La cité phocéenne doit être une métropole


Là où Nicolas Sarkozy avait tenté l’Union pour la Méditerranée, le gouvernement de François Hollande semble faire le pari d’une puissante métropole euro méditerranéenne. Il s’agit d’articuler le premier port de France et de Méditerranée, la chaîne de l’énergie qui descend de la Durance à Berre (hydraulique, nucléaire, vent, soleil, gaz, pétrole), l’une des plus puissantes universités françaises, le premier site mondial de fabrication d’hélicoptères… sans parler de l’économie touristique et de celle de la retraite.
Il s’agit donc de lier ce qui est morcelé mais aussi de doter à nouveau la France d’un outil d’action en Méditerranée et vers le monde. C’est d’ailleurs cette capacité à faire de la nouvelle métropole un booster de développement qui peut lentement convaincre les élus les plus réticents, surtout dans une période de crise où l’État ne peut pas débloquer les négociations avec des budgets considérables. Mais où l’État peut donner un cadre et une direction pour que les investissements du local soient habilement orientés.
Cette nouvelle métropole de projet sera le débouché naturel du monde lyonnais en plein développement. Le partenariat entre Marseille et Lyon est l’étape suivante entre ces deux ensembles dorénavant à une heure de TGV l’un de l’autre, et déjà liés par l’économie du pétrole et les flux rhodaniens. Ces couples de villes, sur le modèle de Nantes/Saint-Nazaire, Bordeaux/Toulouse, sont de puissants outils de développement dans une époque où ce sont les métropoles qui portent le développement car la richesse se crée de plus en plus en ville. Et ces métropoles sont à la fois des organisateurs du territoire et des acteurs de la construction européenne et euro méditerranéenne. Le recul relatif des États en fait des partenaires majeurs du développement et des relations internationales.
Au-delà, c’est aujourd’hui la qualité du cadre de vie urbain, la réduction des tensions entre riches et pauvres, et les relais mondialisés que porte chaque communauté qui tire la croissance. Or ici, sur les 1,8 million d’habitants, il y a sans doute une majorité d’adultes qui ne sont pas nés là, de puissantes communautés liées à la rive sud de Méditerranée, de fortes compétences descendues du nord. Tout cela peut être explosif ou créatif. Et en matière de cadre de vie, peu de territoires offrent autant de choix de modes de vie, du Lubéron au Vieux-Port, de Cassis au cours Mirabeau ou à l’étang de Berre dans le seul point du territoire français où le TGV arrive à la mer.
On est ici face à la dernière cité métissée d’un monde méditerranéen que le XXe siècle a réorganisé par nations ; peut-être, si on sait y travailler, face à un prototype de ville métissée de l’Europe du XXIesiècle. C’est cela qu’il faut voir au-delà des images toutes faites sur Marseille, des batailles de dealers ou des carambouilles politiques.
Jean VIARD - source FSU d'après un article du Monde

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