Le Cercle des économistes et l’Institut de la Méditerranée alertent sur les situations d’urgence dans les pays du sud

Les 7es rendez-vous économiques de la Méditerranée ont accordé une grande place, samedi 15 octobre 2011, aux problèmes majeurs que rencontrent les peuples arabes et invité les organisations internationales à mieux s’organiser pour faire avancer rapidement la situation.

Méditerranée. Cette septième édition des rendez-vous économiques de la Méditerranée se tenait dans un contexte inédit. L’an passé, les discussions des économistes et des observateurs du monde des affaires méditerranéen avaient plutôt porté sur des aspects techniques qui freinaient le développement des pays du sud. Mais la donne a changé. Et si ces problèmes juridiques ou logistiques ne sont pas résolus, ils sont désormais occultés par les revendications des manifestants du printemps arabe.

« Les organisations internationales se montrent plutôt confiantes quant à la situation tunisienne, constate le journaliste citoyen Slim Jerbia. Après avoir pris une part active à la révolution de son pays, il déplore une réalité bien plus triste : « Les jeunes ne s’intéressent pas aux indicateurs macroéconomiques, mais veulent savoir quand ils trouveront du travail ! ».
Et de regretter le manque de relais sur le terrain : « Je suis sollicité par de nombreuses structures internationales qui me proposent de soutenir mon action, mais je ne sais même pas comment l’on crée une association ! ».
Un constat partagé par Anissa Ben Hassine. Docteure en gestion à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis (ESSEC), la jeune femme fait état de la lassitude et de l’inquiétude qui animent la jeunesse de son pays : « Les libertés demeurent menacées et l’offre politique, trop dispersée, ne mobilise pas ».

Pour Jean-Louis Guigou, délégué général de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed), il faut convoquer l’histoire pour trouver des solutions pragmatiques : « Lors de la chute du communisme, méthodiquement, tous les entrepreneurs allemands ont été civiquement contraints d’investir dans les pays d’Europe centrale.
C’est ainsi que l’Allemagne est devenu le premier exportateur mondial ! » Jean-Louis Guigou fait aussi appel à la diaspora maghrébine : « La Silicon Valley américaine abrite 132 Maghrébins milliardaires, dont 112 Algériens, rapporte-t-il. Pourquoi ne pas s’appuyer sur ces compétences pour créer des technopoles championnes en Méditerranée ? »

L’UpM pour coordonner l’action internationale
Directeur du projet et de l’évaluation de secteur à la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD), Andrew Kilpatrick préconise l’élaboration d’une feuille de route claire au Maghreb, basée sur le consensus.
Et il met en garde : « Les frustrations qui ont poussé à la chute du communisme et aux révolutions arabes sont comparables, mais certains éléments s’avèrent moins favorables à la reconstruction, soutient-il. L’explosion démographique, par exemple, n’avait pas lieu en Europe de l’Est et l’empreinte du marxisme-léninisme n’est pas celle des dictatures arabes ».

Aujourd’hui, la priorité est de garantir les besoins de base des peuples. La question de la sécurité alimentaire sera notamment décisive. Directeur du département de droit public du cabinet Orrick Rambaud Martel, Noël Chahid-Nouraï considère que la démocratie est un supplément d’âme qui exige que le minimum vital soit assuré et qui ne vit bien qu’aux côtés d’une économie qui fonctionne.
Agronome, Vincent Dollé est directeur de l'Institut agronomique méditerranéen de Montpellier (CIHEAM-IAMM) regrette que le potentiel de la pêche soit négligé en Méditerranée, alors qu’il pourrait contribuer à régler la question de l’alimentation. « Les filières de production doivent être améliorées, car 40% de perte sont enregistrées chaque jour de la fourche à la fourchette, mesure-t-il. Le développement rural doit être repensé pour recréer du travail et des revenus en zone rurale : agriculture, transformation alimentaire, services, transports, etc. ».

L’urgence des situations a été retenue dans la déclaration finale de ces 7es rendez-vous. L’Institut de la Méditerranée et Le Cercle des économistes en appellent « au G20 réuni à Cannes début novembre pour qu’il donne mandat à l’UpM de coordonner les différents actions et projets menés avec obligation d’en rendre compte à la prochaine réunion du G20 en juin 2012 ».
Ils considèrent que "rien ne sera possible s’il n’est pas mis bon ordre rapidement dans la répartition des responsabilités entre les acteurs internationaux concernés, G8, G20, Commission européenne, UpM et les banques et institutions financières de développement".
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