Le soleil d'Afrique du Nord et du Proche-Orient à la rescousse de l'Europe

Comment développer la production d’électricité solaire en Afrique du Nord et au Proche-Orient ? Comment ramener cette énergie en Europe ? C’est l’objet des discussions qui se tiennent à Paris jusqu’à vendredi dans le cadre du salon SolarMed.
"C'est par le charbon qu'on a créé l'Union européenne, c'est probablement par les énergies renouvelables, notamment le solaire, que se fera l'union des pays méditerranéens", a déclaré, ce mercredi matin, à Paris, Jean-Louis Borloo, le ministre français de l’Environnement, lors de l’ouverture de la conférence SolarMed, organisée dans le cadre du Plan solaire méditerranéen, un des projets phare de l’Union pour la Méditerranée (UPM), lancée en grande pompe par le président Nicolas Sarkozy, à la mi-2008.
Le Plan solaire prévoit la construction, d’ici à 2020, de capacités de production d’électricité renouvelable de 20 gigawatts en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Objectif : exporter vers l’Europe un quart de l’électricité produite dans cette partie du bassin méditerranéen.
"Une démarche de paix", a salué Jean-Louis Borloo, ce mercredi. Mais aussi et surtout la possibilité pour l’Union européenne (UE) de diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique et de remplir son objectif de 20 % d’énergie renouvelable dans sa consommation d’ici à 2020.


Lenteur
Deux types d’installations sont envisagées : les installations photovoltaïques (les cellules des panneaux solaires produisent directement de l’électricité en captant le rayonnement solaire) et des installations thermo-dynamiques (la chaleur du soleil est récupérée par des miroirs, elle chauffe un fluide qui sert à produire de la vapeur, qui, à son tour, fait tourner une turbine et permet la production d’énergie).
"Les choses avancent lentement, elles ne sont pas bloquées mais il ne s’est rien passé de spectaculaire depuis 2008, rapporte Francis Perrin, directeur de SolarMed. L’objectif de cette conférence est de faire rencontrer les différents acteurs pour faire progresser concrètement les projets et rationnaliser les investissements."
Il s’agit à la fois de mettre sur pied les capacités de production, mais aussi les infrastructures permettant le transport de l’électricité. Pour l’instant, l’heure est à la finalisation des projets, les premières constructions pourraient débuter dans l'année qui vient, précise Francis Perrin.
Les forces sont toutefois dispersées. "Il y a le Plan solaire méditerranéen, explique Francis Perrin, mais aussi des initiatives privées émanant des entreprises européennes, comme les projets Desertec et Transgreen, ainsi que les plans nationaux des pays en question, le Maroc et la Tunisie par exemple." Le dialogue "n’est en outre pas simple au Maghreb et au Moyen-Orient, la politique s’invite souvent dans les débats", poursuit-il.


Soupçons d’"écolonialisme"
"Tous ces projets ne visent pas seulement à amener de l’électricité en Europe, il s’agit aussi de satisfaire les besoins énergétiques des populations locales", explique-t-il.
Car des soupçons d’"écolonialisme" pointent. "Nous sommes bien sûr favorables à l’exploitation de l’énergie solaire, explique Marie-Christine Gamberini, de l’association Les Amis de la Terre, mais il s’agit ici encore d’un fonctionnement très centralisé, de pratiques néocoloniales au service des intérêts industriels." Les organisations écologistes prônent dans l'ensemble une production locale de l'électricité notamment pour éviter les pertes durant le transport.
Alors que le gouvernement français a annoncé ces dernières semaines plusieurs mesures pour éviter l’emballement de la filière photovoltaïque dans l’Hexagone (baisse des tarifs de rachat et diminution du crédit d’impôt sur les installations des particuliers), "Jean-Louis Borloo a tenu ce mercredi matin à rassurer l’assistance sur l’implication de la France dans l’énergie solaire", rapporte Francis Perrin. Est-ce que cela coûte moins cher à l’État d’inciter la production d’énergie solaire en Méditerranée plutôt qu’en France ? "Il ne s’agit pas de choisir entre l’un ou l’autre", estime ce spécialiste de l’énergie.
Par Aurélie BLONDEL - France24.com - le 15 septembre 2010

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