Barcelone relancée par l'Union pour la Méditerranée

A l'occasion de la tenue de la 23 ème édition des journées de l'entreprise, les 27 et 28 novembre 2008, le centre d'études et d'analyses IEMed a publié une étude sur la relation entre le processus de Barcelone et l'élaboration du projet de l'union pour la méditerranée.
Voici un aperçu sur l'étude réalisée par Bénédict de Saint-Laurent :
Emprunté à la grammaire arabe, l'adjectif inaccompli convient bien au processus de Barcelone, en particulier sur le plan économique. Des progrès ont été réalisés, mais sans véritable rupture. Alors que le reste du monde évolue très vite, la Méditerranée semble tarder à sortir d'une certaine léthargie. Un contexte géopolitique régulièrement perturbé (conflits, terrorisme) ajoute au pessimisme.

Pourtant, il est faux de dire que rien ne bouge et que Barcelone serait un échec. La réalité est plutôt que le processus (trop peu connu des acteurs économiques et des populations) se trouve inachevé, comme au milieu du gué. Il faut à présent soit accepter de se laisser entraîner au fil de l'eau – ce qui conduirait à une situation vite inacceptable –, soit cravacher pour gagner un terrain solide, au bénéfice de tous les riverains de la mer commune…
La Méditerranée, quelle Méditerranée ?

S'il emprunte un peu vite la vulgate des économistes (écart continuant de grandir entre les deux rives de la Méditerranée), Jacques Attali n'a pas tort d'insister sur la diversité des 22 pays qui bordent la Méditerranée.
Ensemble déjà compliqué par sa géographie physique, par ses multiples mers séparées par des péninsules ou des îles, par ses rivages souvent accidentés et montagneux qui cloisonnent autant de petits bassins, la Méditerranée est aussi un entassement de civilisations et de langues, le point d'arrivée ou de départ de multiples migrations ou mélanges humains, et la mère de conflits parfois séculaires !

Ce serait donc un véritable « bazar », difficilement gérable, imperméable à la rationalité moderne, voué au sort peu enviable de « plaie économique » dont il faudrait s'occuper, un peu à l'instar de cette Turquie du XIXe siècle, homme malade de l'Europe. Les bonnes âmes qui se penchent sur la Méditerranée compliquent encore le traitement, en arrangeant de façon variable les pièces du puzzle. Depuis Barcelone, le périmètre de l'ensemble euro-méditerranéen intègre la Jordanie, non riveraine de la mer, mais exclut la Libye (observateur) et une partie des Balkans. La Turquie bénéficie depuis 2007 d'un statut de préadhésion qui en fait un cas à part. Les pays riverains de la mer Noire, s'ils font partie du Nouveau Voisinage (avec des voisins encore plus lointains comme la Biélorussie !), n'appartiennent pas à l' « Euro-Med ». L'OCDE ou la Banque Mondiale travaillent sur l'ensemble MENA (Middle-East North-Africa), qui englobe les pays du Golfe et le Moyen-Orient. L'administration américaine intègre même à cette région la Mauritanie, le Soudan, parfois l'Afghanistan.

Qui peut nier cependant que la Méditerranée jouit d'une certaine unité, transcendant les frontières, barrières, obstacles de tous ordres, avec beaucoup de traits communs dans tous ces pays d'histoire et de systèmes sociaux différents ? L'unité politique reste, certes, toujours difficile à atteindre, sauf sous l'imperium des conquérants et encore… mais sur des sujets aussi importants que le poids de la famille, le régime alimentaire ou la propension à échanger, des permanences existent.
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Audinet Tunisie - décembre 2008

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