Pour la Méditerranée : c’est le watt qu’ils préfèrent

L’idée paraît séduisante sur le papier : produire de l’électricité solaire à 4 ou 5 cents d’euro le kWh. C’est l’ambition de Desertec Industrial Initiative.
Des scientifiques y pensent depuis longtemps, le Club de Rome défend l’initiative, la sphère économique commence à s’y intéresser. Présenté de façon plus précise, le projet Desertec consiste à installer un réseau haute tension entre le Nord de l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe.

Pour les régions ensoleillées des continents non européens, en ajoutant le sud de l’Espagne, la Sicile ou la Grèce : des centrales solaires. Pour l’Europe moins ensoleillée, une partie de sa ressource électrique, environ 15 % en 2050.
Lundi 13 juillet, une douzaine de sociétés ont créé Desertec Industrial Initiative. Une majorité d’opérateurs allemands tels ABB, Deutsche Bank, E.ON, Munich Ré, Siemens. Le premier travail de la société est de mettre au point, d’ici à 2012, le business plan d’un projet qui suscite autant d’enthousiasme que de scepticisme. L’investissement atteindrait 400 Md€ en 40 ans. Gros avantage, on lutte contre le réchauffement climatique (humour), mais pas dans les régions du monde les plus peuplées (humour bis).
Les centrales solaires alignent des capteurs longs, à concentration de flux grâce à des miroirs paraboliques. La vapeur anime des turbines. L’électricité produite serait transportée par un réseau en courant continu à haute tension : CCHT, très différent des lignes à très haute tension en courant alternatif. Des lignes coûteuses, mais qui limiteraient les pertes entre 10 et 15 %. Un membre du directoire de Munich Ré (réassureur de son métier) affirme que « cela reviendra moins cher de produire l’électricité en Afrique plutôt qu’en Espagne, bien que le courant doive être transporté » sur de bien plus longues distances.
Le groupe énergétique Vattenfall considère que l’investissement représente « une somme énorme » pour seulement 15 % de l’électricité consommée en Europe. Son dirigeant Lars Josefson « ne pense pas que cela soit réaliste ».
Nous serions assez satisfaits de l’étude géopolitique du projet. Les régions traversées recèlent à la fois des ressources dans leur sous-sol qui intéressent moult opérateurs économiques, et des populations “ légèrement ” exclues de la montée des richesses sur la planète. On n’oubliera pas le développement de l’agriculture sur place. Quand on sait que toute perturbation économique génère des relations humaines conflictuelles… Et même si les régions concernées « au sud » ont des régimes politiques stables, oublie-t-on déjà les manœuvres de Moscou (et ce pourraient être d’autres États) sur les gazoducs et le chauffage en Ukraine ou ailleurs ?
Pour les moins jeunes d’entre nous, avons-nous oublié les délires des années 60 : d’une part les autoroutes allaient passer sur les immeubles résidentiels (on ne parlait pas trop d’immeubles de bureaux), d’autre part, en lieu et place d’une “ bagnole ”, chaque foyer disposerait d’un hélicoptère personnel… dès l’an 2000.
Par Pascal Graindorge - Francebtp.com - le 15 juillet 2009

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