Les pays méditerranéens s'inquiètent de l'avenir de leurs côtes

Les représentants de vingt-deux pays méditerranéens qui ont participé à Nice, les 18 et 19 décembre, à une réunion visant à définir un programme d'actions pour protéger la biodiversité des zones côtières en Méditerranée, se sont quittés sur un constat largement partagé : " L'avenir du patrimoine marin de la Méditerranée dépend de ce que nous, les pays riverains, faisons à terre."
Le colloque, organisé dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne et de l'Union pour la Méditerranée, a réuni Etats, collectivités territoriales, gestionnaires et organisations non gouvernementales (ONG) des deux rives de la Méditerranée. Les participants ont étudié les moyens de "stopper la perte de la biodiversité" de la Méditerranée.
Celle-ci est reconnue comme un des vingt-cinq "points chauds" de la biodiversité mondiale (elle regroupe 28 % des espèces endémiques connues) mais se trouve, de fait, particulièrement menacée par les pressions anthropiques. Les vingt-deux pays et territoires riverains qui la bordent abritent 450 millions d'habitants. Selon le Plan bleu, une organisation non gouvernementale française, la population du littoral devrait augmenter de 20 millions d'individus d'ici à 2025, et les flux touristiques doubler dans l'intervalle.
Un outil contraignant
Dans ce contexte, quatorze pays du bassin méditerranéen ont approuvé, en janvier, le principe d'un protocole de gestion intégrée des zones côtières (GIZC), afin de protéger les littoraux et leurs écosystèmes. La réunion de Nice s'est fixé pour objectif de convaincre de nouveaux pays de signer ce document.
"Quatorze Etats sur vingt-deux ont adopté le principe de ce protocole. Cependant, seuls quatre l'ont ratifié. Quand ils seront six, il deviendra applicable. L'avenir du patrimoine commun de la Méditerranée en dépend", a souligné
Jean-Marc Michel, directeur général de la gestion intégrée des lacs et zones côtières au ministère français de l'écologie.
Ce protocole est un "outil juridique contraignant" pour les Etats signataires, a rappelé
Judith Jiguet, directrice de l'eau et de la biodiversité au ministère de l'écologie. La plupart des participants à la conférence de Nice ont souligné son importance. Un accord autour de ce document permettrait de capitaliser les expériences engagées par les pays riverains pour permettre une gestion durable de leurs rivages.
La nécessité de promouvoir un tourisme durable en Méditerranée, "respectueux des écosystèmes, des ressources naturelles et du patrimoine culturel", a également été soulignée lors de la conférence.
Par ailleurs, de nombreux participants ont exprimé leur inquiétude devant les conséquences du réchauffement climatique en Méditerranée. Les prévisions font état d'une hausse moyenne des températures annuelles de 2,2 à 5,1 °C d'ici la fin du siècle.
"Dans notre région, ce changement va accentuer notre vulnérabilité par ses effets indirects : salinisation, réduction de la disponibilité en eau, etc.", souligne Maria Canals, présidente de l'association catalane Depana.
Le phénomène préoccupe également Abderrahmen Gannoun, un des responsables du Plan d'action pour la Méditerranée (PAM), instance intergouvernementale placée sous l'égide du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Le changement climatique constitue, selon lui, une des principales menaces pour les zones côtières méditerranéennes, avec la pression démographique et touristique, la pollution, les espèces exotiques invasives et la surexploitation des ressources.
Paul Barelli - LeMonde.fr - 23 décembre 2008

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