Implantation de centrales solaires dans le Sahara ?

L’Union pour la Méditerranée vient de présenter son plan solaire méditerranéen. Parmi ses 60 propositions, l’une d’entre elles retient l’attention : l’implantation de centrales solaires dans le Sahara. L’idée est séduisante mais qu’en est-il de la réalité ? Alain Ferrière, spécialiste de l’énergie solaire au CNRS, répond à Planète Terra.

Planète Terra : Pour vous, l’installation de centrales solaires thermodynamiques dans le Sahara peut-elle être une solution aux besoins énergétiques des pays méditerranéens ?
Alain Ferrière : En terme de faisabilité, je dirai oui. Nous avons les capacités pour mettre en place des centrales. Les matériaux sont faciles à trouver : il s’agit essentiellement de verre et de métal. Les solutions techniques existent aussi pour le transport de cette énergie sur de grandes distances. Mais le problème majeur reste la question du stockage. Les technologies sont plurielles et comportent encore des faiblesses, des fragilités et un coût variable. Donc, même si on dispose des moyens techniques, il ne faut pas se précipiter sur ce genre de chantiers comme si c’était la réponse à tous les problèmes énergétiques du globe.

Une étude menée par le scientifique allemand Gerhard Knies montre “qu’un millième de la superficie des déserts suffirait à couvrir la demande mondiale en électricité”, qu’en pensez-vous ?
Il y a de nombreuse études faites sur le sujet. La capacité de production d’électricité du désert est colossale. La planète a des surface ensoleillées à revendre, c’est une réalité. Néanmoins, il faut rester réaliste. On ne peut pas transformer les déserts en vaste champs de panneaux solaires et se passer de toutes les autres formes d’énergie. Il faut se poser la question de la dépendance énergétique des pays, de la propriété des installations, du partage des connaissances, des populations locales et de la géopolitique. Il faut résolument aller vers ces technologies mais ne pas faire miroiter n’importe quoi.

Vous invitez donc à la prudence ?
De la prudence mais pas de frilosité non plus. C’est le problème de la France qui est restée en retrait sur le sujet. Alors que des pays comme l’Espagne ou l’Allemagne ont encouragé leurs entreprises à se lancer dans ces technologies, il y a déjà plusieurs années. L’Hexagone a un retard de quinze ans, surtout au niveau industriel. En tant que scientifique, je pense qu’il est primordial de développer de nouvelles technologies. Mais avant de vouloir trouver de nouvelles ressources d’énergie, la solution, c’est avant tout d’en limiter la consommation.
Lucile Brizais - Planete-terra.fr

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