilité" lancé en juin dernier, comprendre une facilitation à terme de la circulation des personnes et de l'obtention des visas.
Alors que l'Union européenne est à la peine dans sa politique orientale en Ukraine notamment et qu'au sud l'équilibre institutionnel instable en Tunisie (candidate elle aussi au statut avancé) complique ses marges d'action, le Commissaire Stefan Füle a lui estimé que "2013 était un année remarquable pour nos relations avec le Maroc, mais que nous pouvons faire encore beaucoup".
Citant les dossiers en cours dont l'accord de pêche UE-Maroc sur le point d'être définitivement adopté, les discussions sur les visas donc ou même la reconnaissance des Indications géographiques protégées (IGP).
Dans le cadre de sa politique de soutien aux réformes au Maroc et depuis l'obtention du nouveau statut, l'Union européenne a versé au royaume, 786 millions d'euros entre 2009 et le premier semestre 2013. D'autres engagements ont déjà suivi. Sans compter les prêts de la Banque européenne d'investissement (BEI) qui contribuent notamment à financer le développement des énergies renouvelables mais aussi des projets industriels y compris l'installation de Renault à Tanger. Les prêts des dernières années de la BEI au Maroc se chiffrent ainsi à plus de 2,4 milliards d'euros.
Salaheddine Mezouar, pour qui le "Maroc a fait le choix d'une économie ouverte et libéralisée" a lui estimé hier que l'adoption du nouveau "Plan d'action commun", montre la volonté des deux partenaires de "respecter leurs engagements réciproques".
Pierre-Olivier Rouaud - Source de l'article l'Usine Nouvelle 
pcam-bfpme-l-economiste-maghrebinLa Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME) et le PCAM (Programme d’appui à la compétitivité et à la facilitation de l’accès aux marchés de l’UE) ont mis en place un cadre de coopération qui s’est matérialisé par une convention qui sera signée en marge de la première rencontre annuelle des entreprises adhérentes du PCAM, qui aura lieu le jeudi 19 décembre à Tunis.

Il est à signaler que le PCAM est un programme financé par un don de l’Union européenne s’élevant à 23 millions d’euros, ayant pour objectif la contribution à l’amélioration de la compétitivité des entreprises tunisiennes dans le secteur de l’industrie et des services connexes et la facilitation de leur accès au marché international, notamment celui de l’Union Européenne.

En vertu de ladite convention, le PCAM et la BFPME proposeront à la PME tunisienne en activité des réponses à ses besoins, restés jusque-là peu ou non satisfaits.

Le PCAM fournira l’expertise pointue nécessaire (technique, managériale, organisationnelle, financière ou commerciale), en amont.

La BFPME financera, quant à elle, les investissements matériels et immatériels (via le Contrat de Développement) de la PME, en aval. Plusieurs autres modalités de collaboration seront également prévues dans le cadre de ce partenariat.

Il est à rappeler que la première Rencontre annuelle des entreprises adhérentes du PCAM sera placée sous le thème « maîtrise des coûts d’énergie et amélioration de la productivité : vecteurs de compétitivité et de croissance ».

Ce rendez-vous sera l’occasion pour dresser le bilan des missions d’assistance réalisées dans le cadre du PCAM, de valoriser les résultats des actions initiées par plus de 70 entreprises et de présenter les nouvelles orientations stratégiques du Programme.

Par Mohsen Tiss - Source de l'article l'Economiste maghrebin

Une conférence souligne l’importance du dialogue et du renforcement de la confiance entre la société civile et les autorités pour la coopération méditerranéenne



La manière dont les différents acteurs dans la Méditerranée se sont adaptés aux changements historiques du réveil arabe, a été débattue lors d'une réunion d'experts d'Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. La conférence, qui s'est tenue du 5 au 6 Décembre à Malte, a également discuté de la nécessité de développer des mécanismes pour une communication efficace à différents niveaux des sociétés de la région.
 
S'adressant aux délégués par liaison vidéo, Stefan Füle, le commissaire de la PEV, a souligné : «Il est essentiel pour l'UE de maintenir notre engagement dans le voisinage de la Méditerranée, un engagement qui doit être axé sur la demande, transparent et inclusif, englobant tous les secteurs de la société."
 
«La nécessité d'un dialogue continu et structuré est basé sur une conviction profonde, celle que la seule façon de progresser est d'avancer ensemble," a t-il ajouté, selon le communiqué de presse publié par la Fondation Anna Lindh (FAL).
 
La conférence, qui s'est tenue à l'occasion des préparatifs du forum UE-Voisinage Sud prévu l'an prochain à Bruxelles, a été organisée par l'Académie Méditerranéenne d'Etudes Diplomatiques (MEDAC). Elle a eu lieu en réponse à l'appel lancé par le commissaire lors du Forum FAL qui s'est tenu à Marseille en avril dernier, en faveur de la création de mécanismes pour un dialogue structuré dans le sud de la Méditerranée, parmi et entre la société civile, les autorités et l'Europe.
 
La Conférence de Malte a abordé la manière dont les acteurs principaux de la Méditerranée se sont adaptés aux changements historiques du réveil arabe, avec un accent sur :
• la nécessité de nouvelles approches de formation pour les diplomates, les responsables gouvernementaux et les représentants de la société civile dans la région ;
• l’évolution du paysage médiatique et l'impact des changements politiques et sociaux sur les médias traditionnels et nouveaux ;
• Les mécanismes de communication permettant un dialogue à tous les niveaux à travers les sociétés de la région ;
• les modèles les plus appropriés de gouvernance pour la supervision des dialogues régionaux.
 
A l’issue de la conférence, les participants ont relevé l'importance d'investir dans «le renforcement de la confiance» et de promouvoir des «espaces sécurisés pour le dialogue». Dans cette optique, les experts des deux rives de la Méditerranée ont souligné la nécessité d'investir dans des activités de mise en réseau et de dialogue durables au niveau local et régional, impliquant de multiples acteurs, y compris les leaders de la jeunesse, de la société civile, les médias, les autorités et les institutions internationales.
 
La session des conclusions a retenu plusieurs domaines d'action, notamment : des programmes de formation conjoints entre de jeunes diplomates et des dirigeants de la société civile; assurer le rôle des délégations de l'UE dans la région MENA pour faciliter les activités impliquant différents acteurs locaux et régionaux; veiller à la disponibilité de bonnes pratiques et expériences de transition dans le voisinage oriental de l'UE; encourager des initiatives conjointes impliquant la société civile et les médias, ainsi qu'en investissant dans l'éducation aux médias numériques pour les gestionnaires des OSC; mettre en évidence le défi de la traduction pour la coopération trans-méditerranéenne; le rôle des organismes internationaux pour faciliter une meilleure coordination et le travail conjoint entre les plates-formes régionales, les réseaux et les communautés de la région.
 
Les enseignements de la conférence contribueront à la préparation du forum UE-Voisinage Sud de l'année prochaine à Bruxelles, qui permettra de promouvoir des idées pour la création de mécanismes pour faciliter les flux d'information et le dialogue rapproché, la coordination et la coopération dans la région, ainsi que de contribuer à la formation de coalitions d' acteurs travaillant pour la coopération méditerranéenne au niveau local, national et régional.
 
Le Forum de Bruxelles coïncidera également avec le lancement de la dernière édition du Rapport Anna Lindh sur les tendances interculturelles, sur la base de la première enquête Euro-Med réalisée avec les citoyens à travers la région depuis le réveil arabe en 2011.
 
La Fondation Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures promeut la connaissance, le respect mutuel et le dialogue interculturel entre les populations de la région euro-méditerranéenne, grâce à un réseau de plus de 3 000 organisations de la société civile réparties dans 43 pays. Son budget est co-financé par l'UE (7 millions d'euros) et par les États membres de l'UE (6 millions d'euros). 
 
Pour en savoir plus
Fondation Anna Lindh – fiche et actualités 
Fondation Anna Lindh – site internet

La Délégation de l’UE en Libye lance son site internet



La Délégation de l’Union européenne en Libye a lancé son site internet. Celui-ci propose trois principales sections sur les activités de la Délégation dans le pays, les programmes financés par l’UE en Libye et les actualités de l’Union européenne.
 
Les personnes intéressées par les relations entre l'UE et la Libye peuvent prendre connaissance des dernières nouvelles, comme l'annonce de l'UE sur un soutien de € 15 millions pour la Libye pour l'intégration économique et les droits de l'homme, ou accéder aux informations de base sur la Libye et l’UE.
 
Le site internet  propose un  message de bienvenue  de l’Ambassadeur et des informations plus générales sur le rôle de la Délégation. D’autres informations sont aussi disponibles surl’UpM et le processus de paix au Moyen-Orient ou sur l’engagement de l’UE dans le monde sous le titre : ce que nous faisons.
 
Le site offre également des liens vers des sites européens tels que ceux de la Commission européenne ou de la Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton.
 
Plus d’information sur les activités de l’Union européenne en Libye ainsi que des photos et des événements sont accessibles sur la page Facebook de la Délégation. 
 
Pour en savoir plus
Délégation de l’UE en Libye – site internet
Délégation de l’UE en Libye – Page Facebook
EU Neighbourhood Info Centre – Libye

Tribune : La mort annoncée de l'Union du Maghreb arabe

Le nouvel accord bilatéral entre Alger et Tunis pour la constitution d'une zone de libre-échange et la mise en place de l'axe atlantique entre le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal scellent le démembrement définitif du Maghreb.
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Sur les trente dernières années, l'économie mondiale a connu des bouleversements sans précédent et plus de 260 accords régionaux sur les échanges commerciaux ont été notifiés au GATT (General Agreement on Tarifs and Trade, ou Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) et à l'OMC (Organisation mondiale du commerce): Union européenne (EU), Marché commun du Sud (Mercosur), Accord de libre échange nord-américain (Alena), Association des Nations d'Asie du Sud Est (Asean), Conseil de coopération du Golfe (CCG), Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), Union du Maghreb Arabe (UMA)...
L'anecdote de la tomate marocaine
L'UMA, formée de cinq pays (Tunisie, Algérie, Maroc, Libye, Mauritanie) a vu le jour en 1989.
Cet ensemble était perçu comme un impératif géostratégique, un facteur de prospérité et un enjeu de stabilité régionale.
Une trentaine de conventions ont été signées au cours de ces 24 dernières années, beaucoup de temps et d'argent ont été dépensés, sans que les échanges entre les pays membres ne dépassent les 2% de leurs échanges extérieurs, ni que les frontières de certains pays ne soient ouvertes, ni que les visas ne soient supprimés, ni qu'une ébauche crédible d'une quelconque coordination de politiques économiques ou de mécanismes de stabilisation ne soit entreprise... Il arrive souvent que certains produits importés d'Europe soient fabriqués par un membre de l'UMA voisin. La célèbre anecdote de la tomate marocaine, importée en Algérie via Marseille est bien une réalité.

Ce passage par l'Europe des échanges Maroc/Algérie engendre un surcoût du transport de près de 10% et des retards de livraison.
Pourtant il n'y a pas d'Himalaya, ni d'océan qui sépare les pays de l'UMA.
Depuis cinquante ans les rivalités maroco-algériennes bloquent toute intégration régionale.
Dans ce contexte, l'avenir des peuples du Maghreb restera l'otage de l'entêtement jusqu'au-boutiste, dans les escalades et les provocations mutuelles de deux pays, rendant virtuellement impossible la réalisation de toute action unitaire.
Cela coûte très cher à tous les membres de l'UMA.
Sans nul doute, l'histoire sera cruelle avec les élites de ces deux pays.
Quelle que soit la sémantique diplomatique utilisée pour maintenir l'UMA, le résultat est là: un échec patent de tous, un refus de la modernité et de la prospérité, un encouragement pour les idéologies extrémistes.
Chacun sait que l'UMA n'existe que sur le papier. Mais aucun des membres ne veut être le premier à le reconnaitre publiquement.
D'ailleurs, les chefs d'Etat des pays membres ne se sont pas réunis depuis une dizaine d'années. Ce qui en dit long sur son utilité.
La menace islamiste renforce le statu-quo
Avec la montée de l'islamisme en Afrique du Nord, la peur de l'Occident est que cette UMA devienne une union d'islamistes – à grandes barbes ou à barbichettes – d'où l'impérieuse nécessité de freiner l'intégration régionale maghrébine en renforçant les échanges commerciaux avec l'Union européenne.
C'est ainsi qu'on a vu naître un nouvel engouement pour le Maghreb:
- le Processus de Barcelone (en 1995 avec le partenariat euro-méditerranéen, quatre ans après le déclenchement de la guerre contre les islamistes en Algérie);
- l'Union pour la Méditerranée (en 2008 avec «», entre l'Union européenne et les pays du pourtour oriental et méridional de la Méditerranée);
- la Politique européenne de voisinage (PEV);
- le statut d'Etat Associé à l'Union Européenne... pouvant bénéficier aux pays du Maghreb.
Le marché régional maghrébin de 90 millions d'habitants ne verra donc pas le jour.
Le PIB du Maghreb est approximativement égal à celui de la Grèce, pays peuplé de 10 millions d'habitants... et ne représente qu'environ 0,6% du PIB mondial...
L'échec de l'UMA coûte aux pays de la région près de 3% du PIB annuel, une perte d'opportunités de création d'emplois, un manque d'attrait des investisseurs, une fuite des capitaux, une émigration des cerveaux vers l'étranger et un poids marginal dans les négociations internationales.
Sans revenir sur les bienfaits d'une intégration économique et monétaire régionale en termes d'efficience d'allocation des ressources, donc de répartition des coûts de développement ou d'avantages comparatifs, le Maghreb a raté la sortie de son isolement économique face aux zones de libres échanges qui l'entourent (UE, CCG, UEMOA...) et a compromis les chances de toute prospérité partagée.
La division définitive du Maghreb
L'Algérie et la Tunisie viennent de constituer une zone de libre-échange, enterrant sans courage l'UMA, tournant le dos à un grand marché régional et à un avenir non conflictuel dans le Maghreb, au profit de considérations de leadership algérien, caprice de l'époque Boumediene.
Dans ces conditions où la proximité géographique, les opportunités commerciales et les infrastructures routières sont déterminantes dans le choix des partenaires, il ne reste plus donc au Maroc et à la Mauritanie que de construire une zone de libre-échange, seuls ou avec le Sénégal, pays partageant une même langue (le français), une même histoire coloniale et une même religion (l'islam), et qui est aussi leur porte d'accès aux prometteurs marchés du Sud et leur continuité naturelle.
Ce sera l'axe atlantique.
L'Algérie et la Tunisie ont choisi celui de la Méditerranée que la Libye rejoindra très probablement, consacrant de fait la division définitive du Maghreb.
Tel un équilibriste, l'UMA a évolué durant ses 24 années d'existence, sur un fil tenu à une extrémité par l'Algérie et à l'autre par le Maroc, avec en contrebas, l'observateur Union européenne qui attend la chute, en l'espérant spectaculaire. C'est ce qui vient d'arriver avec le nouvel accord bilatéral entre Alger et Tunis.
Finalement, l'entêtement des élites dirigeantes algériennes et marocaines l'a emporté sur les beaux rêves unionistes, les transformant en mirages.
Par Ould Amar Yahya (Administrateur directeur général de la Banque pour le commerce et l'industrie, Mer Rouge, région Afrique de l'Est et Moyen Orient) -  Source de l'article Kapitalis

Convention sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée - Election du Maroc au bureau

La 18e réunion des parties contractantes à la Convention de Barcelone, et ses Protocoles se tiendra à Istanbul, en Turquie, du 3 au 6 décembre 2013
Election du Maroc au bureau de la Convention sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée



Le Maroc a été élu membre du bureau des parties contractantes à la convention de Barcelone pour la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée et de ses protocoles, en qualité de vice-président, apprend-on auprès de la délégation marocaine prenant part à la 18e réunion ordinaire des parties contractantes à cette Convention (COP18), qui s'est tenue du 3 au 6 décembre à Istanbul. 

Maroc_Convention_COP18.jpgLes représentants d'une vingtaine de pays méditerranéens et de l'Union européenne ont discuté, dans le cadre de cette réunion de haut niveau, de l'état de leur environnement marin et côtier commun et examiné les mesures et actions à prendre pour garantir une «Méditerranée saine et productive». 
Le Maroc a été représenté, à cette réunion, par le ministère délégué chargé de l'Environnement, en les personnes de Mohamed Benyahia, directeur du Partenariat, de la Communication et de la Coopération, et de Rachid Firadi et Nassira Rheyati, de la division de coopération internationale. 
Le Royaume a été élu vice-président au bureau de la Convention sur la protection du milieu marin et du littoral du bassin méditerranéen, dont la présidence a été confiée à la Turquie. Ce bureau compte également quatre autres vice-présidents, qui sont la Libye, la Bosnie-Herzégovine, la France et la Grèce. 
Le Maroc a été, également, choisi pour abriter en 2015 la prochaine réunion de la Commission méditerranéenne du développement durable, a déclaré à MAP-Istanbul, Benyahia.
Cette réunion, a-t-il ajouté, sera consacrée essentiellement à l'examen de la nouvelle stratégie méditerranéenne du développement durable, un thème qui s'inscrit en phase avec les projets du Royaume, qui prépare actuellement sa propre stratégie nationale dans ce domaine. 
Les participants à la 18e réunion du COP ont débattu de plusieurs sujets liés notamment aux questions de la pollution, de la biodiversité, de la gestion des déchets marins, de la bonne gouvernance et du développement durable essentiellement dans les villes ouvertes sur la Méditerranée. 
Dans sa déclaration devant cette conférence de haut niveau, qui a vu la participation plusieurs ministres et maires de villes méditerranéennes, le Maroc a mis l'accent sur l'importance de la préservation de l'écosystème méditerranéen, un espace naturel riche et diversifié, mais dont les ressources naturelles restent marquées par leur fragilité face aux pressions humaines constantes et aux risques liés aux changements climatiques. 
Il a, également, souligné l'importance de la coopération régionale et décentralisée pour faire face aux défis dont font face les pays méditerranéens, précisant que cette coopération pourra jouer 'un rôle crucial dans la transformation des stratégies globales en réalisations palpables sur la plan local». 
La déclaration du Royaume a mis l'accent également sur les efforts déployés au Maroc en matière de développement durable, citant notamment dans ce cadre le plan de mise à niveau environnemental, la charte nationale de l'environnement et du développement durable, la nouvelle politique de la ville et le riche arsenal juridique qui concerne les études d'impact sur l'environnement, l'eau, les déchets, la lutte contre la pollution de l'air, les aires protégées, l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables. 
L'urbanisation sur les côtes méditerranéennes a considérablement augmenté au cours des quatre décennies qui ont suivi l'adoption de la Convention de Barcelone. Les populations des pays méditerranéens concentrées sur le littoral ont augmenté de 95 millions d'habitants en 1979 à 155.000.000 en 2010, avec une forte concentration dans les villes. 
Selon le département des Affaires économiques et sociales des Nations-Unies, en 2010, quinze villes côtières de la Méditerranée avaient plus d'un million d'habitants et onze avaient plus d'un demi-million pour un total de cinquante millions de personnes vivant dans les grandes villes le long de la côte méditerranéenne. 
Les Parties Contractantes à la Convention de Barcelone et ses Protocoles tiennent des réunions au niveau ministériel tous les deux ans pour se mettre d'accord sur les politiques, les stratégies, le budget et le programme de travail. La mise en œuvre de leurs décisions est coordonnée par le PNUE-PAM (plan d'action de la Méditerranée).  
Source de l'article le Matin

La dépollution intégrée du Lac de Bizerte coûtera 177 millions de dinars

Lac-bizerte-depollution-l-economiste-maghrebinLe projet de dépollution intégrée du Lac de Bizerte vise à réduire la pollution dans la région, pour améliorer la qualité de vie et dynamiser l’activité socio-économique.

Le coût global du projet est estimé à 177 millions de dinars. Outre le financement de la BERD (20 millions d’euros pour l’ONAS), l’Union européenne (15 millions d’euros sous forme de don) et le budget de l’Etat (5 millions de d’euros).

La BEI contribue au financement du projet par un prêt d’un montant de 40 millions d’euros soit l’équivalent de 90 millions de dinars accordé à l’Etat tunisien, qui le rétrocède aux entreprises publiques chargées de l’exécution du projet à savoir l’ONAS, la STIR, el Fouledh et la Société des Ciments de Bizerte (SCB).

Le projet consiste à la réduction de la pollution industrielle, l’extension et l’amélioration de l’assainissement des agglomérations urbaines autour du Lac, la gestion des déchets solides industriels et l’aménagement des Berges de la zone Nord-Est du Lac.

Le ministère de l’Equipement et de l’Environnement est le promoteur du projet. Un comité de gestion de projet par objectifs sera créé dans le cadre de ce projet. Elle aura pour fonction notamment le contrôle, le suivi des travaux, la gestion financière unifiée du Programme et le reporting technique et financier.

Par Mohsen Tiss- Source de l'article - l'Economiste maghrebin

D’Averroès à Braudel: où en est la Méditerranée aujourd’hui?

Penser la Méditerranée au XXIe siècle : les débats tenus lors des dernières Rencontres d’Averroès à Marseille, fin novembre, sont diffusés toute la semaine dans “La Fabrique de l’histoire” sur France Culture. Un concert de voix fortes, parfois dissonantes, d’historiens, philosophes, artistes…, pour éclairer les zones d’ombre de l’espace méditerranéen aujourd’hui.

Depuis vingt ans, les Rencontres d’Averroès, conçues par Thierry Fabre et organisées par l’espace culture de Marseille, en partenariat avec France Culture, explorent l’histoire et le présent de la Méditerranée pour en saisir les richesses et les failles.

Juriste et philosophe arabo-andalou, né à Cordoue en 1126, Averroès est resté la figure symbolisant la pensée rationnelle dans l’Islam médiéval, le passeur modèle entre les cultures du monde méditerranéen (c’est lui qui réintroduisit la pensée d’Aristote dans la pensée européenne). Sous son patronage symbolique, ces Rencontres réunissent chaque année des penseurs issus de tous les horizons disciplinaires – philosophie, sociologie, histoire, anthropologie, esthétique…

La Méditerranée, “personnage historique”

Les tables rondes, tenues en public, dressent une cartographie spatiale et mentale très précise et articulée des enjeux qui traversent cet espace complexe. Avec en ligne de mire un mystère, à creuser et à sonder, comme une ligne obsessionnelle : la Méditerranée, salué par l’historien Fernand Braudel comme un vrai “personnage historique”, est-elle un espace politique qui fait sens ? Peut-on “essentialiser” la Méditerranée comme un espace qui se suffirait à lui-même, comme un objet de pensée producteur d’enjeux propres ? Ou l’artifice de sa “construction” ne masque-t-il pas des fractures irréversibles entre les parties qui la composent ?

Pour Thierry Fabre, il est décisif d’éviter “les points de vue unilatéraux”.“Nous nous efforçons de penser la Méditerranée des deux rives, et ce, afin d’offir un regard décentré et réciproque sur cet espace”, insiste-t-il. A l’occasion de cet anniversaire, célébré du 28 novembre au 1er décembre dernier, les cinq tables rondes ont eu le mérite de rappeler, synthétiser et dépasser les questions centrales de ces vingt dernières années, sachant que “la tonalité des Rencontres a bien évidemment changé”. “Dans les années 90, nous étions dans un horizon d’attente plus ouvert ; au fil du temps, surtout après le 11 septembre 2001, l’horizon n’a cessé de s’assombrir. Les questions du tragique et de la guerre ont donc pris de plus en plus de place dans nos débats”, observe Thierry Fabre.

Emmanuel Laurentin, animateur de plusieurs de ces tables rondes, propose toute la semaine dans son émission La Fabrique de l’histoire sur France Culture, les moments les plus forts de ces discussions haletantes : la question des mémoires et de la transmission des héritages culturels ; la question de la Méditerranée comme échelle de pensée et de compréhension ; la question du féminin et du masculin ; la question de la guerre et de la paix ; la question des esthétiques nouvelles.

L’occasion d’entendre les réflexions stimulantes de Barbara Cassin, Alain de Libéra ou Ali Benmakhlouf sur les héritages andalou et judéo-arabe et l’usage qu’en font les divers peuples méditerranéens ; d’entendre Jocelyne Cardini, Brigitte Marin ou Carla Eddé analysant les fractures politiques de cet espace hétérogène ; ou encore Irène Théry, Pinar Selek ou Yalda Younès évoquant les formes encore persistantes de la domination masculine ; ainsi que Gilbert Achcar, Hamit Bozarslan ou Denis Charbit s’attrister de la paix impossible en Palestine ou de l’abandon de la résistance syrienne par la communauté occidentale…

Déjouer le piège du jargon

Par-delà la complexité de chacune des questions abordées durant ces Rencontres, où la géopolitique se mêle à la sociologie, l’histoire à la prospective, la philosophie à l’art…, les Rencontres d’Averroès déjouent le piège du jargon et de l’opacité de l’expertise ; ici, les auditeurs partagent en bonne intelligence les raisonnements des intervenants. Un souci de clarification caractérise avant tout ces discussions exigeantes mais accessibles, à l’image d’une vraie université populaire. C’est aussi l’indice de la réussite des Rencontres d’Averroès : inventer un lieu de circulation de la parole, sans frontières, où la mobilité de la pensée accompagne le rêve d’une Méditerranée où la conflictualité s’associerait à l’apaisement, la pluralité à la liberté des peuples, Averroès aux penseurs et leaders actuels. Une Méditerranée autant fidèle à ses héritages anciens qu’insoumise aux injonctions de la guerre des civilisations.

20es Rencontres d’Averroès 
La Fabrique de l’Histoire : Du lundi 23 décembre au vendredi 27 décembre sur France Culture de 9h05 à 10 h

Par Jean-Marie Durand - Source de l'article les Inrocks

Liban: deux étudiants libanais remportent le prix du court métrage au festival du cinéma européen


Le chef de la Délégation de l'Union européenne au Liban, l'Ambassadeur Angelina Eichhorst, a décerné le prix du meilleur court métrage des étudiants libanais à deux films: “Dans le détail” (Into the detail) de Samer Noah et “Dans le trou du nombril” (In the Navel Hole) de Fadi Kazan, en clôture de la 20e Festival du Film européen.
 
Le film de Samer Noah, diplômé de l'Université Al Kafaat, a séduit le jury pour le traitement sensible du délicat sujet de l'homosexualité. Le lauréat sera invité au  Festival international du court-métrage Oberhausen en Allemagne en 2014.
Fadi Kazan est diplômé de l'Université Libanaise. Le jury a sélectionné son film pour la qualité de ses images, son grand ensemble d'acteurs et sa capacité à capter l’attention. Fadi Kazan sera invité à un festival international en France en 2014.

Vingt courts métrages, présentés par dix écoles libanaises d'audiovisuel, ont été projetés pendant le Festival du Film Européen.
 
L'Union européenne finance également le programme Euromed Audiovisuel III. L’objectif est de contribuer au développement et au renforcement des capacités du secteur cinématographique dans 10 pays du Sud de la Méditerranée (Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie) ainsi qu’à la compréhension mutuelle, le dialogue interculturel et la diversité culturelle 
 
Pour en savoir plus
EU Neighbourhood Info Centre – Culture et media
Délégation UE au Liban – Site internet
Délégation UE au Liban – Page Facebook
Euromed Audiovisuel III – Site internet
 

Protection de la mer Méditerranée: l’UpM appuie les efforts internationaux


L'Union pour la Méditerranée (UpM) a clairement annoncé son soutien aux efforts visant à protéger la mer Méditerranée, en marge d'une réunion des Parties contractantes de la Convention de Barcelone des Nations Unies et ses protocoles, qui s’est tenue cette semaine à Istanbul.
 
Le Secrétariat de l'UpM a organisé une manifestation conjointe parallèle sur «la mise en œuvre de la dépollution - plans d'actions régionaux et nationaux », avec la composante évaluation et maîtrise de la pollution marine (Med POL)  du Programme des Nations Unis pour l’Environnement - Plan d'Action pour la Méditerranée (PNUE/PAM) pour la Convention de Barcelone, et l'Agence Européenne pour l'Environnement (AEE).
 
Les conclusions d'une étude menée par le Secrétariat de l'UpM afin d’identifier des projets pour prévenir, réduire et combattre la pollution de la mer Méditerranée ont été soulignées lors de cet événement visant à contribuer aux efforts déployés dans le cadre de  l'initiative Horizon 2020 sur la dépollution de la Méditerranée.
 
L'étude comprend une liste à jour des projets d’investissements nécessaires pour répondre aux exigences de la lutte contre la pollution, et constitue une référence utile pour la sélection de projets phares dont le Secrétariat de l'UpM pourrait soutenir la mise en œuvre. Cette étude est complémentaire à d'autres initiatives menées par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement - Plan d'Action pour la Méditerranée, la Banque Européenne d'Investissement (BEI), l'EEE et la Commission européenne.
 
Par ailleurs, le nouveau Secrétaire Général adjoint de l'UpM pour l'Environnement et l'Eau, M. Shaddad Attili, a signé un protocole d'entente avec le PNUE-PAM pour définir des espaces concrets de travail communs et consolider les efforts conjoints dans les travaux entrepris par les deux institutions. En complément des actions dans le domaine de la dépollution, le protocole d'accord propose également d’établir une coopération plus étroite dans les domaines de la consommation et des schémas de production durable, la gestion intégrée des zones côtières, ainsi que le développement urbain durable. 
 
Pour en savoir plus
EU Neighbourhood Info Centre – Environnement

Pays méditerranéens et efficacité énergétique, les "best practices" sont surtout ailleurs

Dans son dernier rapport sur la performance énergétique "The Global Energy Architecture Performance Index Report 2014", le Forum économique mondial (FEM) donne une vision très claire à ce sujet sur la situation des pays méditerranéens. Dans les trente premiers pays modèles, en termes de politique d'efficacité énergétique, on ne trouve que quatre méditerranéens, mais six latino-américains.

Derrière le satisfecit des Tunisiens, Algériens, Libyens et Marocains de se voir mieux classés que les autres pays de la région MENA, en politique de performance énergétique, une autre réalité et pas des moindres se cache dans le rapport du Forum économique mondial. Le fossé est large entre les bons élèves du domaine, tels la France à la troisième place mondiale, l'Espagne à la huitième et le Portugal à la seizième, et les pays du sud-méditérranéen qui sont loin derrière, après la soixantième position.
 
Le constat est simple, et malgré les efforts de ces dernières années en faveur d'une politique énergétique commune autour du bassin méditerranéen, avec les projets Desertec puis Medgrid, il est évident que les outils pédagogiques autour de la performance énergétique tardent à traverser la mer. Se pérennise une relation énergétique principalement basée sur l'extraction au sud des hydrocarbures et leur production et consommation au nord. Et il semble que pour le futur, ce sont les mêmes idées qui sont défendues avec Desertec et Medgrid en ce qui concerne les énergies renouvelables.
 
Selon les rapports et prévisions du Forum économique mondial, entre 2013 et 2014, la Tunisie recule de 10 points (50 à 60) l'Algérie de 8 (58 à 66) et le Maroc de 15 (64 à 79). On parle d'une explosion de la consommation énergétique des ménages dans ces pays, c'est-à-dire de l'électricité dite spécifique, celle qui concerne principalement les produits électroniques grand public.

À ce titre, le réseau Medener, créé en 1997, pour promouvoir la performance énergétique autour de la Méditerranée, mérite plus que tout autre institution, concernant l'énergie au nord et au sud du bassin, une mise en valeur et plus de moyens d'intervention. Déjà, il développe depuis 2012 une base de données d'indicateurs d'efficacité énergétique.
 
Car l'écart entre un Nord, dont les populations cherchent coûte que coûte à réduire la facture énergétique, et celles du Sud, qui ne jurent que par le confort énergétique, se creuse. D'autant que sur la rive sud, les populations devraient augmenter de 45 % d'ici 2030 et déjà la construction de bâtiments résidentiels comme tertiaires frôle constamment des chiffres records.
 
Pour une harmonisation de la politique de performance énergétique au nord comme au sud de la Méditerranée, il faudra favoriser les industries de l'équipement électrique et demander aux pétroliers, gaziers et producteurs de réduire leur emprise sur la politique énergétique. Il faudra aussi s'inspirer des best practices dans d'autres régions, continents.

Il faudra s'interroger pourquoi la Colombie est le sixième pays de la performance énergétique mondiale et le tout petit Costa Rica neuvième. Et pour ce dernier, étudier sa stratégie qui vient d'aboutir à un prêt de 560 millions de dollars, octroyé par le Japon, pour l'investissement dans des projets d'énergie géothermique.
Par Nidam Abdi - Source de l'article Les Echos

Les colocalisations, un modèle gagnant-gagnant pour l’Europe et la Méditerranée

Politiques, chefs d’entreprise, universitaires… ils sont de plus en plus nombreux à considérer que la colocalisation entre les deux rives de la Méditerranée est l’une des voies d’avenir pour retrouver la compétitivité et créer des emplois, au Nord comme au Sud. Pas si utopique ! La preuve.
Le 5 décembre 2013, Xavier Beulin a pris la succession de Gérard Mestrallet à la présidence de l'EMCC (Euro-Mediterranean Competitiveness Council).
Le 5 décembre 2013, Xavier Beulin a pris la succession de Gérard Mestrallet
à la présidence de l'EMCC (Euro-Mediterranean Competitiveness Council).
À Paris comme à Marseille, à Rabat comme à Beyrouth ou encore à ­Tunis et Istanbul, de colloques en conférences, Jean-Louis Guigou etRadhi Meddeb s'emploient depuis des années à promouvoir le concept de colocalisation en Euro-Méditerranée. Tant pour le délégué général que pour le président de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed, Paris), la colocalisation est une idée simple, qui s'articule en quatre volets : abandonner l'approche obsolète qui consiste à considérer les entreprises du Sud comme de simples sous-traitants ; les faire monter en gamme en partageant les savoir-faire et la chaîne de valeur entre entreprises partenaires du Nord et celles du Sud ; (re)devenir compétitif ensemble sur le marché mondial et y (re)conquérir des parts de marché. Avec en toile de fond, la création d'emplois, au nord comme au sud de la Méditerranée…

Une idée validée par l'épreuve du réel

Trop beau pour être vrai ? En vérité, cette idée bénéficie déjà d'une « preuve de concept » vieille de cinquante ans ! Ce sont les Japonais qui, les premiers, dès les années 1960, ont amorcé la colocalisation avec la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour. Cette coopération, en vingt ans, a abouti au décollage économique des quatre « dragons asiatiques ».
En Europe, la colocalisation est une pratique banale des entrepreneurs allemands avec les pays d'Europe centrale et orientale (Peco). C'est notamment le cas des grands groupes automobiles : ils font produire l'essentiel de leurs grosses berlines à moindre coût dans les Peco, avant de les réimporter chez eux, puis de les réexporter estampillées du label made in Germany, en maximisant leurs marges. Ainsi l'Allemagne réimporte-t-elle jusqu'à 46 % de la valeur ajoutée des biens d'équipement produits dans son « hinterland », selon une étude de l'Ipemed.
Mais, si l'Allemagne a développé massivement cette stratégie depuis la chute du mur de Berlin en 1989, et plus encore depuis l'élargissement est-européen de 2004, en France aussi certaines entreprises ont engagé cette démarche. C'est le cas de Safran, qui a créé une première coentreprise avec Royal Air Maroc en l'an 2000, pour œuvrer dans la maintenance des moteurs d'avions. Dans son sillage, d'autres grandes entreprises et sous-traitants du secteur ont suivi.
Aujourd'hui, « une centaine d'entreprises de l'aéronautique sont installées au Maroc. Elles réalisent un chiffre d'affaires annuel d'1 milliard d'euros et ont généré près de 9 000 emplois. Le Maroc est devenu un acteur dans la chaîne mondiale de production de cette industrie », relevait lors d'une table ronde, samedi 30 novembre à Paris, Chakib Benmoussa, ambassadeur du Maroc en France.
Autre exemple, plus récent, celui du site Renault de Tanger. Opérationnel depuis février 2012, destiné à répondre à la demande locale et internationale - surtout africaine - de modèles d'entrée de gamme, il devrait produire 340 000 voitures par an dès 2014. 
Avec 5 000 emplois directs actuels et 30 000 indirects attendus, c'est la plus grande usine d'Afrique, qui contribue en bonne part au succès de la zone franche industrielle de Melloussa, à 30 km du port de Tanger Med. À la demande des autorités marocaines, un Institut de formation des métiers de l'industrie automobile, géré par Renault Tanger, a aussi été créé sur place, afin de contribuer à la montée en gamme des ressources humaines locales.

Cette question de la formation peut d'ailleurs être considérée comme un marqueur de l'évolution du concept de colocalisation vers celui de coproduction. On notera enfin que le site Renault de Tanger est à la fois « zéro carbone » et « zéro rejet liquide industriel », ce qui lui a valu de remporter le Prix 2011 de la production des « Sustainable Energy Europe Awards » organisés par l'Union européenne. Une expertise qui pourra être exportée, voire réimportée… en France.

Un discours politique sans couac

Si la colocalisation est donc déjà une réalité, c'est en revanche le consensus nouveau qui émerge à son sujet entre politiques, universitaires et entrepreneurs qui retient aujourd'hui l'attention.
François Hollande, en visite d'État au Maroc en avril dernier, évoque à maintes reprises la « colocalisation industrielle ». Devant le Parlement marocain, il déclare : «La France sera au rendez-vous de ces réalisations [de développement du Maroc, ndlr]. Nous allons le faire avec une idée nouvelle que nous portons ensemble, la colocalisation industrielle. Ce qui peut s'énoncer ainsi: ce qui est bon pour le Maroc sera bon pour la France. Les activités créées au Maroc seront bonnes pour l'emploi en France…» Propos également affirmés, en substance, lors de ses visites officielles en Algérie (décembre 2012), et en Tunisie (juillet 2013).
Il y a un an presque jour pour jour, le 6 décembre 2012, lors du colloque annuel EMCC (Euro-Mediterranean Competitiveness Council, également organisateur, avec l'Ipemed, du colloque parisien du 5 décembre 2013, dédié à la colocalisation, et dont La Tribune est partenaire), le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait déclaré son enthousiasme pour le concept de « coproduction ». Il avait précisé qu'avec Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, ils cherchaient ensemble des " filières pour organiser le gagnant-gagnant en Méditerranée " (lire le focus ci-dessous).
Quelques jours plus tard, le 12 décembre 2012, le Premier ministre, Jean-Marc Aryrault, à son tour en voyage officiel au Maroc, n'était pas en reste, affirmant à Casablanca devant un parterre d'entrepreneurs qu'« une colocalisation industrielle, si elle résulte d'une analyse fine de la valeur ajoutée sur toute la chaîne de production et les avantages compétitifs de chaque site, peut être bénéfique et soutenir l'activité des deux côtés de la Méditerranée ».
Mais du côté des politiques, c'est sans doute la présidente de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale qui pose le mieux le débat. Élisabeth Guigou développe volontiers un plaidoyer argumenté et explicite : «La colocalisation industrielle se veut un modèle d'échanges équitable, où les entreprises des pays industrialisés délèguent des séquences de production de biens intermédiaires à des pays en développement. Pour ces derniers, cela crée de l'emploi pour des ingénieurs et des techniciens. Les entreprises du Nord gardent quant à elles les fonctions de conception et d'assemblage et baissent substantiellement leurs coûts de production… C'est un concept porteur fondé sur la coopération "gagnant-gagnant" entre le Nord et le Sud. C'est un modèle d'avenir, car il garantit le développement.»
Une analyse positive que Michel Vauzelle, député et président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - et militant de longue date pour le partenariat renforcé avec le Sud -, partage et expose lui aussi dans son rapport sur « La Méditerranée des projets », remis à François Hollande le 9 octobre dernier.

Vers une ambition partagée ?

Avant même cependant que n'émerge ce collectif de la parole politique, ce sont les chefs d'entreprise et économistes membres ou proches de l'Ipemed et de l'EMCC qui, les premiers,avaient affirmé leur conviction. Ainsi, en décembre 2010, lors de la conférence de lancement de l'EMCC, qui avait réuni une centaine de chefs d'entreprise à Paris, Gérard Mestrallet, PDG de GDF-Suez et président de l'EMCC, avait lancé : «L'avenir de l'Europe, c'est la Méditerranée. Et l'avenir des pays du Sud passe par un ancrage à l'Europe… Notre ambition est de travailler à une meilleure répartition de la valeur ajoutée entre les rives de la Méditerranée.»
Xavier Beulin, président de Sofiprotéol et de la FNSEA, qui milite depuis longtemps pour une coopération euromed « consolidée », voudrait aller de l'avant plus vite et plus concrètement : «Face à la poussée démographique et aux besoins agroalimentaires, il est clair que nous avons un intérêt commun à développer nos complémentarités. Je crois qu'on ne peut plus se contenter de faire du commerce, nous devons élaborer des projets fédérateurs. Par exemple, créer un label méditerranéen pour certains produits, et développer une politique d'exportation, notamment vers l'Asie. Je crois aussi qu'il aurait été utile que l'Europe s'engage dans un processus d'amorçage d'une PAC Euromed, en étendant ­l'accord avec le Maroc à d'autres pays du Sud. Et développer avec eux une politique s'inspirant des processus de pré-adhésion qui ont été mis en œuvre avec les Peco.» [Xavier Beulin a été élu le 5 décembre 2013 à la présidence de l'EMCC, où il succède à Gérard Mestrallet, ndlr.]
Du concret, c'est ce que réclame également El Mouhoub Mouhoud, professeur d'économie à Paris Dauphine : « Il nous faut sortir du schéma de la mise en concurrence féroce des sous-traitants. Nous devons produire des modules complets au Sud, et les assembler au Nord. Avec des contrats de sous-traitance à long terme, et des stratégies de production et de formation concertées. »
Peut-être plus ambitieux, l'économiste algérien Abderrahmane Mebtoul, professeur et consultant international, considère quant à lui que «les colocalisations peuvent être le champ de mise en œuvre de toutes les idées innovantes au niveau du bassin méditerranéen». Mais, plus réaliste, il tient aussi à souligner qu'« il serait suicidaire pour chaque pays du Maghreb de faire cavalier seul. L'intégration économique régionale est une nécessité historique, estime-t-il. Sans inclusion euroméditerranéenne, le Maghreb serait bien davantage ballotté par les vents des marchés, avec le risque d'une marginalisation croissante ».
Radhi Meddeb, le président tunisien de l'Ipemed, économiste et chef d'entreprise, ne dit pas autre chose : « Dans un monde où la concurrence mondiale s'exacerbe, l'Europe et les pays du Sud sont confrontés au défi de leur marginalisation. Le renouveau de la région passe par un New Deal qui fonde de nouvelles relations faites de plus de solidarité, de plus de proximité et de plus de complémentarités. Si telle est la vision partagée, la région en a les moyens. Il faudrait qu'elle s'en donne l'ambition. »
Une ambition qui pourrait trouver une expression forte dès les 16 et 17 décembre prochains, lors de la réunion à Alger du comité intergouvernemental franco-algérien et l'annonce, par les Premiers ministres respectifs, d'un important accord de coopération économique. Un document-cadre où, selon le ministre français du Redressement productif, il sera question de « très gros projets » de… coproduction industrielle.
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Ensemble, ça marche mieux
« La France a le savoir-faire mais manque d'ingénieurs et de techniciens informatiques. La Tunisie en forme 12000 par an… L'objet de l'alliance numérique franco-tunisienne, c'est d'unir nos capacités et nos efforts pour aller ensemble à la conquête des appels d'offres en Afrique, mais aussi partout dans le monde…» On ne saurait être plus clair que Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur, qui s'exprimait ainsi en présence de Mongi Marzoug, ministre tunisien des TIC, à l'occasion de la première rencontre de l'Alliance, le 23 octobre dernier, au siège d'Ubifrance.
De fait, depuis que la structure a été actée en juillet dernier, à l'occasion de la visite officielle de François Hollande en Tunisie, une vingtaine de binômes d'entreprises ont déjà vu le jour. Plusieurs étaient présentes ce jour-là pour témoigner de leur succès.
L'exemple le plus marquant est celui du précurseur Cassiopae, éditeur français de logiciels, allié à la SSII tunisienne Oxia. Créée il y a trois ans, leur société commune a remporté de nombreux appels d'offres en Égypte, en Algérie, au Maroc, au Sénégal et en Arabie saoudite. En Tunisie, plus de 50 personnes ont été recrutées (sur un total actuel de 250). En France, Cassiopae, qui bénéficie d'un réseau de plus de 300 experts et partenaires, a multiplié par quatre ses effectifs.
Le cas de Vermeg, éditeur tunisien de logiciels financiers, est lui aussi intéressant, car il représente un exemple de colocalisation du Sud vers le Nord : la société a créé une filiale qui compte 50 collaborateurs en France, et va nouer un partenariat avec BSB France (logiciels financiers) pour s'attaquer au marché européen. 
La réussite récente du tandem d'ingénierie numérique constitué entre l'opérateur français Adetef et le Centre (tunisien) d'études et de recherches pour les télécommunications (CERT) mérite aussi d'être saluée. Ensemble, ils ont remporté en octobre dernier le lot « Numérique » du contrat EuropeAid qui donnera lieu à des requêtes d'expertise par la Commission européenne.    
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Les milliards de l'avenir
La colocalisation ne saurait se développer sans les financements nécessaires. Selon la BEI, les besoins des pays sud-méditerranéens pour les dix prochaines années s'élèvent à 250 milliards d'euros : 100 pour l'énergie, 110 pour l'urbanisme, 20 pour la logistique. Plus 20 milliards de soutien aux entreprises, dont on espère la création des… 50 millions d'emplois nécessaires à la région, d'ici à 2020.
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L'effet d'émulation
Cofondateur de Finances & Conseil Méditerranée, le consultant marseillais Christian Apothéloz s'en est rendu compte lors d'un récent séjour en Algérie : «Prévu pour novembre2014, le démarrage de l'usine Renault d'Oran a un grand effet d'émulation. Les entrepreneurs locaux se mobilisent déjà, car ils veulent être à la hauteur de cette opportunité de devenir des fournisseurs de l'automobiliste français. »
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« Néo-industrialiser » la France
« Notre mission, c'est de favoriser l'écosystème permettant à des entreprises des deux rives de mieux se connaître, et si possible de s'allier », relève Bruno Bonnell, le célèbre cofondateur d'Infogrames, nommé par la ministre du Commerce extérieur fédérateur de la filière télécoms et numérique « Mieux communiquer ». « C'est aussi ainsi, ajoute-t-il, que nous réussirons à "néo-industrialiser" la France. »
Par Alfred Mignot - Source de l'article LaTribune