La Libye envisage une nouvelle compagnie pétrolière nationale


Le ministre libyen du Pétrole Abdulbari al-Arusi a organisé, le jeudi 29 novembre, une rencontre avec le conseil local de Benghazi pour parler de la gestion des ressources pétrolières de la région et des appels politiques en faveur du fédéralisme.

[AFP/Gianluigi Guercia] Le ministre libyen du Pétrole est favorable à une restructuration du secteur.Il a suggéré la séparation entre les capacités d'exploration et de production de la National Oil Corporation et les opérations de raffinage.
"Le ministère du Pétrole et du Gaz dispose d'un plan à court terme pour la région, qui consiste en la création d'une nouvelle compagnie chargée des opérations industrielles, que ce soit en matière de raffinage de pétrole ou de pétrochimie, baptisée National Corporation for Oil Refining and Petrochemicals Industry", a indiqué le site web de la National Oil Corporation citant al-Arusi.
La National Corporation for the Exploration and Production of Oil and Gas sera basée à Tripoli. Les deux compagnies seront placées sous la tutelle du ministère du Pétrole et du Gaz, et disposeront de bureaux à Tripoli et à Benghazi.
Al-Arusi a explicité le rôle de cette National Corporation for Oil Refining and Petrochemicals Industry. Elle sera chargée de superviser toutes les compagnies pétrolières existantes, de construire de nouveaux projets et de sécuriser leur financement. Une filiale sera mise en place dans la région occidentale du pays. Al-Arusi s'attend à ce que le coût total de ces projets avoisine les 45 milliards de dinars.
Il a ajouté qu'une compagnie spécialisée dans les constructions mécaniques sera également créée à Benghazi pour concurrencer les compagnies internationales spécialisées dans ce secteur. Elle sera dirigée par des cadres nationaux expérimentés, disposant des qualifications scientifiques nécessaires et connus pour leur intégrité. Elle disposera de bureaux dans la majorité des bassins et des ports pétroliers.
Benghazi accueillera également un institut de taille moyenne similaire à l'institut du pétrole de Tripoli, qui pourra accueillir des étudiants souhaitant poursuivre des études dans le domaine du pétrole.
Al-Arusi a ajouté que l'Institut supérieur du pétrole de Tobrouk, fermé par l'ancien régime pour des raisons inconnues, sera réouvert pour permettre à des milliers d'ingénieurs spécialisés de superviser les opérations pétrolières à l'avenir.
La semaine dernière, des milliers de personnes ont manifesté à Benghazi pour demander le retour de la National Oil Corporation, ainsi que d'autres entreprises.
Le conseil local de Benghazi a salué ces propositions. Al-Arusi a indiqué qu'il allait présenter son programme au chef du gouvernement.
"S'il est approuvé, il fera partie des propositions que le gouvernement déposera sur le bureau du conseil législatif, afin que les fonds nécessaires puissent être débloqués et que nous puissions rapidement nous mettre au travail, si Dieu le veut", a ajouté le ministre.
Fateh Belhaj, spécialiste des questions pétrolières, s'est montré critique envers la proposition du ministère du Pétrole et du Gaz, soulignant que le secteur privé serait mieux en mesure de répondre à cette tâche.
"Si le secteur privé est encouragé et soutenu, il pourra aider à surmonter ces problèmes et créer de nombreux emplois", a-t-il expliqué.

"Nous devons comprendre que le pétrole est une richesse souveraine, et nous devons permettre à tous les Libyens d'en bénéficier. S'il devait se limiter aux régions orientale ou occcidentale, cela me ferait craindre la marginalisation du sud, qui dispose d'immenses quantités de pétrole et de gaz", a reconnu Ali Saad, ingénieur pétrolier.
Faouzi al-Hasnaoui, salarié dans le secteur du pétrole, a souligné pour sa part que la richesse pétrolière de la Libye contribue au revenu national du pays. "L'Etat et le gouvernement doivent garantir une juste répartition de la richesse, des projets et des compagnies, afin que toutes les régions puissent bénéficier de la richesse du pays et éviter le fédéralisme."
"Si le pays se stabilise, si la sécurité s'améliore, et si les armes disparaissent, les compagnies étrangères viendront investir dans le secteur pétrolier", a expliqué le journaliste Miftah Belaid. "Cela permettra de créer de nombreux emplois dans tout le pays pour des jeunes compétents, des cadres expérimentés et des travailleurs."
"Ces revendications [en faveur du fédéralisme] disparaîtront alors", a-t-il ajouté.
Par Essam Mohamed pour Magharebia à Tripoli 

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