Europe et Méditerranée : des opportunités pour la Corse

Renforcer la présence et le rôle de la Corse au sein de l’Union Européenne et dans le monde méditerranéen pourrait apporter un retour sur investissement très concret.
Dans les prochains mois, la politique européenne de la Collectivité Territoriale pourrait apparaître plus lisible et surtout plus offensive. Depuis que Paul Giacobbi lui a confié la délégation des Affaires européennes, Emmanuelle De Gentili s’attache en effet à redonner du lustre à un domaine qui avait été quelque peu négligé lors de la précédente mandature.

La Collectivité Territoriale irait même jusqu’à dépasser les problématiques liées à l’exploitation des politiques de cohésion et s’engagerait dans une démarche plus large et ambitieuse comportant, en particulier, une réelle présence corse dans le monde méditerranéen.
Pour concrétiser cette volonté politique visant à affirmer le rôle international de la Corse, la conseillère exécutive socialiste a fait plancher ses collaborateurs sur l’élaboration d’une démarche stratégique mentionnant des d’objectifs à atteindre : optimiser la collecte et l’utilisation des fonds européens ; renforcer la présence de la Collectivité territoriale à Bruxelles ; redonner à la Corse un rôle en Méditerranée ; agir pour faire reconnaître et prendre en compte les spécificités insulaires ; renforcer la présence corse au sein de différentes instances euro-méditerranéennes.

D’abord mieux capter les financements de l’Union Européenne !
Collecter des fonds européens et optimiser leur utilisation ont été placé au sommet de la hiérarchie des priorités. Emmanuelle De Gentili entend bien saisir toutes les opportunités d’obtenir des financements et éviter toute sous-consommation pouvant entraîner des dégagements d’office.
Elle juge d’ailleurs que si, en 2011, il sera possible d’éviter le dégagement d’office, rien n’est encore gagné concernant les années futures. D’où son insistance pour que soient élaborés des projets de nature à être défendus avec succès auprès des instances décisionnelles de l’Union Européenne.
En ce sens, la conseillère exécutive milite pour que la Collectivité territoriale demande, lors du prochain comité de suivi, la réorientation du programme opérationnel de son FEDER (Fonds européen de développement régional). Cette réorientation prendrait davantage en compte les projets issus du territoire insulaire tant en milieu urbain qu’en milieu rural, et privilégierait les opérations portant sur les éco-quartiers, la requalification urbaine, les moyens de transports propres, la prévention et la gestion des risques naturels et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication.
Pour rendre plus performante l’action de la Collectivité Territoriale, Emmanuelle De Gentili souhaite renforcer la présence de la Région Corse à Bruxelles, c’est-à-dire auprès des centres de décision de l’Union Européenne.
D’où la préconisation que l’« antenne » insulaire, établie dans la capitale européenne, soit appuyée par un réseau d’experts et devienne un outil de veille stratégique, de lobbying, de soutien aux porteurs de projets corses, d’échanges avec les autres régions et les îles, D’où aussi l’engagement pris d’impliquer régulièrement des représentants politiques corses lors d’événements marquant l’action de l’Union Européenne.

Défendre les intérêts spécifiques des îles
La Collectivité territoriale devrait aussi s’employer à occuper une place significative au sein du monde méditerranéen. Emmanuelle De Gentili entend en effet renforcer les échanges avec les partenaires traditionnels des programmes de coopération (Ligurie, Toscane, Sardaigne). Par ailleurs, elle souhaite que la Corse devienne l’autorité de gestion du futur programme opérationnel de coopération transfrontalière.
Elle préconise également un développement des échanges avec les façades méditerranéennes de l’Espagne, de PACA, du Languedoc Roussillon et du Maghreb. Enfin, elle défend l’idée de travailler, avec les îles majeures et mineures de la Méditerranée, à de bonnes pratiques dans le traitement de problématiques communes.
Par ailleurs, la conseillère exécutive soutient les démarche visant à faire reconnaître le fait insulaire par une Union Européenne qui, abordant les problématiques selon une vision continentale, n’a quasiment jamais une approche intégrée de la périphéricité et laisse ainsi aux Etats concernés le soin de gérer spécifiquement l’insularité. Elle envisage même que la Corse représente une force de propositions dans plusieurs domaines (gestion de l’eau, approvisionnement énergétique, échanges culturels, maîtrise des transports intérieurs et extérieurs, prévention et traitement des pollutions, tourisme…
D’où la volonté d’une présence et d’une action plus affirmées de la Collectivité territoriale au sein de différents organismes réunissant les régions européennes ou plus particulièrement les régions du pourtour méditerranéen européen et les collectivités insulaires (Comité des Régions, Association des Régions de France, Association des Régions d’Europe, Commission des Régions Périphériques Méditerranéennes, Commission des îles…)

Semer pour récolter
Toutes ces orientations sont toutefois encore à l’état de projets, même si Emmanuelle De Gentili et le président du Conseil Exécutif ont déjà effectué des déplacements en vue de jeter les bases d’une présence plus marquée de la Corse au plan international.
Pour aller plus avant, la Collectivité territoriale devra semer pour récolter, c’est-à-dire se doter de moyens matériels et ressources humaines supplémentaires. Toute politique a un coût ! Mais il convient de souligner que renforcer la présence et le rôle de la Corse au sein de l’Union Européenne et dans le monde méditerranéen, pourrait apporter un retour sur investissement très concret sous forme de financements et de dérogations aidant à gommer des handicaps structurels inhérents à l’insularité.
Par Pierre Corsi
Source : http://www.jdcorse.fr/JDC/article.php?article=854
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