Union pour la Méditerranée - Secteurs et niches stratégiques

Quatre grands ensembles identifiés et ciblés : textile, télécoms et téléservices, agriculture et industries

Un groupe de brainstorming pour l’Union pour la Méditerranée (UPM) a livré ses premières idées sur les secteurs et niches stratégiques à cibler par les opérateurs économiques des 27 pays riverains de la Méditerranée. Des idées qui restent à valider.
Des actions transversales sont également identifiées et déclinées, pour certaines, selon des modèles qui ont fait leurs preuves.
Pour les premiers secteurs et niches stratégiques à cibler, le groupe dirigé par Pierre Henry a retenu 4 grands ensembles, «taillés pour le Maroc», selon un des membres du groupe qui a requis l’anonymat.

- Textile.
Pour ce secteur, les conclusions du groupe de travail appellent à passer de la sous-traitance à la cotraitance, miser sur la qualité y compris le coton biologique. Des projets syriens dans ce sens sont cités en exemple. A la proximité-réactivité pour gagner des parts de marché sur le segment du fast fashion, une montée en gamme pour capter une part plus importante de valeur ajoutée (innovation, branding, création-design).

Le respect effectif des DPI (marques) des donneurs d’ordre étrangers permettrait de gagner des contrats et des projets d’investissements. Les niches dans ce secteur ont pour nom mode, textiles techniques, fibre écolo...

- Télécommunications et téléservices.
Pour le second volet de ce secteur (téléservices), le groupe exhorte l’Union à adopter le même fuseaux horaire que les donneurs d’ordre. Voilà qui repose le vieux débat sur la question de l’arrimage du Maroc à l’heure européenne. Créer une sorte de communauté de langue (langue de travail) et saisir l’opportunité de valoriser la matière grise dans les pays MEDA sans immigration physique grâce à la collaboration sur le Net, vidéoconférences...
Les niches: traduction, relation clientèle/centres d’appels, centres de services partagés (CSP/BPO), e-learning-formation, maquettes 3D pour projets archi-urba ou design industriel...

Pour le second volet (télécommunications), le groupe propose une extension de la couverture téléphonie cuivre classique, conversion à la fibre optique pour le développement du haut débit dans les grands pôles urbains, création/extension/modernisation des réseaux sans fil GSM/UMTS ou bien type WiMax (pour usages privés-entreprises ou d’Etat-armée mais aussi expérimentations commerciales).

Les niches sont l’installation et la maintenance. Par ailleurs, un sous-secteur (logiciels) a été identifié. Selon les membres du groupe de brainstorming, il s’agit d’un petit secteur existant au Liban, en timide progression en Egypte, en essor en Tunisie et au Maroc.

Il n’empêche, reconnaissent-ils, ils comportent plusieurs niches: développement d’applications bureautiques ou gestion/business basées sur OS open source pour marché gris des administrations et entreprises. Jeux vidéo où ils citent l’éditeur français Ubisoft qui est en train de répliquer à Casablanca l’expérience de Montréal (Québec) où, grâce au soutien des autorités publiques et des universités locales, le groupe a développé un des plus grands studios du monde.
Autre exemple: la start-up israélo-palestinienne G.ho.st qui a mis au point, grâce au travail en ligne entre Ramallah et Israël, un ordinateur virtuel disponible gratuitement sur le Web, et qui vient de recevoir des financements du fonds de capital-risque américain Benchmark Capital.

- Agriculture/agroalimentaire.
Là-aussi, le Maroc est cité nommément par les experts de l’UPM pour sa nouvelle politique de relance de la production agricole en général (Plan Maroc vert).
Pour ce secteur, tout y passe: céréales et cultures vivrières, horticulture, maraîchage biologique, les équipements intelligents made in Israël (micro-irrigation), compostage des déchets produits par les usines de transformation,... Toutefois, les experts appellent à la mise en place de politique de marketing agroalimentaire.

Elle contribuera au respect de la traçabilité, de l’application des normes phytosanitaires-certification, une meilleure intégration dans supply chain de la grande distribution pour accéder au marché européen. Mais aussi pour éviter l’exclusion des rayons des enseignes locales, démarche qualité-différentiation, protection des indications géographiques (Appellations d’origine contrôlée), marques.
Les niches sont horticulture, plantes aromatiques et médicinales bio, catering (transport aérien, tourisme), plats cuisinés méditerranéens, viticulture, production de lait frais...

- Industries mécaniques, électroniques, automobiles.
Le constat est sans équivoque. «l’électronique grand public est peu développée hors Turquie, à quelques exceptions près en Egypte et au Maghreb. Les auteurs du travail appellent alors à miser sur l’assemblage-soudure car la production de composants électroniques (Israël, et un petit cluster tunisien cités) est plus gourmande en capitaux et savoir-faire.
De plus, il y a la saturation de l’offre par les usines asiatiques. Les équipements automobiles, déjà bien développés en Turquie, au Maroc, en Tunisie, en Egypte sont cités.

Pour la sous-traitance aéronautique, les auteurs préfèrent parler de «redéploiement de l’industrie hors zone euro». Les matériels ferroviaires sont à négocier à la signature des contrats. L’exemple du TGV marocain (Sur cette question, les experts parlent de réveil des projets ferroviaires ou tram/trains de banlieue un peu partout (création en 2006 d’Eurotem, joint-venture de Hyundai Rotem avec l’autorité turque des chemins de fer, qui produit des trains à grande vitesse pour les pays MENA et l’Europe).

Les niches : «Avec un taux de croissance du marché mondial de 3,7% par an pour les dix prochaines années, le marché du tramway s’annonce comme le secteur le plus prometteur du marché ferroviaire avec celui du TGV», selon Alstom.

Autres pistes à explorer
Dans le pipe des groupes de travail de l’UPM figurent également la grande distribution dont le fort potentiel de croissance, riche en emplois peu qualifiés peuvent profiter aux pays de la rive sud surtout. Les transports (infrastructures et services) figurent en bonne place avec leur effet multiplicateur important dans le secteur de la logistique autour des ports/aéroports et des nœuds intermodaux.

Le domaine de la construction/rénovation est cité en tant que gros gisement d’emplois, du fait de la vétusté et de l’insuffisance du parc collectif urbain, en plus de la politique générale du logement social.

Pour parler de l’énergie, les experts évoquent la relance des programmes nucléaires en Egypte, Jordanie (première mine d’uranium jordanienne opérationnelle en 2012). Les énergies renouvelables font la part belle aux pays ensoleillés dont le Maroc (300 jours/an). Cette ressource inépuisable a donné des projets d’usine solaire en Algérie, de 250 MW à Ashelim dans le Neguev israélien, 300 MW sont prévus dans la région de Wadi Rum en Jordanie d’ici 2015, ou les équipements solaires individuels pour 200.000 foyers ruraux d’ici 2013 dans le cadre du programme Chourouk de l’ONE.

L’énergie alternative (centrales mixtes thermo-solaires), comme celle de Aïn Bani Mathar est cité. L’éolien, les 5 projets de fermes éoliennes en Jordanie donnent à réfléchir. L’Egypte prévoit de porter à 20% la part de l’éolien dans son bouquet énergétique d’ici 2020 (550 MW réalisés fin 2008). Il y a aussi le projet d’alimentation d’une cimenterie de Lafarge Maroc par une ferme éolienne de 100 MW que réalise Nareva du groupe ONA.

Actions transversales
Près de 11 actions transversales sont répertoriées et codifiées dans le rapport du groupe de travail de l’UPM.
- Nearshoring-offshoring. Une stratégie de redéploiement de l’appareil industriel européen dans l’espace Euromed répondrait à la question «quel partage des tâches et de la valeur ajoutée»?

Sous-traitance/externalisation ou relocalisation/éclatement des chaînes de production au sein d’une même entreprise seraient une réponse.
Par exemple dans le secteur de la pharmacie, ce principe consisterait à maintenir la fabrication de gélules en France, l’impression et le pliage des notices dans un des pays du Maghreb, l’emballage final en France). Les modalités de coopération retenues pour ce faire, les inter-clusters.

- Démarche qualité-différentiation. Elle repose sur 3 éléments essentiels: le branding méditerranéen (cosmétiques, textile, luxe, produits alimentaires, produits culturels, produits touristiques), l’Appellation d’origine contrôlée (AOC) pour produits agricoles, labellisation, marketing territorial suivant le modèle I love NY.

- Propriété intellectuelle et contrefaçon. Sortir de l’industrie de la contrefaçon et mettre en place le chantier droits de propriété intellectuelle (DPI), protection des marques,...- Investissement socialement responsable. Il s’agit du respect des fournisseurs, de l’environnement des affaires, des droits des travailleurs et autres sujets éthiques à ériger comme règles de jeu commercial et d’échanges.

- TIC (Infrastructures et services). Elles conditionnent le développement d’industries et services connexes. Le groupe de travail propose, pour ce faire, la mise en place d’une politique incitative en faveur du secteur des centres d’appel.

- E-business-Internet. Les auteurs du travail appellent à introduire plus de marketing dans le tourisme par exemple, pour accéder directement aux clients étrangers.Les politiques de privatisations et PPP, la mise à contribution des diasporas, des jeunes, femmes-entrepreneurs, le financement de l’entreprise, l’innovation et la franchise sont également répertoriés dans les actions transversales à cibler par les pays du pourtour méditerranéen.
Bachir THIAM - L'Economiste du Maroc - le 12 septembre 2008

Méditerranée : lancement par la France et l’Italie du fonds InfraMed

La France et l’Italie ont lancé un fonds qui investira dans les infrastructures des pays du pourtour méditerranéen à partir de 2009, selon un communiqué publié jeudi.
Ce fonds, appelé InfraMed, a été lancé par la Caisse des dépôts et consignations française (CDC), le "bras financier de l’Etat" qui gère plusieurs dizaines de milliards d’euros et investit notamment dans les plus grands groupes français, et son homologue italienne, la Cassa depositi e prestiti.
Les deux institutions présentent cette initiative comme une "contribution à l’Union pour la Méditerranée" (UPM), que le président français Nicolas Sarkozy s’apprête à lancer dimanche à Paris, en présence des dirigeants d’une quarantaine de pays.
L’objectif de ce fonds est de récolter un montant global de 600 millions d’euros qui sera abondé "jusqu’à moitié" par les deux établissements, a précisé à l’AFP Arié Flack, directeur général de la Compagnie financière du Lion (CFL), qui conseille la CDC dans le cadre de la mise en oeuvre du "Club des investisseurs de long terme".
InfraMed devrait être opérationnel "au cours du premier semestre 2009", précise le communiqué.
"L’un des objectifs est d’ouvrir InfraMed à d’autres investisseurs de long terme et à certains fonds souverains qui partagent la philosophie d’investissement" des caisses française et italienne, a poursuivi M. Flack, ajoutant qu’un "grand fonds souverain du Golfe avait déjà exprimé son intérêt".
Le fonds investira indirectement dans des fonds locaux dédiés au financement des infrastructures ou directement dans des projets ou des actifs d’infrastructures déjà existants.
Il privilégiera les infrastructures de transport, énergétiques et environnementales (eaux, déchets, propreté). "L’initiative de la CDC s’inscrit dans une démarche globale de développement de ses activités dans le segment des infrastructures", a rappelé M. Flack.

Narosnews - Août 2008

Un fonds pour développer les investissements en Méditerranée

Un nouveau fonds d’investissement à vocation méditerranéenne est né. Il s’agit d’Invest in Med. C’est un programme destiné à développer l’investissement direct étranger et les flux commerciaux en Méditerranée, construire des partenariats d’affaires durables entre les deux rives et promouvoir le codéveloppement. Cofinancé par la Commission européenne dans le cadre du programme IEVP de coopération entre l’Union européenne (UE) et les pays du voisinage, Invest in Med s’étalera sur une période de trois ans.
En effet, environ 200 opérations seront organisées entre 2008 et 2011, dont 150 dans les pays bénéficiaires (partenaires sud-méditerranéens de l’Union européenne).

Elles consisteront en des évènements de mise en relation (rencontres d’affaires, ateliers, conférences), des opérations d’assistance (missions de soutien et détachements de personnel), des formations (ateliers), des supports documentaires (guides, intelligence économique, études).
Un fonds d’investissement de plus, serait-on tenté de dire. Mais, pour Hamid Kessal, vice-président de la CGEM et représentant de celle-ci au conseil d’administration de BusinessMed qui gère Invest in Med, ce nouveau programme se distingue des autres en trois points:

«D’abord, c’est un programme qui touche un tissu d’entreprises plus large contrairement aux autres fonds qui sont spécifiques par régions ou par pays. Sa mission est de permettre aux entreprises de tisser des relations B2B gagnant-gagnant. Et c’est un programme qui apporte des compétences en plus parce qu’il permettra de développer les connaissances entre les opérateurs économiques membres de la zone».

Le nouveau programme fonctionnera comme une agence de développement économique centrée sur l’investissement et les partenariats d’affaires.
Il sera coordonné par Anima Investment Network, leader d’un consortium qui réunit BusinessMed, Eurochambres, Ascame et leurs partenaires spéciaux : l’ Onudi (Organisation onusienne pour le développement industrie), GTZ (coopération technique allemande) et l’EPA Euro-méditerranée.

Dans un souci d’efficacité, Invest in Med sélectionnera un certain nombre de niches sectorielles à fort potentiel ou de domaines transversaux comme le rôle des jeunes entrepreneurs et des femmes, des diasporas, de la micro-entreprise, le développement de la franchise, les partenariats public-privé et le financement des PME.
Un premier calendrier des opérations prévues ainsi que des secteurs et niches d’activités prioritaires a déjà été défini.Invest in Med bénéficie à 9 pays partenaires méditerranéens de l’UE: Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Autorité palestinienne, Syrie et Tunisie.
L'Économiste du Maroc - le 10 septembre 2008

Plan solaire méditerranéen : l’énergie née du désert

Le projet Desertec veut utiliser l’énergie solaire reçue par les déserts sahariens pour fournir l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en énergie et en eau, tout en préservant le climat. Il pourrait devenir Plan solaire méditerranéen, financé par la toute nouvelle Union pour la Méditerranée.
On pourrait satisfaire l’accroissement de la demande en énergie et en eau en Europe, au Moyen-Orient et en Europe en équipant en centrales thermiques solaires 0,3% de la surface totale des déserts nord-africains.
Tel est le principe du projet Desertec, porté par le TREC (Trans-mediterranean renewable energy cooperation), initiative du Club de Rome, de la Fondation hambourgeoise pour la protection du climat et du National energy research center jordanien.
Ces centrales solaires concentreraient la lumière du soleil pour générer de la vapeur et actionner des turbines productrices d’électricité (classique). Interconnectées entre elles, et avec des fermes éoliennes installées dans le sud marocain, elles pourraient produire jusqu’à 100 gigawatts d’électricité solaire en 2050.
Elles couvriraient ainsi 10 à 25% des besoins en électricité européens. Elles profiteraient d’un irradiation solaire double de celle reçue en Europe du Sud. L’énergie produite, complétée par installations éoliennes et cogénération, permettrait également de dessaler massivement l’eau de mer pour répondre aux besoins en eau des régions productrices.
Cette approche renouvelable nécessite évidemment la construction d’un vaste réseau de lignes CCHT (courant continu à haute tension) entre les pays d’Afrique du nord, du Moyen-Orient et l’Europe (d’où une perte énergétique de 10 à 15% lors du transport).
Afrique exploitée, Europe dépendante ?
TREC répond sur son site aux 2 objections qui viennent à l’esprit : N’est-ce pas une nouvelle forme d’exploitation de l’Afrique par l’Europe ? L’Europe ne devient-elle pas ainsi dépendante en énergie vis-à-vis des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ?
Réponse : Desertec contribuera au développement en Afrique et au Moyen-Orient, fournira des ressources par l’exportation et diminuera l’impact du réchauffement climatique sur ces régions. Par ailleurs, les sources thermiques solaires seront nombreuses et dispersées dans plusieurs pays.
Enfin, le solaire étant une énergie renouvelable et non stockable, peu soumise à spéculation, les pays d’implantation des centrales auront peu intérêt à couper l’approvisionnement.

Un nouvel essor avec l’Union pour la Méditerranée
Desertec était jusque-là un projet théorique, reposant sur des études menées par le Centre aéronautique et spatial allemand, et approuvé par Greenpeace.
Il pourrait passer au stade de la réalisation avec l’appui de la toute nouvelle Union pour la Méditerranée (UPM), officiellement lancée en juillet dernier, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy et Angela Merckel. Les projets de l’Union devraient porter en particulier sur l’approvisionnement énergétique, d’où la conversion du projet Desertec en Plan solaire méditerranéen. Restera à dégager les financements de ce vaste projet.
A noter que les lignes à haute tension courant sur des milliers de kilomètres ne sont peut-être pas le summum du développement durable...
Thierry Follain - Naturavox - le 11 septembre 2008

La Corse prend place dans l'Union méditerranéenne

La commission de coopération interrégionale et euro méditerranéenne soumet à l'Assemblée de Corse six mesures concrètes destinées à permettre à la Corse et aux Corses de participer activement au processus d'Union de la Méditerranée.
Les 7 juillet et 1er août dernier, à Nonza, la commission, à l'occasion d'une réunion décentralisée, procédait à un échange de vues sur la coopération en Méditerranée (intra méditerranéenne et euro méditerranéenne) et sur les perspectives qu'elle peut ouvrir à la Corse.
A cet effet, Pascale Bizzari-Gherardi avait invité le conseil municipal de Nonza, Louis Dominici, ambassadeur et président de l'Association corse pour l'union de la Méditerranée (ACORMED) dont le siège est à Nonza, ainsi que Jean-Paul Mattei, avocat au barreau d'Ajaccio, premier adjoint au maire de Nonza, et correspondant en Corse de l'Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN). Ce dernier présentant un projet de séminaire que l'IHEDN souhaite organiser en Corse sur le thème de « l'Union de la Méditerranée » (plus précisément, la vocation de ce séminaire est de contribuer à la « formulation prospective » des grands enjeux de la présence de la Corse en Méditerranée).
De cette réunion, on retiendra essentiellement que les membres de la commission ont joué pleinement leur rôle d'élu, définissant en six point les propositions qui amèneraient la Corse à participer à la construction d'« un grand espace de paix et de progrès en Méditerranée ». L'Assemblée de Corse devra maintenant, probablement dès la session de rentrée (programmée le 26 septembre), se positionner sur le rôle de la Corse dans la construction de l'Union méditerranéenne.
L'initiative de la commission faisant écho au message délivré au printemps, lors de sa visite à Ajaccio, par le ministre du Tourisme Hervé Novelli qui encourageait alors les élus de Corse à faire des propositions sur la place de l'île en Méditerranée. Et précédant opportunément de quelques heures le grand rendez-vous donné par Nicolas Sarkozy à tous les chefs d'Etat de la Méditerranée (le 13 juillet, à Paris).
Outre sa déclaration en six points (voir encadré), la commission a créé un « Centre de veille en Méditerranée » (CEVEMED) sous la forme d'une association loi 1901, présidée par Pascale Bizzari-Gherardi.
Ce centre a pour mission d'identifier les projets et programmes de coopération en cours ou prévus en Méditerranée et susceptibles de fournir à la Corse une occasion d'y participer. Dans ce contexte, il n'est pas anodin de noter que Pierre Chaubon, maître des requêtes au Conseil d'Etat, et Louis Dominici, ancien ambassadeur de France et ministre plénipotentiaire en sont les vice-présidents.
De fait, l'association s'engage à prendre tous contacts et toutes initiatives utiles en France, en Europe et dans tous les pays méditerranéens, à réaliser des études et à mener des actions d'information et de formation. Pas facile pour le simple citoyen de tirer de ces rendez-vous stratégiques, voire des propositions qui se veulent « concrètes », des enseignements clairs sur les retombées effectives de telles initiatives.
Cependant, les enjeux sont d'importance, puisque des marchés (essentiellement dans les domaines agro-alimentaire, environnemental, hydraulique, touristique, culturel et patrimonial) sont à ouvrir sur toute la rive Sud et orientale de la Méditerranée.
Pascale Gherardi : « Je voudrais que les chefs d'entreprises, étudiants et associatifs prennent conscience qu'ils ont les moyens d'agir en Méditerranée. C'est-à-dire que les chefs d'entreprises peuvent exporter de l'ingénierie, de la compétence et des produits, et que les étudiants peuvent gagner en expérience en allant travailler dans d'autres pays.
Pour ce faire, les uns et autres ont besoin qu'on identifie des axes d'intervention et des pistes d'action, et qu'on propose des financements et des structures d'appui. »
Les six propositions
1. Identifier pour l'avenir les programmes et projets dans lesquels pourraient s'insérer des initiatives corses publiques et privées.
2. Accroître les moyens publics affectés par les institutions corses à la coopération décentralisée.
3. Favoriser la recherche systématique des contributions financières et techniques, nationales européennes et internationales, susceptibles de renforcer, dans le contexte de la coopération méditerranéenne, le développement harmonieux de la Corse.
4. Favoriser concrètement la participation des institutions corses, et/ou des entreprises corses, et/ou des experts corses, aux programmes et projets de développement concernant d'autres régions méditerranéennes, ou d'autres pays ou groupes de pays en Méditerranée.
5. Rechercher et mettre au point des dispositifs de formation susceptibles de renforcer les atouts de la Corse et des Corses dans leur effort d'insertion au coeur des coopérations intra méditerranéennes, euro méditerranéennes et euro africaines.
6. Rechercher et proposer tous moyens susceptibles d'affirmer utilement la présence culturelle, économique et politique de la Corse en méditerranée.
Constant Sbraggia - Info.club-corsica.com - le 3 septembre 2008

Sarkozy veut concrétiser l'UPM

Le Caire : L'Union pour la Méditerranée (UPM) doit maintenant entrer dans le vif du sujet et ses membres proposer une première liste de projets concrets d'ici la fin octobre, ont annoncé mercredi les co-présidences française et égyptienne.
Lancée le 13 juillet à Paris par le président français Nicolas Sarkozy, l'UPM réunit 43 pays - les 27 de l'Union européenne et 16 pays de la rive sud de la Mare Nostrum - qui se retrouveront dans la deuxième quinzaine d'octobre, probablement à Monaco, a indiqué au Caire le ministre français du Développement durable et de l'Energie, Jean-Louis Borloo.
Borloo, en visite d'une journée dans la capitale égyptienne avec Henri Guaino, conseiller spécial du chef de l'Etat français, a été chargé par Sarkozy du "pilotage" opérationnel des projets de l'UPM.

"On nous demande maintenant de passer à l'acte, de rentrer dans la phase opérationnelle de l'Union", a-t-il souligné. Côté égyptien, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Rachid Mohammed Rachid, assurera la même fonction: "Le président m'a demandé d'accélérer la mise en oeuvre des projets concrets, qui recueillent l'adhésion de tous et qui aient un rapport direct avec la vie quotidienne" des 750 millions de citoyens concernés, a-t-il souligné devant la presse avec Borloo.

Borloo et Rachid ont invité leurs partenaires à désigner chacun un ministre pour les représenter à l'UPM et à commencer de présenter leurs projets, qui porteront essentiellement sur l'énergie, l'environnement, les transports maritimes et le développement urbain - alors que 70 M de citadins supplémentaires auront gonflé les villes du littoral entre 2005 et 2025.

"L'idéal serait d'avoir un cadre de travail opérationnel d'ici la fin octobre. Je veux qu'avant la fin de l'année, démarrent des projets opérationnels", a insisté Borloo. "Nous avons la volonté commune d'accélérer l'histoire sur un certain nombre de programmes qui se feraient un jour, mais pour lesquels il faut éviter de retomber dans les travers du processus de Barcelone".

Ce processus euro-méditerranéen avait été lancé en 1995 sans beaucoup d'effets à ce jour. "L'UPM n'est pas une somme de bilatérales mais un mécanisme général sur des priorités comme la dépollution, l'énergie, l'accès à l'eau", a ajouté le ministre français qui insiste sur la vulnérabilité particulière de la Méditerranée au changement climatique. Ces programmes, qui seront adoptés par consensus, "ne devront pas nécessairement être partagés par tous: si certains pays se mettent d'accord, ils pourront commencer", a fait valoir Rachid, en sollicitant le secteur privé aux côtés des pouvoirs publics.

Selon Borloo, le Fonds pour l'environnement mondial (FEM, GEF en anglais), basé à Washington, "est déjà prêt à débloquer 100 M USD de financement tout de suite et 500 M supplémentaires rapidement". Sur la gouvernance de l'UPM, beaucoup reste à faire: les ministres des Affaires étrangères, qui se réunissent les 3 et 4 novembre à Marseille, choisiront le siège du Secrétariat général de l'UPM (mais pas le secrétaire général): Tunis, La Valette, Barcelone et Marseille se sont portées candidates, le Maroc s'est également montré intéressé.

La France a fait savoir qu'elle préférait une "ville de la rive sud", selon la délégation française. Il leur faudra également décider de la longueur du mandat des deux co-présidences. Outre les 27 de l'UE, l'UPM regroupe les pays suivants: Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Mauritanie, Syrie, Tunisie, Turquie, Autorité palestinienne, Albanie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro et Monaco.
AFP - le 11 septembre 2008

Afrique du Nord: «Les Européens regardent le sud avec peur et envie»

Abderrahmane Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque d'Algérie et signataire de la lettre ouverte adressée par des personnalités du sud et du nord de la Méditerranée aux chefs d'Etat de l'UPM, considère que les appréhensions africaines à l'égard de l'Union pour la Méditerranée ne sont pas sans fondements.
L'appréhension exprimée par certains leaders africains, comme le président sénégalais Abdoulaye Wade, au sujet de l'érection de l'Afrique du Nord en barrière européenne avancée contre l'Afrique est « objective » et elle « ne doit pas être prise à la légère », a déclaré au journal Les Afriques M.Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque d'Algérie.
Pour lui, l'Union pour la Méditerranée n'aurait pas de sens « sans une organisation de la relation avec la Ligue arabe et l'Union africaine ». « C'est une relation triangulaire qui doit s'installer pour aller dans le sens d'un travail sérieux dans les domaines de l'éducation et de l'émergence de l'Etat de droit ».
S'il faut admettre que l'immigration clandestine africaine vers l'Europe constitue un « vrai problème », il estime néanmoins que les Européens se trompent lourdement « s'ils conçoivent l'Afrique du Nord comme une société de sous-policiers chargée de contenir les Africains ». « L'Europe doit cesser de voir l'Afrique comme une mine à ciel ouvert. »
Les craintes exprimées par Abdoulaye Wade ont « un sens politique » face à des discours néocolonialistes encore présents dans les classes politiques européennes, a-t-il estimé. Sur le moyen et le long termes, les Européens doivent comprendre que la question de l'immigration n'est soluble que par des « délocalisations des activités vers l'Afrique, ce qui implique qu'on accepte une nouvelle division du travail et que l'on cesse de voir dans le continent une simple mine à ciel ouvert ».
L'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie perçoit dans les projets de Barak Obama, « non parce qu'il est noir, mais parce qu'il est jeune », une vision intéressante de l'Afrique comme nouveau territoire pour l'économie, comme c'est d'ailleurs le cas pour la Chine, l'Inde et d'autres.
Les trois « A » qui manquent
L'UPM ne va-t-elle pas renforcer le tropisme occidental des pays d'Afrique du Nord au détriment des liens avec l'Afrique ? L'intérêt encore faible des pays d'Afrique du Nord pour le continent, l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie l'explique non par un choix, mais par un « défaut d'accumulation, un défaut d'anticipation et un défaut d'arbitrage ».
C'est ce « triple A pour réussir qui manque ». La question fondamentale est de « se projeter quelque part. Aujourd'hui, le nord nous entraîne dans ses propres projections et on a tendance à le suivre, avec cette fâcheuse habitude de croire que la solution est à l'étranger ».

C'est dans ce sens, indique-t-il, que les signataires de la lettre ouverte adressée aux chefs de l'Etat de l'UPM, au-delà des contraintes des officiels, ont exprimé ce qu'ils considèrent comme un « minimum pour rendre ce projet viable ». Les Européens, dans une vision stratégique du futur, voient dans la Méditerranée une question de survie politique et économique, « ils regardent le sud, avec sa jeunesse et son énergie, avec peur et envie ».

Dans ce futur, l'Europe veut compter sur la rive sud de la Méditerranée, « c'est compréhensible, mais nous leur disons que nous n'allons pas leur servir de marchepied, que nous voulons un partenariat fondé sur des valeurs partagées. C'est une demande forte des populations qui doit être prise en compte, au lieu de voir dans les sociétés du sud une source de menace ».
Sur l'UPM, M.Hadj Nacer ne cache pas sa crainte de voir une vision « de court terme » l'emporter sur le long terme. Il en voit pour preuve le fait que l'idée de constituer une banque sur le modèle de la BERD n'a pas été retenue. « Mettre en place une banque, c'est avoir un véritable instrument d'action sur la durée. Je dois rappeler, pour contrer l'image fausse qu'on donne d'un sud courant après les fonds, que la BERD n'a pas servi à distribuer de l'argent, elle a fonctionné comme une institution de mise à niveau ».
AllAfrica.com - Le Potentiel (Kinshasa) - le 5 août 2008

L’Union Méditerranéenne en perspective

Le 13 juillet, le président français Nicolas Sarkozy a lancé officiellement à Paris le projet longuement débattu d’Union pour la Méditerranée. Une bonne occasion pour questionner la géopolitique de la région et analyser les relations entre les différents acteurs des deux rives de la Méditerranée.
Avec une Europe élargie qui a changé de visage et de taille depuis la conférence de Barcelone, un monde arabe tiraillé par des guerres et des violences répétées après les évènements de 2001, les changements d’orientations de la Turquie et la nouvelle configuration de l’espace balkanique, l’histoire du partenariat euro-méditerranéen avait bien besoin d’un bilan.
Si le projet de Sarkozy a le mérite de lancer un débat européen sur la nouvelle politique communautaire face à ses voisins du sud et du sud est, du côté des acteurs non européens de la Méditerranée, c’est plutôt le doute, voire l’indifférence.
La semaine dernière, le Secrétariat d’Euromesco publiait un rapport intitulé «Putting the Mediterranean Union in perspectives» (1) reprenant les différentes perspectives de l’Europe du Sud (chapitre de Roberto Aliboni), de l’Allemagne (Tobias Shumacher), du Maghreb (Ahmed Driss) et d’Israel (Alfred Tovias). Les chapitres sur la Turquie et le Mashrek sont en cours de rédaction.

Tobias Schumacher, responsable du Programme de recherche et d’information auprès d’EuroMeSCo, a répondu à nos questions, en engageant que lui-meme, tout en reprenant les grandes lignes de ce rapport.
Les réactions négatives à l’Union Méditerranéenne semblent venir, en premier lieu, «du style Sarkozy». Vous expliquez par exemple qu’Angela Merkel est irritée par cette modalité unilatérale que la France a adopté pour ce projet…Comment définiriez–vous ce «style» ?
Sarkozy a adopté un “style bulldozer” qui se fonde sur l’idée que la France devrait redevenir forte sur la scène internationale et recouvrir son rôle de façon unilatérale. La question n’a même pas été débattue au Conseil européen. Il l’a présentée tout seul, en particulier au Maghreb et en Egypte.
Les Européens sentent qu’ils n’ont pas été pris en considération. Ces ambitions unilatérales peuvent miner les relations entre les pays de l’U.E qui sont en train d’évoluer. Pour les Allemands, depuis le traité de l’Elysée -l’alliance franco-allemande- les questions européennes sont pré-discutées. Mais dans ce cas, ils n’ont pas été consultés.
La politique étrangère de la France s’est toujours focalisée sur un “retour” de la puissance française sur la scène internationale…Quelle est donc la différence avec l’UM ?
Par rapport aux précédents présidents, Sarkozy a une façon de vouloir restaurer la grandeur de la France dans la sphère internationale qui est à la fois plus sérieuse et plus visible. Je parlerai d’ailleurs d’un changement révolutionnaire de la politique étrangère française. Par exemple, la France reconsidérant sa participation à l’Otan. Ceci était impensable auparavant….
La politique de voisinage, l’Union Méditerranéenne et l’Union pour la Méditerranée: C’est à s’y perdre…Comment situer « la nouvelle » proposition du président français ? Y a t-il fracture entre ces projets et les anciennes politiques européennes dans la région?
En bref, je dirai que l’Union Méditerranéenne est un projet vide de contenu. Il n’apporte aucune valeur ajoutée. Le dernier rapport de la Commission précise l’ampleur du projet et parle de l’infrastructure, de l’environnement énergétique, de protection... Tout était déjà là. Nous n’avions donc pas besoin d’une nouvelle structure.
Revenons au “Bloc” européen. Y a-t-il une vraie division entre le « groupe de l’Olive » (2) et les pays du nord de l’Europe qui privilégient les contacts avec leurs voisins européens ?
Au moment de la conférence de Barcelone, cette division était encore plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui. Par exemple, les Espagnols avaient menacé alors de boycotter le processus d’élargissement si la conférence de Barcelone n’avait pas lieu.
Quand Sarkozy a proposé l’Union Méditerranéenne au Conseil de l’Europe, les Polonais ont répondu qu’ils travaillaient sur une proposition semblable pour l’Europe de l’Est...
En fait, la division n’est pas vraiment entre le nord et le sud de l’Europe. Les Suédois par exemple ont toujours été très actifs au sein du partenariat Euromed... La division a plutot lieu entre le sud et l’est. En effet, les européens des pays de l’est sont assez mal à l’aise avec leurs voisins du sud. Ils ne connaissent presque rien d’eux et s’en fichent à vrai dire.
L’intérêt face à leurs voisins est faible, et ce même au sein de l’élite. Ainsi pour eux, les pays méditerranéens sont plus une destination de vacances qu’un éventuel marché où investir. Ce serait pourtant intéressant économiquement pour les polonais mais cela ne les intéresse pas.
On assiste actuellement à une nouvelle crise pétrolière. L’Union Méditerranéenne fait-elle référence à une politique énergétique particulière ?
Je dirais que les Européens ne sont pas encore prêts pour une politique énergétique commune, car la question de l’énergie est beaucoup trop liée au problème de sécurité nationale. Au départ, la question énergétique était au coeur des débats mais dans le dernier rapport de la Commission européenne, elle n’est même plus mentionnée. C’est certainement un sujet trop sensible. La France et la Russie dominent le marché de l’énergie nucléaire...
La création d’un Secrétariat de l’Union Méditerranéenne est née de l’accord franco-allemand. Quel sera le rôle de ce Secrétariat ? Qu’en pensez-vous ?
Les Allemands étaient opposés à ce projet de Secrétariat même s’ils l’ont soutenu officiellement. C’est juste une question de contrôle des dommages collatéraux, pour faire en sorte que les français arrêtent de faire leurs affaires dans leur coin.
La question du financement a été vivement débattue..
C’est un faux problème. C’était évident qu’aucun fond supplémentaire ne serait alloué. Même avec la proposition espagnole, il n’y aurait pas eu de nouveaux fonds. Ceux qui soutiennent le projet veulent attirer les fonds des pays du Golfe. Je pense qu’il est naïf de croire que les pays du Golfe ont besoin des Européens pour investir dans les pays du sud. Le Qatar a par exemple investi récemment 8 milliards de dollars en Libye. Ils n’ont pas besoin de l’UE pour dégager des fonds.
L’article de Roberto Aliboni parle du projet de Moratinos – ministre des Affaires Etrangères espagnol - qui faisait une proposition concernant la liberté de mouvement/circulation. Est-il envisageable que l’Union de la Méditerranée considère l’immigration autrement que comme une menace ?
Rien de tout cela ne figure dans le projet de l’Union pour la Méditerranée. Le dernier rapport ne parle même pas de l’immigration. Sarkozy lui parle d’une menace pour l’Europe. C’est que cette question est désormais inclue dans le premier pilier. En fait, les Européens ne veulent pas avoir à faire à des politiques qui sont normalement gérées par plusieurs Etats.
Il est assez étonnant de voir que depuis Toulon, lorsque Sarkozy a parlé pour la première fois de l’UM, l’Espagne a fait profil bas. Les Allemands ont donc été obligés de défendre le processus de Barcelone tel qu’il est aujourd’hui et ceci alors qu'ils n'ont pas vraiment d"agenda méditerranéen". Les espagnols n’ont pas réagi et je dirai que c’est parce que Zapatero ne pouvait pas se permettre de détériorer les relations entre la France et l’Espagne. L’Espagne a littéralement mis de coté sa politique Euromed. pour se focaliser sur le Maroc. Les Allemands n’oublieront pas la position ambiguë tenue par les Espagnols.
Vous préconisez une approche équilibrée vis-à-vis de l’Union Méditerranéenne. Mais Comment peut-on obtenir des relations équilibrées entre les deux rives de la Méditerranée ?
Une première réponse serait de laisser les pays du sud assumer leurs responsabilités. Si tel était le cas, alors le partenariat méditerranéen changerait. Pour l’instant ils reçoivent simplement. En les responsabilisant plus, on pourrait aboutir à un projet commun dont ils pourraient assumer le financement. Ils n’en ont cependant pas envie. Ce sont, pour la plupart, des pays en voie de développement, mais l’Algérie, Israël et la Turquie par exemple ont des économies de marché fonctionnantes ou sont riches en ressources naturelles. Pourquoi ne pas repenser leur responsabilité ?
Le deuxième point, c’est que vous ne pouvez pas demander aux pays tiers d’intervenir dans les affaires européennes. Là on rencontre un problème légal lié à la question de la co-présidence et du secrétariat partagé. Toutefois, je me demande comment il sera possible de prendre en compte à la fois les acquis de Barcelone et les acquis communautaires.
Un chapitre entier est consacré aux perspectives israéliennes. Shimon Perez a appelé Sarkozy pour lui dire que l’UM était un projet « très important ». Est-il possible d’envisager que l’arène méditerranéenne puisse être une bonne plateforme pour les discussions/négociations de paix entre Israël et Palestine ?
En principe, toute initiative qui pourrait aider à faire que le processus soit un processus de paix est la bienvenue. La proposition des Espagnols parlait de cela. L’Union de la Méditerranée n’en a ni le potentiel ni le pouvoir. C’est un projet simplement orienté sur le business et qui est même assez apolitique.
Dans le contexte du Quartet, les Etats-Unis ne laisseront jamais personne concurrencer leur influence et leur agenda. L’Union Méditerranéenne leur fait-elle peur ?
Non. Ce serait bien qu’ils en aient peur mais ce n’est vraiment pas le cas. Les Américains ne sont pas très actifs quand au processus de paix et du coup c’est le moment pour l’Europe de trouver une voie dans laquelle s’engager pour être impliqué dans ce processus. Mais à cause de nos visions contrastantes, nous n’agissons pas. On aurait pu créer un débat sur le rôle de l’Europe dans la région. Mais toute tentative de la faire à débouché sur un débat purement académique qui n’est finalement pas pris au sérieux.
Depuis la première présentation du projet, l’UM a été considérée comme une façon de dire gentiment «Non» à l’adhésion de la Turquie à l’UE. Le projet va-t-il dans ce sens ?
Oui, en fait, au départ, on a vu ce projet comme un piège pour la Turquie et je pense que ce point de vue n’était pas faux. Mais aujourd’hui je ne serai pas étonné de voir Sarkozy soutenir la Turquie. Il a tendance à inventer de nouveaux projets qui ont toujours l’air très attrayants, mais lorsqu’on creuse un peu...
Catherine Cornet
- BabelMed.net - 14.08.2008
(1) Cette étude a été conduite sous les auspices du «Leonard Davis Institute» de l’Université de Jérusalem (Hebrew University), de l’Institut des relations internationales (l’Istituto Affari Internazionali) de Rome. Le Dr. Aliboni est Vice-President du IAI, le Dr. Ahmed Driss est Président du CEMI (Centre d’Etudes Méditerranéennes Internationales) de Tunis, le Dr. Tobias Schumacher est «Deputy Project Manager » et responsable du programme de recherche et d’information auprès de l’EuroMeSCo, le Professeur Alfred Tovias est Directeur du Leonard Davis Institute.
(2) le Groupe de l’Olive regroupe les états méditerranéens membres de l’Union Européenne. Le groupe organise des réunions informelles afin de discuter des questions spécifiquement méditerranéennes.

La Libye rejette l'UPM pour l'UA, "seul instrument politique" du continent

La Libye rejette l'admission d'Etats africains riverains de la Méditerranée au sein de l'Union pour la Méditerranée (UPM) et se refuse à la conclusion de "tout accord" qui ignore le fait de l'indivisibilité du continent, "avec comme seul instrument politique : l'Union africaine", rapporte sa représentation diplomatique à Dakar, dans un communiqué.
"La Libye rejette l'inclusion de parties du continent dans un quelconque union, à l'instar de ce qui a été fait avec l'admission d'Etats africains riverains de la Méditerranée au sein de l'Union pour la Méditerranée et n'accepte de traiter avec cette organisation que sur la base de ce qui a été décidé par l'Union africaine au sujet de la coopération avec l'Union européenne et les autres Etats du monde", souligne le texte dont copie a été transmise à l'APS.

Il s'agit par cette position "d'apprécier le continent africain en tant que bloc indivisible, de s'opposer à toute proposition faisant fi de cette réalité et à la conclusion de tout accord qui ignore que notre continent est un tout à savoir un seul espace, qui refuse toute partition et tout émiettement, avec comme un seul instrument politique : l'Union africaine".
Cette position "est d'autant plus fondée que l'idée initiale du président" français Nicolas Sarkozy, initiateur de l'Union pour la Méditerranée, "consistait à mettre en place une union limitée uniquement aux Etats africains et Européens bordant la Méditerranée dans la perspective de renforcer leur coopération, ce qui avait emporté l'agrément de la Libye et son soutien", rapporte encore le texte.

"Finalement, les Européens, sur l'initiative de l'Allemagne, ont rejeté cette idée sous le prétexte que sa concrétisation pourrait engendrer la division des Etats de l'Union européenne et son émiettement. Sur cette base, il a été décidé d'admettre l'ensemble des pays de l'Union européenne dans l'Union pour la Méditerranée en plus des Etats nord-africains", poursuit le texte.

"Alors, si les Européens se soucient de leur unité pourquoi pas nous ? Et pourquoi adhérer à un projet qui pourrait engendrer la balkanisation de notre continent ? Pourquoi l'accepter ?", se demande le texte qui soutient que l'édification des Etats-Unis d'Afrique "demeure le seul moyen approprié pour réaliser les aspirations des peuples africains au progrès et au plein épanouissement".
Agence de Presse Sénégalaise (Dakar) le 12 Août 2008

Afrique du Nord: Union pour la Méditerranée - Le conflit Israélo - arabe, une menace pour le projet

A l'initiative du président français Nicolas Sarkozy, une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement de pays riverains de la Méditerranée se sont réunis le 13 juillet 2008 à Paris pour porter sur les fonts baptismaux l'Union pour la Méditerranée.

Un projet ambitieux dont la réalisation ne se fera pas sans embûches.
Le Guide libyen Muammar Kadhafi a qualifié le projet de l'UPM "d'éffrayant et dangereux" pour l'Union africaine et la Ligue arabe.
Le président français, Nicolas Sarkozy a réussi l'exploit de réunir des rivaux de longue date pour le sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée.
Le projet de rapprochement des deux rives de la "mare nostrum" ou Méditerranée a été lancé en 1995 sous le nom de processus de Barcelone, encore appelé Euromed. Il s'agissait de renforcer la Coopération économique et sécuritaire entre les 15 pays de l'Union européenne (UE) et les autres pays du pourtour méditerranéen. Le processus de Barcelone, malgré la volonté de la France et de l'Espagne, connaîtra finalement un échec, surtout du fait de l'insuffisance de volonté politique des autres pays membres.
C'est le président Nicolas Sarkozy, nouvellement élu, sous l'impulsion de son porte-plume Henri Gaino, qui émettra l'idée de l'Union pour la Méditerranée (UPM) lors de son discours de Tanger, le 23 octobre 2007.
Dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne, Sarkozy parvient à rassembler à Paris le 13 juillet 25008, 43 chefs d'Etat ou de gouvernement pour le sommet fondateur de L'UPM. Les 27 pays de l'UE sont tous membres.
La nouvelle institution repose sur six projets mobilisateurs : la dépollution de la Méditerranée, les autoroutes maritimes et terrestres, l'énergie et la coopération économique.
Son organisation est fondée sur une co-présidence entre deux dirigeants, un de la rive nord et un autre de la rive sud. Les présidents français et égyptien sont les deux premiers co-présidents. Le coup diplomatique de Nicolas Sarkozy, c'est d'avoir réussi l'exploit de réunir autour d'une même table, des "frères ennemis" comme l'Israélien Ehud Olmert, le Palestinien Mahmoud Abbas, le Libanais Michel Sleiman, le Syrien Bachar Al-Assad, l'Algérien Abdelaziz Bouteflika, le Tunisien Zine Ben Ali... Au niveau des absents, figurent particulièrement le président libyen Muammar Kadhafi qui a vertement critiqué le projet. Le Premier ministre belge, Yves Letermme empêtré dans des problèmes internes et le roi du Maroc, Mohamed VI ont envoyé des représentants.

La difficile cohabitation au Proche-Orient
Si le projet de l'UPM est bien beau, il est à craindre que le conflit israélo-arabe ne mette en péril cette union. Tant que ce problème ne sera pas réglé, on s'imagine mal comment l'UPM parviendra à réaliser ses objectifs de coopération. En outre, malgré la présence des chefs d'Etat arabes et israélien à Paris, le protocole diplomatique, l'absence de photo de famille à la fin du Sommet, indiquent que toutes les Nations ne sont pas encore prêtes à réchauffer leurs relations.
Le problème palestinien demeure le noeud gordien pour la réussite de l'UPM. Le cycle de violence-attentats-repression-assassinats ciblés a élu domicile au Proche-Orient depuis longtemps et a la peau dure. Les différentes négociations s'apparentent à un travail de sisiphe. Depuis l'espoir allumé par les Accords de la paix d'Oslo jusqu'à nos jours, en passant par les Accords de camp David signés sous l'égide des Etats-Unis, aucune négociations n'a permis de ramener véritablement la paix dans cette partie du globe.
Pire, las d'affronter l'ennemi commun israelien, les deux partis palestiniens, Fatah et Hamas s'entredéchirent à Gaza. Le statut de Jérusalem, troisième lieu Saint de l'islam n'est pas non plus réglé. Alors que bon nombre de pays arabes n'entendent pas faire la paix avec Israel tant que la question de Jérusalem se posera. Le problème israelo-syrien avec l'occupation du plateau du Golan par l'Etat hebreux devra aussi trouver une solution. Par ailleurs, les querelles d'indépendance du Sahara Occidental entre le Maroc et l'Algérie, le conflit chypriote entre Grecs et Turks, l'emprise de la Syrie sur le Liban, devront être remédiés par l'Union pour la Méditerranée si elle ne veut pas être une coquille vide.
Il faudra donner aussi des gages supplémentaires à l'Allemagne de Angela Merkel qui avait vu l'UPM au début comme un risque de fragilisation de la dynamique de l'UE.

Les inquiétudes africaines
Des leaders africains à l'image des présidents libyens et sénégalais se sont érigés contre le risque de division que l'UPM peut créer au sein des pays africains. Pour Abdoulaye Wade, l'Union constitue une source de division entre l'Afrique noire et l'Afrique blanche, tandis que Kadhafi souligne le danger de séparer le Maghreb et le reste de l'Afrique plus que ne le fait le Sahara.
Des propos qui, à bien y voir ne sont pas dénués de tous fondements. En effet, tiraillé entre plusieurs organismes d'intégration, certains pays opèrent finalement un choix. On peut citer à cet effet l'exemple de la Mauritanie qui s'est officiellement retirée de la CEDEAO au profit de la Ligue arabe. Des intellectuels africains pensent avec justes arguments, que "le bébé de Sarkozy" a vu le jour pour lutter contre l'immigration africaine en Europe et favoriser l'exploitation des ressources africaines dans le cadre d'une coopération économique inéquitable.
En effet, cette coopération servira en grande partie aux puissances industrielles européennes qui pourront s'installer facilement dans les pays africains membres et freiner à l'avancée de la Chine et de l'Inde sur le continent noire.
L'Union pour la méditerranée n'est pas encore mise en chantier que des difficultés et des inquiétudes s'élèvent. Pour ne pas subir le sort du processus de Barcelone, elle doit s'inspirer de l'Europe qui, sortie de la deuxième guerre mondiale, meurtrie et déchirée, a su transcender les divisions, enterrer les rancoeurs et envisager l'avenir dans une même direction. La pacification du Proche-Orient est un des préalables. En plus, l'UPM devrait considérer l'ensemble des pays africains dans un cadre global de partenariat.
All Africa.com - Sidwaya (Ouagadougou) -27 Août 2008

Le sud Méditerranée, avenir du plan solaire européen

L’Europe veut se rendre moins dépendante des hydrocarbures grâce aux gisements de soleil de l’autre côté de la Méditerranée.
L’Europe veut profiter du lancement de l’Union pour la Méditerranée (UPM) pour promouvoir un projet longuement discuté à Bruxelles, celui de mettre en oeuvre un plan sur l’énergie solaire.
La Commission européenne, qui a élaboré la déclaration adoptée à Paris par les 44 chefs d’Etat au sommet fondateur de l’UPM du 13 juillet 2008, a invité le futur secrétariat de ce nouvel ensemble à « explorer la faisabilité de développer un plan méditerranéen d’énergie solaire ».
La raison y est clairement expliquée : « L’actuelle dépendance du pétrole et du gaz comme sources d’énergie est porteuse de beaucoup de risques avec la réduction de la production dans un future proche ». Cette préoccupation sur la diversification des sources d’énergie paraît plus présente au nord qu’au sud.
Depuis la grave crise de l’hiver 2005 entre la Russie et l’Ukraine sur la fourniture en gaz, la sécurité énergétique est devenue une priorité partagée par tous les membres de l’Union européenne (UE). L’UE a tracé un programme sur les énergies renouvelables s’étalant jusqu’à 2020, avec pour perspective de réduire les gaz à effet de serre.
Un plan est également tracé pour le développement des biocarburants.
Les gisements solaires du sud intéressent le nord
Le plan solaire de l’UPM est donc inscrit dans une logique claire qui ne doit rien au hasard. Selon l’agence spatiale allemande, l’Algérie possède le plus grand gisement solaire de la région : 169,44 térawatts heure/an (TWH/an) pour le solaire thermique et 13,9 TWH/an pour le solaire photovoltaïque.
Le Maroc a aussi un grand potentiel : 30% du territoire reçoit chaque année plus de 2000 kWh par m2 d’ensoleillement.
Des villages au sud du Maroc sont électrifiés grâce à l’énergie solaire (ce qui évite un raccordement à un réseau national). La Tunisie a tracé un programme d’installation de 55 000 m2 de capteurs solaires, des chauffe-eau solaires et des systèmes de climatisation.

Selon les experts, le solaire thermique connaît un grand essor actuellement. D’où l’intérêt des entreprises qui maîtrisent le processus technologique de fabrication du matériel.
A titre d’exemple, le Français Giordano, qui produit les capteurs thermiques, s’est bien installé en Tunisie.
La volonté de l’Algérie et de l’Egypte de construire des centrales électriques hybrides gaz/solaire a mis en concurrence plusieurs grandes entreprises européennes et américaines.
L’Algérie a lancé les travaux de construction d’une centrale hybride d’une capacité de 180 megawatts à Hassi Rmel (sud) qui utilisera des panneaux solaires de 100 mètres étalés sur une superficie de 18 hectares. Le coût de l’investissement est de 150 millions de dollars.
Trois autres centrales sont programmées. L’Algérie a l’ambition de produire 5% de son électricité à partir de l’énergie solaire d’ici à 2015, et d’en exporter une partie vers l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne.
Un câble de 3000 km pour l’électricité solaire
L’Algérie et l’Allemagne ont signé, début 2008, un accord de coopération pour développer l’énergie solaire et étudier la possibilité de produire de l’hydrogène à partir de cette énergie ainsi que des piles à combustible.
La ville allemande d’Aachen devra être reliée à la ville algérienne d’Adrar par un câble de 3000 km qui transportera de l’électricité solaire. Baptisé « clean power from desert », le projet, qui est estimé à 2 milliards d’euros, attend des financements. L’exploitation du câble, dont le produit est durable autant que l’est le soleil, sera une juteuse affaire.
Elle suscite déjà l’intérêt de la firme algérienne Sonatrach et de plusieurs entreprises allemandes. L’Allemagne est le deuxième producteur mondial de l’électricité à partir de l’énergie solaire, derrière le Japon et devant les Etats-Unis.
On comprend donc que le plan solaire de l’UPM a été imposé par Berlin avec l’assentiment de Lisbonne, Madrid et Rome. Le Portugal construit déjà la plus grande centrale solaire photovoltaïque du monde avec une capacité de 11 mégawatts.
En Italie, le groupe pétrolier italien ENI a annoncé récemment la création d'un centre de recherche sur l'énergie solaire, baptisé ENI solar frontiers center, en partenariat avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT, Etats Unis). Le but ? « Encourager un monde moins dépendant des hydrocarbures », a expliqué un responsable du groupe.
Source : Les Afriques - 28 août 2008

L'Union pour la Méditerranée : Israël au centre du « Plan Solaire Méditerranéen »

L'énergie est un domaine emblématique des défis et des enjeux d'un partenariat renouvelé entre les deux rives de la Méditerranée.
L'urgence est là. Neuf millions de Méditerranéens n'ont pas accès à l'électricité, et la demande totale en énergie de la région pourrait augmenter de 65 % d'ici à 2025. Elle serait alors satisfaite à 87 % par des énergies fossiles, avec les conséquences environnementales induites.
Le Sommet du 13 juillet 2008 à Paris a posé les fondements d'un partenariat euro- méditerranéen renforcé en matière d'énergies renouvelables, avec un projet ambitieux pour la création d'un « Plan Solaire Méditerranéen ». Les dirigeants méditerranéens sont tombés d'accord pour renforcer les infrastructures énergétiques, et faire émerger un modèle commun de développement durable.
Il est clair que les pays de l'Union pour la Méditerranée ont commencé sérieusement à penser à un avenir énergétique durable, y compris les pays producteurs de pétrole et gaz membres de l'Union (comme l'Algérie), étant donné que ces ressources ne sont pas renouvelables.
Il s'agit de se préparer à « l'après hydrocarbures ».Bâtir un véritable partenariat énergétique Nord - Sud, était donc un point fort du sommet du 13 juillet 2008 à Paris. Rappelons-nous aussi que le 18 avril 1951, en signant le traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), six pays sont allés de l'avant et ont donné du sens à un projet partagé de construire un espace de paix et de développement économique fondé sur l'énergie.
L'heure n'est-elle pas venue, comme l'assemblée parlementaire euro- méditerranéenne nous y invite, d'une Communauté de l'énergie euro méditerranéenne (CEEM), pour contribuer à la sécurité de l'approvisionnement énergétique, attirer les investissements et privilégier un mode de développement durable ?
Une telle initiative redonnerait à l'évidence une perspective concrète et dynamique au formidable "carrefour de civilisations" qu'est la Méditerranée, selon l'expression de Fernand Braudel.
C'est dans ce sens aussi que l'Etat d'Israël pourra apporter un apport très précieux pour l'avènement d'un modèle de développement énergétique durable dans le bassin méditerranéen, surtout pour les pays de la rive sud comme la Tunisie et le Maroc.
L'utilisation de l'énergie solaire est inscrite dans l'histoire et le développement d'Israël. Elle est une caractéristique importante dans ce pays, et la géographie lui est particulièrement favorable. L'ancienneté du marché israélien dans le domaine du solaire est une expérience unique au monde qui a engendré de nombreuses entreprises produisant des systèmes solaires.
Il est intéressant de se pencher sur les applications utilisées actuellement, pour l'usage domestique, dans le secteur de l'agriculture, mais aussi à l'échelle industrielle. De nombreuses recherches sont effectuées très activement dans les centres de recherche israéliens à l'instar du complexe solaire de l'institut Weizmann ou le Centre National Ben Gourion sur l'Energie Solaire.
Israël a développé plusieurs applications en matière d'énergie solaire. Les applications domestiques sont très variées (chauffage solaire des habitations, climatisation solaire des habitations, chauffage des piscines, éclairage rural, la climatisation et la réfrigération.).
Mais aussi des applications au secteur agricole (le chauffage des serres et du sol, le séchage de produits agricoles) et encore dans le secteur industriel ( l'évaporation naturelle, production d'eau à haute température, production d'électricité conventionnelle, solaire photovoltaïque, dessalement ) voire même des applications médicales tel que le laser médical photonique, développé par le Centre National Ben Gourion sur l'Energie Solaire.
L'expérience du solaire en Israël constitue un exemple ambitieux pour la création d'un « Plan Solaire Méditerranéen ». Ce petit pays méditerranéen dispose d'un savoir faire inégalé dans le monde entier. Il n'est donc pas étrange de savoir que c'est une société israélienne qui a conçu et installé une gigantesque station de production électrique par énergie solaire dans le désert de Mojave en Californie du Sud. La société « Solel Solar Systems » est responsable de la création du « Mojave Solar Park », projet de 2 milliards de dollars qui devrait voir le jour en 2011.
La Centrale solaire d’Ashlim - 40 km au sud de Beer-Shev'a (en Israël) qui produit 500 MW d'électricité a été construite par la société israélienne Solel, qui vient même de signer un contrat historique en Espagne (1).Les ambitions israéliennes en matière d'énergie solaire n'ont pas de limites. Après le projet bien avancé d'Arava Power dans le désert du Néguev au Sud d'Israël, le gouvernement israélien vient d'annoncer en Mars 2008 la création d'une nouvelle Centrale solaire, toujours située dans le désert du Néguev (2). Par ailleurs, un autre projet est à l'étude aussi pour développer le tout solaire en Israël.
Ainsi, la société israélienne MST a dévoilé un plan d'aménagement pharaonique de construire pas moins de 16 centrales capables de produire 1 GWh chacune sur une période de vingt ans. L'état hébreu se dirige vers le tout solaire d'ici trente ans, période à laquelle les énergies fossiles devraient drastiquement commencer à se réduire, emportant le prix du baril de pétrole à des sommets (3).
Le plan est simple : chaque année, une nouvelle centrale serait construite en Israël avec les bénéfices issus de l'exploitation des précédentes. Ce petit pays peut être fier de disposer aujourd'hui de 2 leaders mondiaux du solaire, les Israéliens « Solel » et « Luz2 », qui ont installé une nouvelle vitrine de leur savoir-faire à l'instar des dernières installations en Espagne et dans le désert californien, et qui disposent d'importantes capacités financières et d'une solide expérience dans la construction et la maintenance de ce type de projets (4).
Devant la pénurie des ressources énergétiques, Israël semble détenir l'avenir énergétique durable. Il est temps donc de se préparer à l'après hydrocarbures. Des relations sereines et durables doivent d'abord être établies entre les pays arabes de la méditerranée et Israël autour d'un partenariat énergétique. Les liens énergétiques seront aussi créateurs d'interdépendance et de solidarité.
Pour promouvoir à la fois l'intégration régionale des marchés de l'énergie, accroître la sécurité énergétique, par la diversification des sources d'énergie et des filières d'approvisionnement et assurer la viabilité écologique du secteur, il faut penser à un cadre plus étendu de développement énergétique avec l'Etat d' Israël, englobant la protection de l'environnement, la lutte contre la pauvreté énergétique, la recherche et le transfert de technologie, avec de véritables partenariats industriels.
Souhail Ftouh, Tunis
(1) Solel Solar Systems vient de fournir 46 récepteurs thermo solaires à l'Espagne, pour deux centrales d'énergie que la firme est en train de construire à Castille et à La Mancha.
(2) Ce projet est le second de cette taille annoncé cette année en Israël. Le principal reste celui d'Arava Power dans le Sud d'Israël, toujours dans le désert du Néguev, qui devrait produire jusqu'à 500 MWatts, bien plus que beaucoup de centrales nucléaires actives.
(3) La société israélienne MST est installée à Sde Boker dans le désert du Néguev.(4) L'israélien Solel, avec 300 employés, est le leader mondial des installations électriques solaires de grande taille. Les ventes de la compagnie d'énergie solaire ont bondi de 4 millions de $ en 2005 à plus de 100 millions de dollars en 2007 (source : Israël Valley, mars 2008).

Villa Médicis : les idées du nouveau directeur Frédéric Mitterrand

Frédéric Mitterrand, qui doit prendre lundi la direction de la Villa Médicis, a déclaré se rendre à Rome "avec enthousiasme", avec l'idée d'"élargir le collège des pensionnaires" et de développer les expositions notamment autour des artistes méditerranéens.
"Ce sont des réflexions, pas des décisions", a tenu à souligner l'écrivain et producteur à plusieurs reprises au cours d'un entretien à l'AFP.
"Il y a une option forte" prise dans le sens d'une politique culturelle euro-méditerranéenne par le président de la République, relève-t-il: "La Villa Médicis doit être au coeur de cette démarche".
Frédéric Mitterrand, qui a été nommé début juin par le président Nicolas Sarkozy à la tête de cette prestigieuse institution, "souhaite engager une réflexion" notamment sur "l'élargissement du collège des pensionnaires à l'espace francophone, européen et méditerranéen".
L'Académie de France à Rome, créée sous Louis XIV, accueille des artistes pensionnaires afin qu'ils se perfectionnent dans leur discipline (photographie, peinture, musique, etc...). Pour pouvoir postuler, il faut notamment être français ou francophone. De facto, la plupart des pensionnaires sont français, déclare M. Mitterrand.
Les statuts prévoient la possibilité d'avoir jusqu'à 25 pensionnaires. "Dans la réalité, ils ne sont que 17. L'objectif pourrait être de monter à 20 ou 22", a considéré le réalisateur.
Celui qui est aussi cinéaste pense également que "la mode doit être honorée" par la Villa Médicis et faire partie des disciplines retenues. Il s'interroge aussi sur la durée des stages des pensionnaires qui peuvent aller actuellement de six mois à deux ans. A ses yeux, "six mois, c'est trop court".
L'autre mission de la Villa Médicis est, depuis André Malraux, d'organiser des manifestations culturelles et artistiques.
Là encore, Frédéric Mitterrand compte élargir le champ de ces manifestations. Il voudrait "développer un second espace" pour des "expositions ponctuelles" qui feraient "un état de la photographie aujourd'hui", montreraient l'apport culturel des Italiens à d'autres pays.
Il souhaite aussi des expositions ponctuelles faisant un "tour de la Méditerranée" pour montrer "l'état de l'art contemporain dans chacun de ces pays".
Le cinéaste voudrait "ouvrir la Villa Médicis plus largement" afin qu'elle accueille davantage de visiteurs.
"Je ne change pas les équilibres entre les différentes missions" de l'Académie de France à Rome, indique-t-il. Mais "je veux faire de la Villa Médicis un symbole vivant du rayonnement de la culture française, un instrument de la politique culturelle définie par le président de la République dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée, de la francophonie et de l'Union européenne ainsi qu'un lieu raffermi de l'amitié franco-italienne", a-t-il dit.
Le neveu de l'ancien président François Mitterrand tient à faire connaître davantage les activités de la Villa Médicis. En ces temps de "difficultés économiques et de restrictions", il est bon, à ses yeux, que les Français comprennent que l'Académie de France à Rome a "toute sa raison d'être".
"Je tiens à ce que la télévision fasse son entrée à la Villa Médicis", pour donner un maximum d'écho au travail qui y est fait, souligne l'ancien animateur et réalisateur de télévision. Il souhaite également lancer un journal internet qui présente les travaux des pensionnaires et les diverses manifestations de la Villa.
AFP - le 29 août 2008