L’Algérie repousse à 2020 le libre-échange avec l’Union européenne

Prévu pour 2017, l’accord de libre-échange entre l’Algérie et l’Union européenne rentrera pleinement en vigueur en 2020. Alger a obtenu la révision du calendrier de démantèlement tarifaire.
C’est l’issue de deux années de négociations : fin 2010, inquiète de l’avantage de compétitivité des entreprises européennes, l’Algérie avait demandé le report de 3 ans du calendrier de démantèlement des barrières tarifaires, comme le prévoyait l’accord d’association, rentré en vigueur en 2005. Elle vient d’obtenir gain de cause, indique un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères :
« Après plus de deux années de consultations, l’Algérie et l’Union européenne (UE) viennent de parvenir à un accord sur une révision du calendrier du démantèlement tarifaire de l’Accord d’association. »
Il s’agit toutefois de la première fois que ce recours est utilisé par un pays dans le cadre de cet accord d’association. Ce nouveau calendrier « prévoit notamment un report jusqu’en 2020 de la levée des barrières tarifaires pour une large gamme de produits industriels importés par notre pays », poursuit le communiqué, qui mentionne également « un réaménagement de certains contingents préférentiels de l’UE pour les produits agricoles, et produits agricoles transformés ».
Déjà en février dernier, alors que cet accord se précisait, Amar Belani, porte parole du ministère des Affaires étrangères, dévoilait que le lobbying algérien visait à épargner l’agriculture et l’industrie :
« Ce package deal final devrait permettre à l'Algérie d'assurer la protection de plusieurs contingents agricoles et filières industrielles, tout en restant dans le cadre du respect de l'accord d'association avec l'Union européenne. »
Selon Algeria Watch, Alger négociait alors en vue d’exclure 1740 produits industriels de ce démantèlement tarifaire, mais Bruxelles butait alors sur le principe des 51/49 % pour les investissements étrangers introduit par la loi de finances complémentaire de 2009. Cette règle attribue la majorité du capital de tout accord de coentreprise (joint venture) aux entreprises algériennes, ce cadre juridique étant le seul possible pour les IDE.
On ignore si la liste des produits industriels concernée a été vue à la baisse pour préserver ce principe des 51/49 % (le ministère ne l’a pas publié) ; toujours est-il qu’Alger a démontré encore récemment son attachement à ce principe, même lorsque le gouvernement algérien déploie des avantages fiscaux pour attirer les investisseurs étrangers dans le secteur des hydrocarbures, et tandis que la mesure semble n’avoir pas de véritable effet dissuasif sur l’afflux de petits et moyens investisseurs.
Le démantèlement tarifaire déjà mis en œuvre aurait coûté un manque à gagner en recettes douanières de $ 3 milliards, selon Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie, de la PME et de la promotion de l’investissement.
Au secteur industriel et agricole algérien de mettre à profit ce délai de trois ans pour poursuivre leur restructuration compétitive.
Par  Antony DRUGEON

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