Méditerranée - La Chine entend renforcer ses échanges avec le monde arabe

Le centre de gravité de l’économie mondiale penche de plus en plus vers l’Est, c’est ce qu’entendent démontrer Pékin et les représentants du monde arabe réunis dans le Ningxia jusqu’au 25 septembre 2011.
Pour la deuxième année consécutive, la capitale de cette région autonome du nord de la Chine accueil le « Forum économique et commercial Chine-pays arabes » avec des échanges en forte augmentation malgré les « printemps arabes ».

Une muraille de Chine sur fond rouge, un palmier sur fond vert, à en croire les affiches du Forum, les relations entre Pékin et le monde arabe sont d’abord une affaire de géographie.
La région autonome du Ningxia choisie pour accueillir la rencontre est non seulement située sur l’ancienne route de la soie, elle est aussi le territoire de la communauté hui de confession musulmane beaucoup moins instable que le Xinjiang- Ouighours plus à l’ouest.
Pour de nombreux observateurs chinois, les pays arabes sont regroupés sous le terme « d’Asie de l’Ouest », manière de marquer la proximité entre ces deux mondes. Une manière aussi de faire oublier les tensions récentes et les inquiétudes perçues en Chine lors de l’explosion des révoltes arabes. La Chine ayant par exemple condamné les frappes aériennes sur la Libye et continue aujourd’hui de soutenir le régime de Damas malgré la répression en cours en Syrie.

145 milliards de dollars échangés

Mais ces tensions n’ont pas empêché de faire des affaires, bien au contraire. Le volume commercial entre la Chine et les pays arabes est passé de 65 milliards de dollars à 145 milliards en cinq ans, soit une progression de 30% par an.
A la tribune, les orateurs arabes ont insisté sur la nécessité de diversifier des rapports commerciaux marqués par le schéma classique : d’un côté des pays arabes qui achètent tout ce que fabrique l’usine du monde, de l’autre une Chine importatrice de matières premières.
« Nous savons que la Chine cherche d’abord à sécuriser ses approvisionnements en pétrole, explique ainsi Sharief Alawadhi, membre de la délégation des Emirats arabes unis. Mais nous, nous leur disons que le pétrole n’est plus notre unique gagne-pain.
Heureusement aujourd’hui, le pétrole ne représente plus qu’un tiers de nos échanges. D’autres secteurs sont à développer et la Chine doit accepter cette nouvelle réalité ».
Dans les allées de la foire commerciale qui se tient en parallèle au forum, il est beaucoup question de télécommunications, de transport, de services financiers. Les délégués arabes espérant bénéficier d’un peu plus de transferts de technologie de la part des Chinois. Du côté des organisateurs on met l’accent sur la nourriture halal avec plusieurs stands présents sous le grand hall de l’exposition.
La Ningxia Golden Foreune Sheep Industry CO.Ltd entend ici démarrer ses exportations de viande d’agneau sous vide vers la Jordanie et l’Arabie Saoudite dans un mois. Pour cela cette entreprise d’Etat doit passer par une société malaysienne, seule à même de fournir la certification Halal et de rassurer sur les normes sanitaire du produit la Chine défrayant régulièrement la chronique pour des scandales alimentaires.
« Il y a des différences entre nous et les autres pays pour ce qui est de la qualité et du packaging, confie ainsi Zhang Hong-en, le président de la compagnie. Nous avons mis beaucoup d’argent ces cinq dernières années pour créer avec les autorités de la région un nouvel abattoir et une nouvelle ferme d’élevage. Il nous fallait répondre aux standards de nos clients ».

Des nouveaux sur la liste des invités
Autre nouveauté cette année, la présence des représentants des nouveaux gouvernements issus des « printemps arabes ». Le nouveau ministre du Commerce tunisien est ainsi arrivé hier soir pour rejoindre la trentaine de membres des gouvernements ou des familles royales arabes présentent à la rencontre. Certains en Chine restent toutefois inquiets devant les changements récents.
Spécialiste du Proche-Orient au Quotidien du Peuple, Ma Xiolin estime ainsi que le gouvernement chinois doit changer de stratégie vis-à-vis du monde arabe. Les 36 000 ouvriers chinois rapatriés de Libye lui sont visiblement restés en travers de la gorge : « On a aucune prévision sur les problèmes de l’Afrique du Nord et du monde arabe.
On ne sait même pas exactement combien sont les entreprises chinoises installées sur place écrit ce spécialiste. Plus de 300 000 Chinois résident dans les pays arabes. Or 95% d’entre eux font du commerce, il s’agit de petites entreprises. Il faut donc faire d’avantage de recherches sur ces marchés ».
Car si globalement les volumes d’échanges sont en augmentation, il y a eu aussi des périodes de creux. En février et mars dernier, rien que pour la ville d’Yiwu, l’une des plateformes d’exportations pour le commerce de détail à l’est de la Chine, les ventes vers les pays arabes ont chuté de 70%. Mais la page est aujourd’hui tournée assure la plupart des délégués ou des invités qui n’étaient pas présents sur les listes l’an passé.

Chemise à carreaux, grosses lunettes carrées, Amr el-Adawi se félicite des changements dans son pays : « Je suis tellement content et tellement fier de ce qui est arrivé à l’Egypte, indique tout sourire ce jeune entrepreneur égyptien qui réside à Shanghai.
Et ce sera bon pour les affaires dans le futur car nous avons été privés de développement en Egypte pendant plus de trente ans ! ».
Tarek Yakhlef partage cet avis. Les importations tunisiennes approchent aujourd’hui 1 milliard de dinars (près de 515 millions d’euros). Tunis exportent de son côté pour 100 millions de dinars vers la Chine, essentiellement des produits phosphatés. Pour ce responsable de l’Union tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, la nouvelle Tunisie de l’après- Ben Ali ne peut que relancer les investissements chinois dans le pays :
Un enthousiasme nuancé toutefois par cet homme d’affaires mauritanien croisé dans les allées de la foire commerciale : « Les relations économiques entre la Chine et les pays arabes s’améliorent, mais on ne voit pas de grands changements sur le plan politique, explique t-il.
Les Chinois sont essentiellement intéressés par le développement du commerce et leur approvisionnement en énergie. La politique étrangère de la Chine ne va pas plus loin ».

Lutte contre la désertification

Parmi les délégués invités au forum, beaucoup sont venus assister à des séminaires de formations. « 10 000 amis des pays arabes participent à des ateliers développement chaque année », a ainsi expliqué Jia Qinglin, le président du Comité national de la conférence consultative du peuple chinois (CCPPC) dans son discours d’inauguration.
Au programme notamment la lutte contre la désertification auxquels assistent entre autres des représentants de Jordanie et du Qatar.
Le président mauritanien Mohamed Oud Abdel Aziz qui s’est lancé récemment dans une campagne de reboisement autour de Nouakchott, a eu droit également a une visite du Ningxia destinée notamment à exposer les techniques chinoises en matière de lutte contre l’avancée du désert.

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Ouverture de la seconde édition du Forum économique sino-arabe


La seconde édition du Forum économique Chine-pays arabes (21-25 septembre 2011) a ouvert ses portes aujourd'hui à Yinchuan, dans la région autonome de Ningxia Hui, au nord-ouest du pays.
Cette rencontre commerciale est marquée par l'arrivée des délégations du « printemps arabe ».

Un air de guerre des étoiles à plein volume dans les hauts-parleurs, tapis rouges et feux d’artifices pour accueillir les délégations, la Chine a placé cette deuxième édition du Forum économique sous les couleurs de l’arc-en-ciel ; les survêtements chamarrés de milliers d’élèves des écoles présents à la cérémonie d’ouverture venant égayer les costumes sombres des officiels.
« Avec nos anciens et nos nouveaux amis des pays arabes (…) nous allons ouvrir une nouvelle ère de coopération et d’amitié », martèle Jia Qing Lin, le président de la Conférence consultative du peuple chinois.
Les « nouveaux amis » de la Chine sont bien là. En témoigne, le nouveau drapeau libyen présent à la tribune. En témoigne aussi les sourires des représentants tunisiens et égyptiens croisés dans les couloirs et qui pour la plupart n’étaient pas sur la liste des invités l’an passé.
Le commerce entre la Chine et les pays arabes a progressé de 30% par an ces cinq dernières années pour atteindre 145 milliards de dollars (116 millions d'euros).
Mais la plus grande évolution tient peut être dans le changement de regard de Pékin sur le monde arabe. « Seuls les pays du Golfe attiraient autrefois l’attention des Chinois, aujourd’hui on se sent moins isolés, nous a confié un délégué et cela est lié en grande partie aux changements politiques qui se sont produits dans nos pays ».

Le premier Forum économique Chine-Pays arabes en 2010 avait attiré 923 entreprises originaires de différentes provinces chinoises et de 66 pays.
Les contrats signés à cette occasion auraient atteint une valeur globale de 200 milliards de yuans (environ 23 milliards d'euros), selon l'agence de presse Chine-Nouvelle.
La région autonome du Ningxia Hui est située dans le nord-ouest de la Chine. Sa population compte 35% de musulmans. Le Ningxia a d'ores et déjà annoncé son intention de développer son industrie alimentaire à destination des pays arabes dans les années à venir.

Source RFI
http://www.rfi.fr/afrique/20110922-chine-entend-renforcer-echanges-le-monde-arabe

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