Union pour la Méditerranée: le «oui mais» des Vingt-Sept

SOMMET EUROPEEN. Le projet a reçu le feu vert, mais il sera passé au crible par la Commission.
José-Manuel Barroso peut être satisfait. A l'issue du sommet européen de printemps, la Commission qu'il préside se retrouve en position de pilote de la future Union pour la Méditerranée dont Nicolas Sarkozy avait fait une priorité. «Il a fallu trouver un compromis», a reconnu le président français qui, après avoir exposé concrètement ses projets devant ses pairs, a remis le bébé dans les bras de Bruxelles. Parmi les initiatives évoquées figurent la dépollution de 130 sites «sales» du pourtour méditerranéen ou l'amélioration de l'accès à l'eau potable.
La Commission, qui supervise l'actuel processus de Barcelone lancé en 1995, et la politique de voisinage avec les pays de la Méditerranée, présentera au Conseil européen de juin ses propositions pour les «modalités de gouvernance» de la future Union, ainsi qu'une liste de projets susceptibles de démarrer rapidement, sur financement communautaire, nécessitant donc l'unanimité des Vingt-Sept et l'approbation de l'Europarlement. Le compromis en question était un test. Angela Merkel avait à plusieurs reprises dit son refus de voir naître de nouvelles structures, susceptibles de dupliquer avec les dispositifs existants.
La chancelière allemande a donc obtenu gain de cause à Bruxelles. Tandis que Nicolas Sarkozy, lui, peut repartir en affirmant, comme il l'avait fait pour le nouveau Traité européen, avoir «donné l'impulsion».
«Le projet français a le mérite de souligner l'existence, autour de la Méditerranée, d'un potentiel de risques que nous ne pouvons pas ignorer. Nous venons en fait d'avaliser un Barcelone Plus», a estimé le premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker.
La question des blocages du processus de Barcelone, en raison de l'opposition entre Israël et les pays arabes, a toutefois été esquivée. On sait juste que la Jordanie fera partie des pays de l'Union pour la Méditerranée, dont l'appellation finale devra être décidée avant le 13juillet, date du sommet euro-méditerranéen fondateur à Paris, sous présidence française de l'UE.
Riverains de la Baltique? Ce flou institutionnel inquiète en revanche l'équipe du haut représentant pour la politique extérieure de l'UE, Javier Solana, très discret sur le sujet. «Plusieurs programmes d'aide européens se superposent dans cette région. Faire le tri, réorganiser tout cela et réaffecter les budgets ne sera pas chose facile», juge un de ses conseillers.
L'idée de Nicolas Sarkozy risque aussi de faire des émules géographiques. La Pologne a ainsi évoqué, lors du sommet, la nécessité pour l'UE de se doter d'un programme spécifique d'assistance aux pays riverains de la mer Baltique.
Journal le Temps - Richard Werly, Bruxelles - Samedi 15 mars 2008

Aucun commentaire: