L’environnement, priorité de l’Union pour la Méditerranée

Antoine-Tristan Mocilnikar, ingénieur en chef des Mines, responsable de l’environnement et du développement durable pour la mission Union pour la Méditerranée, revient pour le JDLE sur les projets environnementaux.
Pouvez-vous pésenter votre rôle ?
Je travaille pour la présidence de la République depuis octobre au sein de la mission Union pour la Méditerranée, afin d’aider à la préparation du sommet du 13 juillet 2008 (1) concernant les aspects environnementaux et de développement durable.
Mon rôle est de participer, en concertation avec l’ensemble des parties et partenaires, à l’identification et à l’élaboration des projets dans ces domaines qui pourraient être retenus par les chefs d’Etat.. Mais le débat vient seulement d’être lancé.
Comment procédez-vous ?
Nous sommes actuellement dans une phase préliminaire, de consultation et de préfiguration. De manière générale, une des idées fortes de l'Union pour la Méditerranée est de construire une gouvernance à parité mettant les pays partenaires sur un pied d'égalité.
Les projets seront donc tous débattus et élaborés en commun. La France, très mobilisée sur ce dossier, a d'ores et déjà lancé plusieurs pistes de travail dont certaines, essentielles, concernent directement l’environnement.
Nous travaillons ainsi sur le financement de la dépollution de la mer Méditerranée, l’accès à l’eau et la gestion durable de l’eau, les autoroutes de la mer et le développement de l’énergie solaire.
Pouvez-vous en dire plus ?
Concernant la dépollution de la Méditerranée, l’idée est d’accélérer ce qui existe déjà, en partant de ce qui a été accompli au sein du processus de Barcelone lié à l’Union européenne et de la convention de Barcelone de 1976 sur la protection de cette même mer, rattachée quant à elle à l’Organisation des nations unies. 130 sites de dépollution ont été identifiés.
La Banque européenne d’investissement (BEI) a recentré la liste à 43 spots prioritaires. L’idée est maintenant de créer une liste des sites de dépollution les plus emblématiques, après avoir recueilli l’avis de tous les partenaires et bien intégré les principes de durabilité.
Quels seront les financements ?
Nous explorons l'ensemble des pistes et des types de financements. L'Union pour la Méditerranée a pour ambition d'utiliser au mieux l'ensemble des liquidités disponibles dans la zone, notamment issues de la coopération bilatérale, des banques régionales, des fonds souverains ou encore du secteur privé. Des financements proviendront notamment de l’Association française du développement (AFD), de la BEI et de la banque allemande KFW.
Concernant l’accès à l’eau ?
La démarche que nous discutons actuellement avec nos partenaires s’articule autour de trois volets.Nous proposons d’abord de créer un point unique de connaissances, notamment sur la réglementation autour de l’eau, sur son usage par les industriels et les collectivités, et d’identifier 20 à 30 projets exemplaires de récupération d’eaux usées, de captation d’eau douce émergeant dans la mer, d’amélioration des systèmes d’adduction d’eau, etc.
Ces projets doivent bénéficier d’une meilleure visibilité, pour avoir un accès plus aisé aux crédits, et trouver les portes des administrations ouvertes. A plus long terme, il semble nécessaire de fixer un objectif de limitation des fuites d’eau.
Qu’en est-il du développement de l’énergie solaire ?
Les acteurs de la zone estiment nécessaire d'augmenter la quantité d'énergie renouvelable d’origine solaire dans le mix énergétique de la région méditerranéenne, en développant le photovoltaïque, le solaire thermique, le solaire à concentration…
Il faut donner une cohérence aux divers éléments, et les doter financièrement. Nous réfléchissons donc à l'élaboration d'une stratégie mieux coordonnée régionalement.
Cela n’aurait pas été possible via le processus de Barcelone ?
Sans doute pas dans ces proportions, ni pour l'ensemble de ces projets. L'Union pour la Méditerranée vient donner une impulsion politique renouvelée au processus de Barcelone, qui était devenu bureaucratique et auquel les chefs d’Etat ne prêtaient plus autant d’attention. Elle apporte avec elle une dynamique de projets concrets particulièrement pertinente dans le secteur de l'environnement et du développement durable.
Vous parliez d’autres projets en lien avec le développement durable ?
Oui. Deux projets portent sur la coopération en matière de protection civile, en particulier risque d’incendie, et l’espace scientifique méditerranéen. Ces thèmes participent à la stratégie d'adaptation au changement climatique. Quant au projet financier d’aide aux PME, il concerne beaucoup le BTP, et donc l’efficacité énergétique.
Par Claire Avignon - Journal de l'environnement.net -8.04.2008
(1) Sommet au cours duquel l’Union pour la Méditerranée devrait officiellement être lancée

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