La démocratie tunisienne résonne en Méditerranée

Des spécialistes tunisiens et européens se sont réunis, jeudi 24 mars à Tunis, pour parler de la manière dont les changements rapides dans le pays pourraient affecter les relations dans l'ensemble du bassin méditerranéen et au-delà. Cette conférence de deux jours s'est penchée sur les perspectives de la démocratie ainsi que sur son impact potentiel sur les Etats voisins.

"Nous allons voir apparaître de multiples enjeux et problèmes dans le processus de restructuration de la société tunisienne, qui a souffert de gros dommages et de la corruption", a expliqué Azzam Mahjoub, professeur d'économie à l'Université de Tunis. Les participants à ce séminaire, parrainé par la fondation allemande Konrad Adenauer, ont conclu que la transition démocratique en Tunisie doit relever de nombreux problèmes, notamment celui de la corruption généralisée qui avait marqué l'ancien régime.

"Il est difficile de mettre en place une véritable démocratie dans un avenir proche, mais j'ai confiance dans le peuple tunisien et dans mon pays, et l'Union européenne doit savoir que la vraie démocratie est la véritable assurance d'un bon voisinage, de la stabilité et de la sécurité en Méditerranée", a ajouté Mahjoub. Les participants se sont particulièrement intéressés à l'impact de la révolution tunisienne sur le monde arabe. Des analystes européens ont également partagé leur expérience du passage à la démocratie.

"Au sein de l'Union européenne, nous avons commencé à réévaluer notre politique en Méditerranée, et ce qui est important, c'est que nous avons initié cette révision avant de parvenir à ce stade", a déclaré Edward Solar, un participant venu d'Espagne. "Nous sommes désormais face à trois expériences dans le Maghreb. La Tunisie a entamé la réforme après la révolution ; le Maroc s'engage à procéder à des changements, et l'on assiste à d'autres révolutions dans d'autres pays ; nous sommes donc confrontés à trois situations différentes, et la politique européenne doit traiter chaque cas individuellement."

Concernant les relations entre les deux rives de la Méditerranée, il a ajouté : "Avant la révolution, nous pensions avoir une relation verticale entre les deux rives." Magharebia a interrogé Ahmed Driss, directeur du Centre d'études méditerranéennes et internationales, au sujet de l'impact de la révolution tunisienne sur les pays voisins. "Premièrement, si ces évènements ne s'étaient pas produits en Tunisie, il n'y aurait pas eu de changements au Maghreb et dans la région arabe au sens large", a-t-il expliqué.

"Mais cet impact n'est pas perceptible que dans les seuls pays voisins comme le Maroc, qui a annoncé l'élaboration d'une nouvelle constitution sans connaître de révolution ; il s'est également fait ressentir en Europe, qui doit maintenant revoir ses diverses stratégies envers la région." "Ce qui est devenu le plus important, c'est le partenariat avec le peuple, plus qu'avec le régime. Ce qui est important, c'est que le changement qui s'est produit en Tunisie est devenu un mouvement qui ne peut être défait", a expliqué Driss.

Mais certains estiment que cette révolution n'a pas entraîné de réelles transformations. L'ancien diplomate tunisien Ahmed Herguem a expliqué à Magharebia que "seul le climat a changé, ce qui n'est certes pas sans signification, mais cela constitue également une arme à double tranchant."

Il estime en effet que ce nouveau climat pourrait soit entraîner la Tunisie sur le bon chemin, soit laisser le pays sans direction. Tout changement significatif sera lié à l'élection d'une assemblée constituante, à une constitution et à l'instauration d'une seconde République, a conclu Herguem. Par Iheb Ettounsi pour Magharebia à Tunis – 28/03/11 Source : http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2011/03/28/feature-03 .

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