Note de présentation sur le secteur agroalimentaire en Tunisie

Cette présentation reprend une note de synthèse de 2004 qui souligne les opportunités d'investissement dans le secteur agroalimentaire en Tunisie. Elle a servi de base pour plusieurs clients.

Les industries agroalimentaires (IAA) étaient naturellement très dépendantes de l’agriculture et se contentaient de stabiliser les produits par le conditionnement et le stockage. Au fur et à mesure qu’elles perfectionnent leurs procédés et qu’elles incorporent des services de plus en plus nombreux dans leur production, les IAA s’émancipent de l’agriculture.

La production agricole en Tunisie a connu une croissance continue mais irrégulière. La croissance agricole présente les caractéristiques suivantes :
- la part de l’agricole dans le PIB est passée de 21% au début des années soixante à moins de 12% à la fin des années quatre vingt-dix.,
- durant les 38 dernières années, la production agricole a évolué à un rythme plus rapide que celui de l’évolution démographique (3,53% contre 2,32%) mais moins rapide que celui de l’ensemble de l’économie.

En termes d’investissements, la part des IAA dans la FBCF totale des industries manufacturières a connu une baisse jusqu’au milieu des années 80. Elle représentait en 1986 moins que 10% des investissements réalisés dans les industries manufacturières, cette part a connu une forte reprise durant la deuxième moitié des années 90, elle dépasse 20%.
Les IAA constituent la deuxième activité industrielle en termes de contribution à la valeur ajoutée des industries manufacturières, avec une part de valeur ajoutée de 17,5%, elles se placent après le textile et le cuir, 35,4%, et devancent les industries mécaniques et électriques, 13,2%.

Les principales caractéristiques du secteur se présentent comme suit :

Durant la période 1991-1998, la croissance du secteur agricole était en moyenne de 1% par an, celles des IAA de 3,5%, alors que les industries manufacturières, ont évolué à un rythme de 5,4%.
Près de 5,5% de la production est redevable aux activités de transformation de grains, 18%, d’abattage d’animaux, 22%, et de fabrication d’huile d’olive, 15%.
Le secteur est constitué de près de 4.800 entreprises dont 2.400 boulangeries et 1.440 huileries, soit 80% du total. Il reste dominé par la petite entreprise individuelle, à faibles moyens techniques et financiers.

Les IAA représentent 10% des exportations de biens et emploient 73.000 personnes correspondant à 20% des emplois des industries manufacturières. La branche souffre de difficultés dues à la faible qualification de la main-d’œuvre, l’irrégularité des approvisionnements en intrants, l’obsolescence des équipements de plusieurs unités, l’insuffisance des normes d’hygiène et de qualité, la prédominance de la petite entreprise individuelle et aux faibles moyens techniques et financiers.
La production céréalière est en moyenne de 16,8 millions de quintaux de céréales par an, pour la période 1990-1998. Les importations se situent à 15,3 millions de quintaux représentant près de 45% des importations alimentaires. Les activités de transformation de céréales se caractérisent par l’activité de minoterie et de semoulerie qui compte 25 entreprises d’une capacité moyenne de transformation de 26 millions de quintaux par an. Les pâtes alimentaires sont produites par 11 entreprises dont 4 détiennent 75% de la capacité de production. Celle-ci est utilisée à moins de 60%.

- Les céréales : des opportunités de partenariat
Le secteur céréalier présente de faibles opportunités de partenariat à l’exception de la transformation du blé (couscous, pâtes alimentaires) et de la biscuiterie. Cette dernière semble offrir de bonnes opportunités de partenariat mais suppose une meilleure maîtrise de la technologie, une amélioration de la qualité, des produits et surtout des stratégies marketing adaptées.
La production de l’huile d’olive en Tunisie a connu un taux de croissance moyen de 3% par an permettant d’atteindre une moyenne de 164.000 t/an durant la dernière décennie. Les activités de conserves alimentaires présentent les caractéristiques suivantes : la conserve de tomate présente environ 90% de l’activité de conserves de fruits et légumes. Le double concentré de tomates est considéré comme produit stratégique pour la consommation intérieure. Le secteur présente les caractéristiques suivantes : une faible utilisation de la capacité de production (55 à 60% selon les récoltes). Un manque de personnel technique, de gestion et une faible maîtrise du process; une offre locale non diversifiée, les produits de tomates pelées, pulpe de tomates, tomates en cubes, etc. sont presque inexistants. Les rendements de la production de tomate ont connu une importante amélioration en passant de 10,8 t/ha durant les années 60 à 27,5 t/ha à la fin des années 90. Ces rendements sont actuellement équivalents à la moyenne mondiale alors qu’ils ne représentaient que 60% de cette moyenne durant les années 60.
Le marché s’oriente vers les produits substituts, à savoir la tomate pelée. Ces nouveaux créneaux représentent de nouvelles opportunités de partenariat dans le secteur.
Conserves de piment : l’harissa. Le piment constitue un légume de première importance de l’alimentation tunisienne, il est utilisé comme légume vert, légume mur, conservé par séchage naturel ou artificiel.
La transformation de piment en harissa (21.000 t/an) représente en moyenne près de 12% de la production (180.000 t/an). L’essentiel de la production est destiné au marché local. Les autres conserves de légumes représentent de petites productions fluctuantes et marginales. La transformation se fait uniquement pour les excédents de production lorsque les prix baissent. Elles représentent peu d’opportunités réelles d’exportation et/ou de développement de partenariat. Les conserves de fruits varient de 4.000 à 11.000 t/an. Elles concernent les coings, les abricots, les poires, les pommes, les pêches…

- La diversification de l’offre -
L’offre est peu diversifiée et les variétés dominantes pour les fruits sont peu adaptées à la fabrication de confitures. La production des semi-conserves est très importante. Le marché offre une grande variété de produits: olives, câpres, carottes.

Ce marché est dominé par les petites et micro entreprises qui offrent des produits de qualité très variable. Les produits laitiers ont connu un développement considérable au cours des dernières décennies grâce à l’accroissement des effectifs bovins de race pure et améliorée. Le développement de la collecte et l’installation de centrales laitières ont permis pour la première fois l’approvisionnement exclusif du pays en lait frais industriel. Les unités transforment moins de 50% de l’ensemble de la production laitière. la production de lait de boisson a connu une évolution remarquable au cours des dernières années.

La collecte est passée de moins de 75 millions de litres en 1992 à plus de 380 millions de litres en 1998. Cette évolution se situe à un taux annuel moyen de 8,2% entre 1992 et 1998. Cela a permis une réduction considérable de l’utilisation du lait régénéré à base de poudre dans le lait de boisson.

L’autosuffisance a été atteinte en 1998. Les principales mesures ayant contribué à sa réalisation sont la révision régulière du prix du lait au niveau de la production compte tenu de l’évolution de son coût et la révision régulière de la prime de collecte du lait, la consolidation du parc de collecte du lait d’une capacité complémentaire de 406.000 litres entre 1995 et 2000, l’instauration d’une prime de lait refroidi livré aux centrales laitières, enfin l’augmentation des droits et taxes sur l’importation de la poudre de lait.

La production du yaourt obtenu essentiellement à base de lait frais a connu aussi un développement considérable au cours des 20 dernières années. La capacité actuelle de production installée et en cours de réalisation permettrait de couvrir les besoins du marché devenu très concurrentiel. Les entreprises tunisiennes en s’associant avec des partenaires de dimension internationale essaient d’acquérir des avantages compétitifs face à la concurrence au niveau de la notoriété commerciale et en matière de technique de production et de gestion.

La Tunisie compte actuellement une vingtaine d’entreprises de fabrication de fromage. Cette activité a souffert au cours des dernières décennies de la faiblesse de la production du lait frais, acheté en priorité par les laiteries et les entreprises de fabrication de yaourt. L’augmentation de la production de lait frais prévue pour les prochaines années poserait le problème de la conservation de l’excédent de production. L’industrie de fabrication de fromages pourrait bénéficier de cet excédent et permettre une régulation économique. La fabrication de fromage offre des opportunités de partenariat pour améliorer et diversifier l’offre locale.

- Les firmes internationales intéressées par l’investissement en Tunisie
La capacité de production de beurre à partir du lait frais est estimée à 9.000 t/an. Le développement de la production et du traitement du lait fais par les nouvelles laiteries et les extensions des unités permettraient une couverture presque totale des besoins du pays en beurre.
Les formes envisageables de partenariat dans le secteur laitier concerneraient l’investissement direct, l’assistance technique, le marketing, l’acquisition d’équipements, la formation, etc. Des initiatives de partenariats ont été réalisées avec des firmes internationales. D’autres opportunités existent. Elles concernent l’élargissement des interventions des firmes déjà établies en Tunisie et l’introduction de nouvelles firmes internationales.

La production de boissons gazeuse est assurée par 15 grandes unités de marques internationales et une dizaine de petites unités de marques locales. Au cours des cinq dernières années, la production a été en moyenne de 2,7 millions d’hectolitres. La branche procure 3.000 emplois dont 2.000 permanents. Elles est dominée par trois entreprises travaillant avec des concessions de marques internationales et assurant près de 95% de la production. Le groupe SFBT détient près de 70% de cette capacité. Les grands groupes qui contrôlent la plus grande part du marché ont amené un réel savoir-faire en termes de process, de technologies performantes, de contrôle de qualité et de commercialisation.
La branche des eaux minérales et eaux de table compte une dizaine d’unités de conditionnement dont une totalement exportatrice. Elles exploitent des sources naturelles ou des forages dans les différentes régions du pays totalisant une production de près de 130 millions de litres. La branche offre 1.000 emplois dont 700 permanents. La capacité de production installée est de 300 millions de bouteilles/an. La branche connaît un taux de croissance de 12% par an.
La consommation est passée de 10 litres par personne et par an en 1992 à 16 litres en 1996. Cette hausse s’explique par l’arrivée sur le marché de la bouteille d’eau minérale en plastique. Les possibilités d’exploitation sur les marchés africains et les marchés limitrophes sont réelles moyennant des efforts promotionnels et des soutiens au niveau des tarifs de transport. En 1996, près de 7,7 millions de bouteilles ont été exportées vers l’Algérie et l’Afrique de l’Ouest. La production de sucre est assurée par deux unités de production de sucre blanc à partir de la betterave et par 3 unités de production de sucre aggloméré d’une capacité de 65.000 t/an utilisée à hauteur de 30%. Les besoins du marché domestique en sucre dépassent les 200.000t importées à hauteur de 90% avec un coût annuel en devises estimé à plus de 50M DT.
La branche de la chocolaterie et des confiseries compte environ 25 unités en activité disposant d’une capacité de production de plus de 45.000 t/an en confiserie, et 5.200 t en chocolaterie. La quasi-totalité de la production est destinée au marché local.
Aucun des grands groupes internationaux de la confiserie n’est encore installé en Tunisie.

- Le potentiel des fruits et légumes à l’export
En Tunisie, les cultures maraîchères occupent 3% des terres exploitées et 37% des périmètres irrigués.
La situation actuelle des cultures maraîchères en Tunisie montre que la plupart de ces produits servent à approvisionner le marché local et que l’exportation se fait à travers les produits de contre-saison. Les principales espèces exportées sont, en premier lieu, les légumes sous abris serres chauffés.
La moyenne des deux dernières années (2002-2003) des superficies cultivées sous abris serres chauffés ont atteint 100 hectares, et ce, sur un potentiel hydrique géothermal qui permet l’exploitation de 400 hectares.
Ces ressources sont concentrées principalement dans les régions du Sud tunisien : Gabès, Kébili, Tozeur et Nabeul. La moyenne de la production entre 2002 et 2004 a atteint 10.700 tonnes.
Par contre, les exportations en légumes frais produits sous abris serres chauffés n’ont pas dépassé les 2.000 tonnes.
Les tomates sont le premier produit exporté, elles représentent 80% des quantités.
Les cultures de plein champ, dont principalement la pomme de terre de consommation, ont augmenté de 3% par rapport à la campagne 2000-2001, et ce, en raison de l’extension des superficies dans les nouveaux périmètres irrigués.

La production de la pomme de terre est destinée essentiellement à l’approvisionnement du marché local de consommation, la satisfaction des besoins en semences locales pour la culture de pomme de terre d’arrière-saison et l’exportation (de la pomme de terre) issue des cultures d’arrière-saison et de primeurs.
Par ailleurs, «la fraise, dont les coûts de production sont relativement élevés, présente une inadéquation avec les variétés demandées à l’exportation».

Les exportations en légumes frais sont irrégulières. Cette irrégularité est due aux exportations de la pomme de terre qui sont faibles, fluctuantes et tributaires du volume de la production nationale qui dépend des conditions climatiques.

Les exportations en tomates sont presque constantes car la tomate tunisienne occupe la deuxième place après la tomate française, mais le prix de vente est supérieur à celui des concurrents, à savoir le Maroc et l’Espagne.
Les principales raisons qui freinent les exportations des légumes tunisiens :
- Tout d’abord, les quantités exportées en légumes frais sont irrégulières,
- Une insuffisance des producteurs spécialisés dans les produits destinés à l’exportation,

d’ou la volonté du Gouvernement de pousser à la création de Joint-Venture dans ce secteur d’avenir
- L’exportation est souvent tributaire des coûts de production et du transport élevés.
- Le manque de structures de collecte et de conditionnement;

Le Gouvernement table donc sur :
- une série de solutions dont la diversification des variétés à l’export,
- l’amélioration des techniques de production,
- la spécialisation des producteurs,
- l’adaptation aux nouvelles exigences des marchés européens
- la prospection de nouveaux marchés.

Le nécessaire élargissement sectoriel :
Les partenariats internationaux dans les IAA ne peuvent être circonscrits aux seules firmes agroalimentaires stricto sensu. Le partenaire étranger peut aussi bien être une firme ou un groupe de l’agroalimentaire ou une entreprise relevant d’un autre secteur d’activité mais concernée par le développement des IAA tunisiennes :
- groupes de distribution,
- équipementiers, logisticiens
- autres spécialistes du conditionnement et du contrôle qualité.

Aucun commentaire: