Union pour la Méditerranée : Le sens d’un engagement

Toutes les études le confirment, tous les constats sont sans appel à ce sujet : il y a urgence à sauver la méditerranée et d’éviter qu’elle ne finisse par mourir sous les coups répétés des pollutions de toutes sortes, et plus graves les autres que les autres qui l’asphyxient, menaçant dans un avenir pas très lointain de lui faire rendre l’âme. En s’engagent sans hésitation ni tergiversation dans le projet de création de l’Union pour la Méditerranée, la Tunisie se montre pleinement consciente des dangers qui guettent cette région jadis, berceau de la civilisation humaine et qui, hélas, ploie sous le poids de multiples nuisances qui l’accablent de tous côtés. Ces nuisances, on le sait, sont le fruit d’un développement anarchique et non maîtrisé qui n’a cessé, durant des siècles, d’ouvrir cicatrice après cicatrice dans cet espace.
Ce que l’on sait moins c’est que ces cicatrices sont devenues pour certaines fort béantes et qu’elles ne concernent pas, contrairement à une idée reçue, que la mer. Faune et flore mais aussi air, sol, villes et campagnes sont logés à la même enseigne et réclament une intervention rapide.
« Le chantier de dépollution de la Grande Bleue est l’objectif numéro un de l’UPM. C’est sa Communauté du charbon et de l’acier » écrit la revue ‘’Géo’’ qui consacre son récent numéro à la Méditerranée qui fait le tour des défis actuels et futurs auxquels est confrontée Mare Nostrom et nous livre à cet égard, chiffres les uns plus alarmants que les autres, un tableau accablant qui appelle une action collective. L’environnement est en tête de ces défis avancés. Raison pour laquelle sa sauvegarde est l’un des thèmes fondateurs de l’Union. Le Président Ben Ali en fait, on s’en rappelle, le sujet essentiel de son discours sous la nef du Grand Palais à Paris au mois de juillet dernier lors du lancement officiel de l’Union.
La pêche, on s’en doute, devenue industrielle, vide la mer de ses poissons. La crise du thon rouge symbolise ce qui se joue en Méditerranée. Malheureusement dans l’ensemble des pays méditerranéens, les pêcheurs continuent de faire comme si de rien n’était.

Mais peut-on comparer les détenteurs de petites barques de la rive Sud aux mastodontes européens, japonais et chinois qui dans une seule prise raflent des centaines de tonnes d’espèces en voie de disparition ? L’environnement est ainsi au cœur de la problématique, la plus épineuse d’entre toutes, de l’inégalité des flux migratoires entre les deux rives et qui est responsable de l’augmentation, au cours des dernières années ! Toujours est-il que les stocks s’épuisent et les grosses prises se raréfient même si , fort heureusement, tout n’est pas encore perdu, ce qui risque d’arriver si rien n’est fait dans les délais les plus proches.

On ne badine pas avec son assiette. La biodiversité est également dans l’œil du cyclone. On dénombre 10 000 espèces en méditerranée. Mais elles sont de plus en plus nombreuses à grimper sur l’échelle des menaces (phoque moine, cétacés, etc. ….). Les estivants peuvent le constater à leur corps défendant à la faveur du pullulement des méduses sur les plages et qui rendent la baignade désagréable voire dangereuse. Autre « progrès » autre plaie : le tourisme et son corollaire le bétonnage du littoral. Plus de 40% des bords de mer sont déjà rendus artificiels par l’habitat, les équipements.
« Ne pas bronzer idiot » et « protège ma dune », ces deux slogans expérimentés avec succès à Tabarka, le village kroumir tunisien depuis des décennies et le développement du tourisme culturel et de santé, autant de nouveaux créneaux développés par la Tunisie sont d’actualité faisant de notre pays, le plus méditerranéen en termes géographiques et de brassage culturel et démographique, un acteur essentiel de toute stratégie visant à apporter une solution appropriée aux problèmes qui hypothèquent l’avenir de la zone.
D’autant que la liste des maux ne s’arrête pas là. Loin s’en faut ! L’augmentation des rejets chimiques et du trafic maritime et le réchauffement climatique, qui, paradoxalement y est plus fort qu’ailleurs, sont venus s’ajouter aux nouvelles fragilités qui affectent la Grande Bleue.
Le sol, sur tout le pourtour méditerranée n’est pas lui aussi exempt de la véritable désertification en œuvre dans ce qui s’apparente plus à un lac intérieur qu’à une véritable mer. Cela pose d’énormes défis à l’agriculture méditerranéenne qui ne parvient pas à nourrir correctement la population, qui souffre d’un déficit pluviométrique qui se creuse de plus en plus avec l’effet de serre, et la désertification du sol sous la pression de l’érosion, de la régression de la foret, etc.
Néanmoins, Il ne faut surtout pas céder à la tentation du catastrophisme. Car, précisément, ce sont là autant de nouvelles perspectives pour l’espace méditerranéen.
En agissant pour arrêter la dépollution, développer les autoroutes de la mer, favoriser la protection civile, encourager l’énergie solaire, augmenter les échanges universitaires, aider les PME à promouvoir l’emploi, les riverains ne manqueront pas de créer de nouvelles opportunités riches en promesses et qui redonneront à Mare Nostrum son lustre d’antan et son rôle avant-gardiste. C’est le sens de l’engagement du Président Ben Ali dans ce projet à maints égards vital.
Salem Guerbouj - section Economie, Opinions - InfoTunisie.com

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