La Jordanie et la Tunisie en concurrence pour le poste de secrétaire général de l'UPM

Si tout va bien, le secrétariat général de l'Union pour la Méditerranée (UPM) devrait prendre forme à la fin de l'année, pour devenir opérationnel au 1er janvier 2010. Soit un an après l'objectif qui avait été initialement annoncé, en juillet 2008, lors du sommet de lancement, à Paris.
Sa création a été retardée, mais une fois le secrétariat mis sur pied l'UPM sera à l'abri des contingences politiques, estime-t-on à Paris.

L'UPM aura en effet son ossature institutionnelle. Le secrétariat général aura pour mission de mettre en oeuvre les projets décidés lors des sommets et réunions politiques.Il avait été décidé en novembre 2008 que le siège se situerait à Barcelone ; une victoire pour l'Espagne, alors que la France espérait une localisation sur la rive sud de la Méditerranée. Nicolas Sarkozy avait promis en 2008 au président tunisien, Zine Al-Abidine Ben Ali, que son pays l'accueillerait. Le plan a dû être révisé. La France aimerait maintenant que le poste de secrétaire général revienne à un représentant de la Tunisie.
Mais une bataille feutrée se poursuit à ce sujet. La Jordanie a, depuis des mois, lancé son candidat, Ahmad Massadeh, ambassadeur de Jordanie à Bruxelles, qui déploie un lobbying intense et se réclame du soutien de la Ligue arabe, singulièrement de la Syrie et du Liban. Paris tente d'éviter que les choses s'enveniment, et que son appui à la Tunisie nuise aux relations avec Amman.
De subtils dosages régionaux, reflet de la difficulté de ménager toutes les susceptibilités nationales au sein de l'UPM, sont au coeur du problème. Du point de vue français, il est souhaitable que le secrétariat, dont la composition laisse une grande place à l'est de la Méditerranée, valorise aussi l'ouest de la région. "On est très loin d'un accord entre les Arabes" sur cette question, observe un diplomate.
Une réunion de la Ligue arabe prévue à la mi-août devrait être occasion d'en discuter. La Tunisie n'a pas encore choisi son candidat. La France et l'Egypte seraient par ailleurs favorables à l'entrée en lice d'un candidat palestinien.
Le secrétariat de l'UPM comportera en principe, outre le secrétaire général, six adjoints : un Grec, un Turc (si Chypre y consent), un Italien, un Maltais, un Israélien et un Palestinien. Cette composition a été agréée fin 2008. L'entrée d'un Israélien a été décidée en échange de la participation de la Ligue arabe à toutes les réunions de l'UPM et à tous les niveaux.
Relais d''Influence
En comparaison avec le processus de Barcelone, projet euroméditerranéen lancé en 1995 qui peinait à décoller, la spécificité de l'UPM repose en grande partie dans son agencement institutionnel, ainsi que sur le rehaussement politique de ce dialogue, au moyen de grands sommets des chefs d'Etat, prévus une année sur deux. Afin d'utiliser l'UPM comme un relais d'influence, la France s'est battue pour conserver la coprésidence de l'organisation partagée depuis 2008 avec l'Egypte. Les Tchèques, qui assumaient la présidence du Conseil européen au premier semestre 2009, y ont consenti. La Suède, qui leur a succédé, a fait de même, quoique l'accord fût difficile à arracher. Le 1er janvier 2010, la France cédera cette position spécifique. L'Espagne assumera pleinement la coprésidence qui échoit à un pays de la rive Nord.
Natalie Nougayrède - LeMonde.fr - le 30 juillet 2009

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